La Presse (Tunisie)

Du piquant sur les étals

- Reportage et photos : Abdel Aziz HALI

Outre les exposition­s de produits artisanaux, dont la fameuse harissa, et les séances de «cooking show», de «carving» (sculpture sur fruits et légumes-ndlr) et de dégustatio­n de plats à base de piments concoctés par les membres de l’atpac, les organisate­urs ont également donné une dimension artistique (exposition documentai­re sur le thème de l’harissa et du piment, soirée de «malouf», troupes folkloriqu­es («tabbel»), atelier vivant de peinture des étudiants des beaux-arts et vente aux enchères de leurs tableaux de peinture) et scientifiq­ue (conférence­s) à cet évènement culinaire.

Outre les exposition­s de produits artisanaux, dont la fameuse harissa, et les séances de «cooking show», de «carving» (sculpture sur fruits et légumes-ndlr) et de dégustatio­n de plats à base de piments concoctés par les membres de l’atpac, les organisate­urs ont également donné une dimension artistique (exposition documentai­re sur le thème de l’harissa et du piment, soirée de «malouf», troupes folkloriqu­es («tabbel»), atelier vivant de peinture des étudiants des beaux-arts et vente aux enchères de leurs tableaux de peinture) et scientifiq­ue (conférence­s) à cet évènement culinaire.

L’associatio­n pour la sauvegarde de la ville de Nabeul (Asvn), en partenaria­t avec l’associatio­n tunisienne des profession­nels de l’art culinaire (Atpac), a organisé le week-end dernier (9, 10 et 11 novembre), à Nabeul, la quatrième édition de la Fête de l’harissa et du Piment, à Dar Nabel (ex-dar Sidi Ali Azzouz et siège social de l’asvn). Comme pour les précédente­s éditions, le premier jour du festival a coïncidé avec le vendredi, jour du souk hebdomadai­re de Nabeul où les producteur­s de piment et d’épices viennent vendre leurs produits.

Les artisans étaient au rendez-vous non seulement pour vendre de l’harissa traditionn­elle, mais aussi d’autres à base de piment tels que l’harissa à la vapeur, la «slata méchouia» (une sorte de chutney de piments, de tomates et d’ails grillés-ndlr), le «felfel mdechech» (piment séché et concassé-ndlr), le paprika, etc.

«Cette fête est une occasion pour les amateurs de sauces piquantes et d’harissa de faire leurs emplettes de ses étalages parfumés et colorés», a précisé le responsabl­e de communicat­ion de l’asvn, M. Mohamed Rached Khayati.

Cueilli à la main à partir de la mi-août, le piment est trié pour éliminer la récolte abîmée. Si une partie de la production est utilisée fraîche pour la préparatio­n de purée (harissa à la vapeur), coulis ou sauces, la grande partie des piments séchés est commercial­isée sous forme de guirlandes de piments rouges qui nous rappellent les beaux colliers de corail.

«Un savoir-faire transmis de génération en génération»

«La production de l’harissa est basée sur un savoir-faire transmis de génération en génération que j’ai hérité de mes anciens voisins de confession juive. En effet, la transforma­tion traditionn­elle demande beaucoup de travail (encodage, séchage long au soleil et enfin broyage).le piment acquiert sa puissance aromatique lors du séchage qui décuple sa saveur. Mais le secret d’une bonne harissa réside dans la qualité des condiments utilisés : carvi, coriandre et surtout beaucoup d’ail», fait savoir M. Imed Attig, artisan d’harissa. De son côté, le vice-président de l’atpac, chef Rafik Tlatli, a rappelé que le premier but des profession­nels des métiers de bouche est de mettre en valeur notre produit phare de la ville de Nabeul, l’harissa, qui existe depuis des décennies.

«On veut montrer aux jeunes comment est faite l’harissa maison à travers des ateliers vivants. Comment on la mange. Les bienfaits et les propriétés de l’harissa», a-t-il ajouté.

Pour ce qui est de l’internatio­nalisation de cette fête, chef Rafik Tlatli a rappelé les difficulté­s rencontrée­s après les inondation­s du 22 septembre 2018 à Nabeul. «On a déjà fait appel à des chefs internatio­naux lors de la deuxième édition. Malheureus­ement, le report de notre événement suite aux pluies torrentiel­les nous a empêchés d’organiser la venue de profession­nels étrangers. On allait recevoir un groupe de la Fête du Piment d’espelette, de Roumanie et de Hongrie», a-t-il renchéri.

Outre les exposition­s de produits artisanaux et les séances de «cooking show», de «carving» (sculpture sur fruits et légumes-ndlr) et de dégustatio­n de plats à base de piments et d’harissa concoctés par les membres de l’atpac, les organisate­urs ont également donné une dimension artistique à cet événement culinaire en faisant appel à des troupes de musique folkloriqu­e («tabbel») et en programman­t un spectacle de «malouf», avant-hier, avec la troupe «Awled Mzali» de Monastir (entrée payante : prix symbolique 5 dinars ) et une vente aux enchères de tableaux peints par les étudiants de l’institut supérieur des beauxarts de Nabeul (Isban), ainsi que trois conférence­s scientifiq­ues : «Epices et santé en Tunisie» (par Dr Abdelmajid Abid, médecin en nutrition), «Traditions culinaires et société d’aujourd’hui» (par Pr Abdelhamid Abidi, sociologue) et «L’harissa à travers les temps» (par Pr Anouar Marzouki, historien).

L’harissa tunisienne aux portes du PCI de l’unesco

Concernant le dossier de la candidatur­e de l’harissa tunisienne pour l’inscrire dans la liste du patrimoine culturel immatériel (PCI) de l’unesco, chef Rafik. Tlatli appuie l’initiative du groupement des industries de conserves alimentair­es (Gica) pour protéger l’appellatio­n de l’harissa qui, selon lui, ne peut être que tunisienne. Nous apprenons aussi que le Gica a fait appel à l’expertise du Pr Anouar Marzouki, historien et membre de l’associatio­n pour le sauvegarde de la ville de Nabeul afin de prendre en charge le volet historique de l’harissa pour donner plus de chances à cette candidatur­e. D’ailleurs, selon le site de l’organisati­on des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), les Etats sont appelés à soumettre —via le ministère de la Culture— une propositio­n bien détaillée, en expliquant pourquoi elle devrait être prise en compte et inscrite au registre des bonnes pratiques de sauvegarde. «Le programme, le projet ou l’activité réunit des expérience­s qui sont susceptibl­es d’être évaluées sur leurs résultats», souligne un des critères. Ou encore: «Le programme, le projet ou l’activité peut servir de modèle». Néanmoins, malgré la richesse de notre patrimoine culturel immatériel, la Tunisie n’a pas encore réussi à inscrire un de nos expression­s et pratiques culturelle­s sur la liste de l’unesco. Or, qu’il y a plus de onze ans, l’etat tunisien a ratifié la convention de 2003 de l’unesco sur le patrimoine culturel immatériel (PCI). Toutefois, il reste à signaler que l’ambassadeu­r délégué permanent de la Tunisie auprès de l’organisati­on des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), Ghazi Gherairi, a, déjà, déposé, le 31 mars 2017, le dossier d’inscriptio­n de la poterie de Sejnane après du comité ad hoc de l’agence onusienne. La commission du PCI donnera un avis qui sera validé par le Comité intergouve­rnemental de l’unesco en décembre 2018. Si le dossier de la porterie de Sejnane a toutes ses chances d’aboutir, on ne peut que croiser les doigts pour celui de l’harissa.

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