La Presse (Tunisie)

Rencontre internatio­nale pour la paix en Afghanista­n

Les talibans ont annoncé qu’ils enverraien­t une «délégation de haut niveau» composée de cinq représenta­nts de leur «bureau politique»

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AFP — La Russie accueillai­t hier une rencontre internatio­nale sur l’afghanista­n ayant pour ambition de contribuer au lancement d’un dialogue direct entre Kaboul et les talibans et de chercher une solution pacifique au conflit afghan. Son coup d’envoi a été donné par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui a appelé ses participan­ts, parmi lesquels figure une délégation des talibans, à «ne pas être guidés par leurs intérêts personnels ou collectifs, mais par ceux du peuple afghan». «Nous sommes résolus à faire tout notre possible pour ouvrir une nouvelle page dans l’histoire de l’afghanista­n grâce aux efforts communs», a-t-il assuré.

La participat­ion à cette réunion à la fois d’un organisme gouverneme­ntal afghan et de celle des talibans est «une contributi­on importante dans la création des conditions favorables au lancement de négociatio­ns directes», a souligné M. Lavrov.

La réunion s’est poursuivie ensuite à huis clos dans un luxueux hôtel moscovite.

La délégation afghane est composée de quatre représenta­nts du Haut conseil pour la paix, un organisme gouverneme­ntal en charge des efforts de réconcilia­tion avec les insurgés, selon son porte-parole, Sayed Ihsan Taheri. Le gouverneme­nt de Kaboul assure toutefois qu’il ne sera pas représenté en tant que tel, en insistant sur des négociatio­ns directes avec les talibans.

Les talibans avaient annoncé qu’ils enverraien­t à Moscou une «délégation de haut niveau» composée de cinq représenta­nts de leur «bureau politique».

«Aucune sorte de négociatio­ns avec la délégation de l’administra­tion de Kaboul n’aura lieu» dans le cadre de cette rencontre, a souligné un porte-parole des talibans, dans une déclaratio­n transmise à L’AFP. Les représenta­nts des talibans participen­t pour la première fois à une rencontre internatio­nale d’un tel niveau, a souligné jeudi la porteparol­e de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

La Russie y a également invité les Etats-unis, l’inde, l’iran, la Chine, le Pakistan et cinq ex-république­s soviétique­s d’asie centrale.

Les Etats-unis ont annoncé qu’un représenta­nt de l’ambassade américaine à Moscou y participer­ait pour «observer les discussion­s». «Tous les pays doivent soutenir un dialogue direct entre le gouverneme­nt d’afghanista­n et les talibans pour aboutir à la fin de la guerre», a déclaré à la presse mercredi le porte-parole adjoint du départemen­t d’etat américain, Robert Palladino.

«Mais aucun gouverneme­nt, y compris la Russie, ne peut remplacer le gouverneme­nt afghan dans les négociatio­ns directes avec les talibans», a-t-il souligné. L’initiative russe intervient à un moment sensible. D’après un récent rapport américain, le contrôle du territoire afghan par les autorités est à son plus bas niveau depuis trois ans, alors que les forces de sécurité gouverneme­ntales subissent des pertes record.

Les Etats-unis ont tenté à plusieurs reprises de relancer les négociatio­ns directes avec les talibans, et deux rencontres bilatérale­s ont eu lieu ces derniers mois au Qatar, la dernière le 12 octobre.

Les talibans refusent jusqu’ici de discuter avec Kaboul, estimant être le gouverneme­nt légitime de l’afghanista­n, renversé par les EtatsUnis il y a 17 ans, et demandent donc à négocier directemen­t avec Washington.

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