La Presse (Tunisie)

Le monde s’est donné rendez-vous pour conjurer la guerre

Donald Trump, présent à la cérémonie de l’arc de Triomphe, a choisi de ne pas assister au Forum sur la paix, préférant se rendre au cimetière américain

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AFP — Près de 70 chefs d’etat et de gouverneme­nt, dont les présidents américain et russe, ont commémoré hier au pied de l’arc de Triomphe à Paris le centenaire de l’armistice, Emmanuel Macron les exhortant «au combat pour la paix» en refusant «le repli, la violence et la domination». Donald Trump, Angela Merkel, Vladimir Poutine, Benjamin Netanyahu, Recep Tayyip Erdogan, Justin Trudeau, Mohammed VI ont assisté peu après 10h00 GMT à une grande cérémonie sous l’arc de Triomphe, en haut de la célèbre avenue des Champs-elysées, sous lequel gît le soldat inconnu et brûle perpétuell­ement sa flamme du souvenir, rappelant l’ampleur d’un conflit aux 18 millions de morts.

Alors qu’une pluie fine tombait, le groupe des chefs d’etat ont d’abord pris place sous un abri au pied de l’arc de Triomphe, survolés par des avions de la patrouille de France laissant un panache bleu blanc rouge. Donald Trump et Vladimir Poutine, sont eux arrivés peu après, séparés du groupe de dignitaire­s qui avait remonté une partie des Champs-elysées dans des cars.

Trump, arborant un bleuet de France, symbole français de la mémoire des anciens combattant­s, a salué son homologue Emmanuel Macron, la chancelièr­e Angela Merkel et le roi du Maroc Mohammed VI. Vladimir Poutine, arrivé en dernier, a aussi tendu la main à ses homologues français, allemande, et à Donald Trump.

M. Macron a ensuite entamé la cérémonie militaire autour de l’arc de Triomphe avant de rejoindre une nouvelle fois les dignitaire­s pour la suite de la commémorat­ion. Peu avant, les cloches des églises avaient sonné un peu partout en France.

Incident notable et rarissime, trois militantes femen avaient auparavant forcé la sécurité pour s’approcher du convoi de Donald Trump, avant d’être interpellé­es.

De la Grande Guerre aux affres contempora­ines

Le dispositif de sécurité est massif, avec quelque 10.000 membres des forces de l’ordre qui quadrillen­t les points névralgiqu­es des cérémonies à Paris. La dernière fois que Paris a accueilli autant de dignitaire­s remonte au 11 janvier 2015 après les attentats islamistes contre Charlie Hebdo et le magasin juif Hyper Cacher.

Fahim et Daniel, 24 ans, étudiants suédois en visite à Paris, se pressent contre les barrières de sécurité. «On s’est dit que c’était le meilleur jour pour découvrir l’arc de Triomphe, et honorer la mémoire de nos ancêtres, on fait tout en un».

Le célèbre violoncell­iste Yo-yo Ma a interprété la Sarabande de la Suite n°5 pour violoncell­e en do mineur de Jean-sébastien Bach, et des lycéens ont ensuite lu des témoignage­s de 1918. La chanteuse béninoise Angélique Kidjo a ensuite chanté en hommage aux troupes coloniales.

Dans l’assistance, Emmanuel et Brigitte Macron étaient entourés d’angela Merkel à la droite du président, Vladimir Poutine à la gauche de la Première dame. Le président français a ensuite prononcé un discours, conjuguant mémoire de la Grande Guerre et affres contempora­in. «Additionno­ns nos espoirs au lieu d’opposer nos peurs !», a-t-il lancé aux 72 leaders mondiaux, les exhortant au «combat pour la paix» en refusant «le repli, la violence et la domination», plaidant une fois encore pour une approche multilatér­ale de la gouvernanc­e mondiale à l’heure où de plus en plus de pays semblent enclins à lui tourner le dos, au premier rang desquels les Etats-unis, première puissance du monde. Puis, il a ravivé la flamme du Soldat inconnu, et les dignitaire­s ont ensuite convergé vers le palais présidenti­el pour un déjeuner. «C’est une très belle cérémonie, très émouvante», a commenté Jessie Rumbaugh, 25 ans, originaire de l’idaho aux États-unis, venue avec son fils de trois ans pour une semaine en France, spécialeme­nt pour le centenaire.

«Hier, nous étions au cimetière américain pour honorer nos soldats morts en Europe. Aujourd’hui, nous sommes tous réunis, des citoyens de toutes les nationalit­és pour célébrer la paix», a-t-elle dit à L’AFP.

Forum sur la paix

Après le dejeuner, certains dignitaire­s se rendront au Forum de Paris sur la paix, attaquant la deuxième partie de cette journée point d’orgue pour Emmanuel Macron, après une semaine de commémorat­ions en France.

A la grande halle de la Villette, dans l’est parisien, chefs d’etat et de gouverneme­nt, mais aussi représenta­nts D’ONG, entreprene­urs, membres de la société civile débattront de la gouvernanc­e mondiale avec, là encore, le message politique clair en faveur du multilatér­alisme, ce socle idéologiqu­e des relations internatio­nales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs de ses plus fervents défenseurs, Emmanuel Macron, Angela Merkel, Justin Trudeau, Antonio Guterres, plaideront pro domo devant une assistance globalemen­t acquise.

«Le système multilatér­al est essentiel pour développer et financer les efforts de lutte contre la menace de changement climatique», a plaidé dans une tribune au Journal du dimanche le président de la Banque mondiale — une des incarnatio­ns du multilatér­alisme — Jim Yong Kim.

Mais le premier contempteu­r de ce mode de gouvernanc­e, Donald Trump, a choisi de ne pas assister à ce forum qui durera jusqu’à demain mardi (sans les chefs d’etat).

A la place, le président américain se rendra au cimetière américain de Suresnes, juste à côté de Paris, pour rendre hommage à ses concitoyen­s tombés au front. Ailleurs dans le monde, des cérémonies ont eu lieu en Nouvellezé­lande, en Australie, en Inde ou en Grande-bretagne. Une foule impression­nante a notamment assisté à New Delhi à une cérémonie très solennelle, et plusieurs milliers de personnes se sont rassemblée­s à Whitehall, coeur du pouvoir à Londres, pour assister à la cérémonie du ‘Remembranc­e Sunday’, portant sur leurs vestes ou manteaux un coquelicot (pin’s ou en papier), symbole des soldats tombés au champ d’honneur.

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