Sans fumée et à moindres risques
Actuellement, les recherches tablent sur la conception de produits innovants permettant aux fumeurs obstinés de courir moins de risques. Un thème qui a été discuté lors de la 46e édition du Congrès médical maghrébin, les 9 et 10 novembre 2018 à Tunis
La recherche médicale au Maghreb est le thème central du 46e Congrès médical maghrébin organisé par la Société tunisienne des sciences médicales. Cette société a été créée depuis plus d’un siècle, en 1902, et constitue pour son président, Dr Mohamed Ridha Charfi, la fierté de la Tunisie, étant la plus ancienne au Maghreb et dans le monde arabe. Parmi les thèmes qui ont été débattus par ce congrès, la réduction des risques dans le tabac. Un thème qui attire l’attention du monde scientifique, étant donné les difficultés de convaincre les fumeurs à s’arrêter.
“Toutes les études ont montré que malgré tous les efforts et les investissements des sociétés et des structures savantes ainsi qu’une législation assez développée pour lutter contre le tabagisme, il est difficile de réduire à zéro ce risque. Pour cette raison, en parallèle avec cette politique, il y a une autre voie qui est très intéressante, qui consiste à réduire le risque”, a-t-il expliqué.
Réduction des composés nocifs
Cette voie a été développée par une entreprise internationale de tabac, Philip Morris International (PMI), et qui entend proposer des produits à moindres risques. Selon Dr Nuno Fazenda, manager des communications scientifiques et publiques au sein du département de recherche & développement de l’entreprise, il s’agit de développer un produit sans combustion et de vérifier que la quantité moyenne de composés nocifs est très réduite par rapport à la cigarette. La phase suivante consiste en la réalisation d’études toxicologiques pour confirmer que la réduction des émissions se traduit par une réduction de la toxicité. Dr Fazenda a également souligné que ces produits sont destinés aux fumeurs adultes qui n’arrivent pas à arrêter de fumer ou ne veulent pas le faire et non pas aux personnes qui ont cessé de fumer. Il a affirmé que l’entreprise travaille sur un portefeuille de produits afin de proposer plusieurs possibilités aux fumeurs qui veulent arrêter. Il cite le tabac chauffé de façon contrôlée pour qu’il contienne moins de 10% de composés toxiques, et aussi la nicotine sans tabac.
Etude sur plusieurs années
Ces produits sont déjà commercialisés dans 43 pays à travers le monde, dont une grande majorité en Asie, principalement au Japon et en Corée. Dr Fazenda a précisé qu’on compte 6 millions d’utilisateurs, dont 1 million en Europe. “La perception est très positive. Nous avons remarqué que lorsqu’un fumeur teste ou essaye le produit, le taux de rétention et d’utilisation exclusive du produit est très élevé. C’est encourageant”, a-t-il affirmé.
En outre, il a indiqué qu’il est important d’avoir un cadre réglementaire approprié pour la commercialisation de ce genre de produits puisqu’ils sont fondamentalement différents des produits classiques. Il a ajouté que l’entreprise est en train d’expliquer ces produits au monde scientifique et médical dans beaucoup de pays et les résultats scientifiques générés ainsi que le rôle qu’ils peuvent jouer dans le cadre d’une stratégie antitabac.
De son côté, Dr Charfi a indiqué que les effets du tabac sur la santé prennent plusieurs années pour être visibles, “cela est aussi valable pour la cigarette électronique », et demandent plus de recul pour saisir les avantages et les inconvénients. De même pour le tabac chauffé, plusieurs études ont montré qu’il est moins toxique parce qu’il ne dégage pas de fumée. Il réduit le risque. Mais le résultat réel, on ne le saura qu’après un certain délai”, a-t-il ajouté.