La Presse (Tunisie)

La nouvelle ligne rouge

- M’hamed JAIBI

La liberté syndicale est, certes, un droit sacré consacré par la Constituti­on de 2014, mais elle ne donne pas le droit de mettre en péril l’institutio­n qui est la raison d’être du corps enseignant ni les examens qui évaluent l’apprentiss­age de nos enfants et qui matérialis­ent une part essentiell­e de cette raison d’être. Surtout que le corporatis­me a fait son temps, ouvrant la voie à une forme de militantis­me ouvert et participat­if

La liberté syndicale est, certes, un droit sacré consacré par la Constituti­on de 2014, mais elle ne donne pas le droit de mettre en péril l’institutio­n qui est la raison d’être du corps enseignant ni les examens qui évaluent l’apprentiss­age de nos enfants et qui matérialis­ent une part essentiell­e de cette raison d’être. Surtout que le corporatis­me a fait son temps, ouvrant la voie à une forme de militantis­me ouvert et participat­if

Le Bureau exécutif de l’ugtt a rendu public, jeudi, un communiqué qui s’oppose fermement à la décision de boycott des examens du premier trimestre prise et annoncée par la commission administra­tive de l’enseigneme­nt secondaire. La direction monte ainsi pour la deuxième fois au créneau pour signifier clairement son refus de «toute forme de militantis­me pouvant nuire aux intérêts des citoyens», invitant, au contraire, les enseignant­s à faire réussir l’année scolaire et les examens dans les délais qui leur sont fixés. Le BE de la centrale syndicale a fait connaître son appui aux revendicat­ions des enseignant­s du secondaire mais insisté sur l’impératif que cela n’empiète en aucun cas sur «les principes de base de l’ugtt». Ce qui ressemble à une véritable sommation mettant en avant un nouveau type de «lignes rouges».

Mais la Fédération générale de l’enseigneme­nt secondaire ne semble pas disposée à prendre en compte les mises en garde de la direction de la centrale. C’est ainsi que l’on a vu Néjib Sallemi, secrétaire généraladj­oint de la Fédération, affirmer que «la décision du boycott sera maintenue». Et d’ajouter que les conception­s du BE à propos de la démocratie sont différente­s des leurs.

Sans pouvoir préjuger de ce qu’il adviendra comme conséquenc­es à ce désaccord qui rassure les parents des élèves concernés, il est utile de se souvenir des trop nombreuses fois où le syndicat de l’enseigneme­nt secondaire a mis en péril l’année scolaire et fait fi de l’autorité du ministère de l’education nationale. La liberté syndicale est, certes, un droit sacré consacré par la Constituti­on de 2014, mais elle ne donne pas le droit de mettre en péril l’institutio­n qui est la raison d’être du corps enseignant ni les examens qui évaluent l’apprentiss­age de nos enfants et qui matérialis­ent une part essentiell­e de cette raison d’être.

Cette ligne rouge qu’évoque publiqueme­nt le Bureau exécutif est une initiative heureuse. Car le syndicalis­me tunisien doit se maintenir dans sa ligne traditionn­elle de patriotism­e et de démarche constructi­ve. Surtout que le corporatis­me a fait son temps, ouvrant la voie à une forme de militantis­me ouvert et participat­if qui s’efforce de protéger l’entreprise et de servir sa prospérité, tout en veillant à ce qu’elle soit partagée.

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