La dimension mondiale, méritoirement
L’EST a magistralement renversé la vapeur devant Al Ahly d’egypte en lui arrachant la couronne africaine après son avantage controversé (3-1) d’alexandrie. La large victoire (3-0) des «Sang et Or» prouve qu’ils sont les plus forts du continent africain dont ils seront les dignes ambassadeurs au Mondial des clubs.
C’est l’espérance Sportive de Tunis qui se rendra aux Emirats arabes unis, en décembre, pour représenter l’afrique, à la Coupe du monde des clubs avec l’espoir de faire aussi bien que le TP Mazembe ou le Raja de Casablanca, finalistes en 2010 et 2013.
Depuis la fin de la rencontre qui a eu lieu au «Borj El Arab», suite aux regrettables péripéties qui ont émaillé cette rencontre, et surtout aux prétentions manifestées par Al Ahly, le pays était au bord de l’implosion. Il fallait vite boucler cette semaine et jouer ce match retour. Tout était devenu secondaire. Il fallait en finir et mettre un terme à cette polémique qui s’est enflammée, au point de voir les autorités responsables des deux pays mettre en garde les supporters, mais néanmoins citoyens de deux pays frères, qu’on ne devrait pas se «faire la guerre» pour un match de football. Ces dépassements, il faudrait le reconnaître, font partie du décor à chaque fois que les équipes égyptiennes et tunisiennes sont en cause. Nos amis égyptiens sont particulièrement chatouilleux sur tout ce qui touche à leur équipe fétiche. Pour eux tout simplement, Al Ahly n’a pas son pareil. Il n’a même pas d’ombre et est seul au monde. C’est ainsi.
Loin d’être une science exacte !
Mais… tout le monde a oublié que le football est loin d’être une science exacte. Et on a beau prendre ses précautions, assurer un milieu ambiant entretenu par une campagne particulièrement véloce et une mise en condition appropriée à l’événement, il fallait compter sur la réaction des Tunisiens. Un adversaire que les Egyptiens, en dépit d’une arrogance débordante, toute sportive il est vrai, craignaient. Les Tunisiens sont réputés accrocheurs et difficiles à réduire et les événements l’ont traduit dans les faits, à l’occasion de toutes les confrontations qui ont opposé les représentants des deux pays.
Une équipe mentalement au point
Il était à craindre que les choses allaient se retourner contre le champion d’egypte qui n’a pas pourtant lésiné sur les moyens pour influencer, introduire le doute et surtout impressionner par ce qu’il représente historiquement pour le football africain.
Tout cela, c’était sans compter sur l’irascibilité des équipes tunisiennes lorsqu’elles veulent s’y mettre. D’ailleurs, Al Ahly a déjà perdu contre le Club Africain à l’occasion d’un tournoi organisé en Arabie saoudite à El Assir par (0-4) dans les années 2002/2003. Il vient d’en encaisser encore trois contre le champion tunisien qui a complètement bouleversé toutes les données et repoussé pour un bon bout de temps cette prétention d’être le meilleur. Al Ahly avait en face de lui l’équipe tunisienne la plus structurée, la mieux organisée et qui a derrière elle, non pas son seul public, mais bien tout un pays. Pour ce match, préparé dans une ambiance exceptionnelle, le ciel a promis de trembler. Et cela a tangué aussi bien en Egypte qu’en Tunisie où les fans des deux bords ont tout organisé pour le sacre final.
Quiétude et valeurs universelles du sport
Nous avons choisi de prêter plus d’attention à ce qui se passe justement chez nos adversaires, mais néanmoins frères et amis, en dépit des débordements compréhensibles qui viennent de temps à autres déranger la quiétude de ceux qui croient en ces valeurs universelles du sport. Heureusement ils sont peu nombreux et ces montées de fièvre ne sont que passagères. Les déclarations d’après-match ont été empreintes d’amertumes et de regrets. Cela est compréhensible. Des milliers et des milliers de fans s’étaient rassemblés dans les vastes espaces entourant la zone qui abrite le club cairote. Toutes les places, et elles sont monumentales, ont posé des écrans géants et bien entendu dans les cafés, les salons d’hôtels et au bord de certaines plages, il y avait un monde fou. Les marchands de pâtisseries ont stocké une quantité de produits dépassant la moyenne en vue de les écouler au terme d’une soirée qui allait se prolonger jusqu’au matin.
Et la terre a tremblé
Oui, elle a tremblé juste avant la mi-temps sur un but assassin de Beguir. Ce lutin, il y a quelques mois, était pourchassé par l’ire de ceux qui ne trouvaient pas mieux que de provoquer quelques remous pour gêner ceux qui étaient aux commandes du club tunisois. C’est le cas d’ailleurs de Yâakoubi, un défenseur revenu et que l’on a recruté «parce qu’il était proche de Khaled Ben Yahia». Rien que cela, et on n’a pas trouvé mieux. Eh bien, ces deux joueurs ont prouvé qu’ils avaient non seulement leur place, mais aussi qu’ils ont été à la base de ce sacre africain. L’un a été décisif pour cadenasser la défense tout en livrant un match héroïque et l’autre, auteur d’un doublé a remis complètement en selle son équipe, lui ouvrant les portes d’une consécration amplement méritée.
Pour l’espérance, il fallait avant tout rendre étanche son arrière-garde. Sa charnière centrale bouleversée par l’absence de Dhaouadi, le rôle de Yacoubi était particulièrement difficile. Il s’en est tiré et a même été impliqué dans la réussite globale du système mis en place pour que les centraux favorisent les joueurs du milieu qui jouaient le rôle de pistons au gros volume de jeu, à l’effet de réduire les espaces et reconquérir les ballons perdus. L’implication de tous les joueurs dans les tâches défensives et le soutien au porteur du ballon ont été les impondérables de l’équipe tunisienne qui a complètement étouffé les velléités égyptiennes.
L’équipe type des déceptions
Al Ahly, pour tout résumer, a été surprise par la vélocité des joueurs tunisiens. Les déclarations et les avis des fans de l’équipe cairote ont estimé que les «Tunisiens ont été trop brutaux dans leur jeu». Façon d’insinuer que l’arbitre n’a pas été à la hauteur et qu’il a toléré le jeu dur. Difficile de le croire du fait que cela s’est passé sous les yeux attentifs et admiratifs de l’ambiance du président de la Fifa et de la CAF. Le système VAR n’a pas été sollicité. Les Ahlaouis ont sans aucun doute mal géré mentalement leur atout. Ces deux buts d’avance leur ont joué un mauvais tour, étant donné que leur subconscient leur imposait la prudence pour préserver cet avantage.
Mal préparée psychologiquement, débordée par la vélocité des Tunisiens, sans doute influencée par l’ambiance phénoménale d’un Radès en ébullition, elle fut tout simplement l’équipe type des déceptions.
Impossible n’est pas tunisien
C’est ce qu’a déclaré M. Youssef Chahed en remettant la coupe au capitaine espérantiste. Et cela a été vrai.
Les soixante mille spectateurs du stade de Radès ne sont rien par rapport au nombre de citoyens de toutes les couleurs sportives qui ont envahi les rues de toutes les villes tunisiennes pour fêter ce sacre. Tout s’est très bien passé, en dépit de l’incident malheureux dû à un soûlard. Le service d’ordre a été parfait.
L’entraîneur d’al Ahly a bien vu qu’en Tunisie il n’avait pas besoin d’une protection personnelle spéciale et ses remerciements pour l’accueil ont un tant soit peu atténué les reproches qui lui ont été faites au terme de la rencontre jouée au Caire. Il remportera de Tunisie un agréable souvenir de son séjour. Ainsi donc, ce sera l’espérance qui se rendra aux Emirats arabes unis, en décembre, pour représenter l’afrique, à la Coupe du monde des clubs avec l’espoir de faire aussi bien que le TP Mazembe ou le Raja de Casablanca, finalistes en 2010 et 2013.