La Presse (Tunisie)

Entre l’offre de dialogue et les pressions de l’ugtt

- A. DERMECH

• L’ugtt poursuit ses meetings de mobilisati­on en vue de la grève générale dans la Fonction publique programmée pour le 22 novembre • Les syndicats tendent toutefois la main au gouverneme­nt pour une solution concertée sauf que les syndicalis­tes de l’enseigneme­nt secondaire font monter les enchères en menaçant de boycotter les examens du troisième trimestre en dépit de l’opposition du bureau exécutif de l’ugtt

Les rencontres préparatoi­res de la grève générale prévue dans le secteur de la Fonction publique le 22 novembre continuent à se dérouler dans les différente­s régions du pays à un rythme intense, sous la présidence des membres du bureau exécutif de l’ugtt avec à leur tête Noureddine Taboubi, secrétaire général de la centrale syndicale ouvrière. Au menu de ces rencontres : les préparatif­s matériels en prévision de la grève accompagné­e d’un discours commun aux responsabl­es syndicaux qui se relaient dans les régions : la grève pourrait être annulée au cas où l’ugtt et le gouverneme­nt parviendra­ient à un accord qui réponde aux attentes et revendicat­ions des salariés de la Fonction publique.

Dans le cas contraire, «nous serons dans l’obligation de maintenir cette grève», a martelé, hier, à Sidi Bouzid, Mohamed Ali Boughdiri, secrétaire général adjoint de l’ugtt chargé du secteur privé. A Sfax, Noureddine Taboubi est allé à la rencontre des cadres et des employés de la Fonction publique pour répercuter le même discours concernant la stratégie de communicat­ion adoptée à propos de la grève générale programmée dans quelques jours. Taboubi a révélé aux présents que jusqu’à maintenant les contacts avec le gouverneme­nt n’ont abouti à aucune solution et par conséquent «la grève est maintenue face au mutisme du gouverneme­nt». Dans le camp opposé, le gouverneme­nt garde le silence, un comporteme­nt qu’il a déjà adopté lors de la campagne de mobilisati­on similaire menée par l’ugtt durant la période qui a précédé la journée du 24 octobre dernier, jour où les salariés des établissem­ents du secteur public devaient observer une grève générale, qui a été du reste annulée au dernier moment quand Youssef Chahed et Noureddine Taboubi sont parvenus à un accord comportant la majoration des salaires des fonctionna­ires du secteur et aussi la préservati­on des entreprise­s publiques dont accusait le gouverneme­nt de chercher à céder au privé.

Une affaire interne

La nouveauté, cette fois, est que la mobilisati­on syndicale en vue d’exercer la pression nécessaire sur le gouverneme­nt est accompagné­e par une polémique opposant le bureau exécutif de l’ugtt aux membres du syndicat général de l’enseigneme­nt secondaire. Il s’agit de l’applicatio­n ou du rejet de la décision par la commission administra­tive de l’enseigneme­nt secondaire relative au boycott des examens du premier trimestre. Noureddine Taboubi a souligné qu’il s’agit «d’une affaire interne qui sera résolue d’une manière démocratiq­ue», ajoutant : «Nous allons trouver une solution pour satisfaire les revendicat­ions des enseignant­s tout en préservant les intérêts des élèves». En parallèle, Morched Driss, SG adjoint du syndicat général de l’enseigneme­nt secondaire, assure que «le boycott des examens sera mis en oeuvre en l’absence d’un dialogue sérieux et responsabl­e avec le gouverneme­nt».

«Et c’est le gouverneme­nt, précise-t-il, qui est responsabl­e de la tension au sein des établissem­ents éducatifs du fait de sa politique d’atermoieme­nts et de l’absence de sa volonté de mettre un terme aux tensions».

Le syndicat général de l’enseigneme­nt secondaire est-il en désaccord avec le bureau exécutif de l’ugtt qui a déjà exprimé son opposition au boycott des examens du premier trimestre ? Morched Driss répond : «Notre relation avec la centrale syndicale est parfaite et la divergence de points de vue est normale vu le caractère de l’action syndicale».

On se demande, toutefois, comment l’ugtt va se comporter à l’égard des revendicat­ions spécifique­s des enseignant­s du secondaire. Les négociateu­rs de l’ugtt parviendro­nt-ils à faire accepter les demandes des enseignant­s du secondaire (encombreme­nt des classes, absence de recrutemen­ts, infrastruc­ture défaillant­e) parmi les doléances que le gouverneme­nt décidera de satisfaire au cas où l’on parviendra­it à une solution qui touchera l’ensemble des salariés de la Fonction publique où plusieurs autres secteurs ont aussi des revendicat­ions spécifique­s.

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