Souvenirs, Souvenirs… «Le Mondial du Japon en 1999, un moment inoubliable…»
C’est l’enfant d’hammam-lif où il a connu l’abc du volley-ball. Pour passer par la suite à L’EST où il a connu un franc succès et pour réaliser, avec la sélection, un parcours rayonnant. Il n’oubliera pas ses prouesses au Mondial 1999 au Japon. Il aurait pu connaître davantage de succès, s’il avait débarqué dans un club professionnel européen, mais cela n’a pas été le cas. Baghdadi est un joueur-clef du volley tunisien. Sa foi, sa persévérance et son enthousiasme lui ont permis de réussir malgré les contretemps.
C'est le volleyeur star de plus d'une décennie collectionnant les titres, les honneurs et les trophées de meilleur joueur, meilleur marqueur et meilleur attaquant.
Tous ceux qui l'ont approché avaient été impressionnés par son abnégation et savaient combien il était soucieux de mener à bien son rôle sur le parquet. Et à chacune des missions en tant qu'entraîneur qui lui étaient confiées, il n'a jamais failli à ses devoirs. Mohamed Baghdadi, 43 ans, un joueur dynamique avec un bras droit précis et dévastateur en attaque.
«J'ai appris les notions du volley-ball au CSHL et sur des bases solides. Je reste reconnaissant à des hommes ayant le sens de dévouement et de responsabilité et hautement qualifiés en matière de formation, à l'instar des feus Mourad Messaï et Abderrazak Zalouz, Rachid Baccouchi, Mondher Jelassi et Ahmed Azzabi alors que mon émergence et le déclic avaient eu lieu avec l'avènement de l'entraîneur Naceur Ben Othman». Baghdadi garde dans sa mémoire deux faits importants qui se sont répercutés sur sa carrière. Le premier remonte à son premier match avec les seniors du CSHL face à L'EST à Mégrine ; pourtant, il était dans sa deuxième année, catégorie cadette. «Messaï a tenu bon pour ma titularisation malgré le refus de l'entourage du club. Heureusement, j'ai été à la hauteur de sa confiance tout en recueillant tous les suffrages.
Le deuxième fait a eu lieu lors de la rencontre CSHL-CA. Lors d'un accrochage avec Rached Ben Krid, le capitaine clubiste, le légendaire Rachid Boussarsar, est intervenu pour me dire : «Si tu veux réussir, tu dois être avant tout discipliné, correct et ambitieux. En volleyball pas de place pour celui qui se comporte mal sur le terrain ou ailleurs. Ce conseil m'a beaucoup secoué».
Que d’éclats à l’espérance !
Avec son énorme potentiel et son allure tonique, Mohamed Baghdadi et ses équipiers de l'espérance de Tunis ont fait un tabac dans les divers stades du pays. Répondant aux grondements et aux acclamations des spectateurs, Baghdadi a prouvé qu'il était non seulement un excellent joueur, mais qu'il était également capable de soutenir son équipe, de fêter ses succès et de partager sa déception lorsque ça ne marchait pas. Il a toujours pris le temps de saluer la foule et de la remercier pour son soutien après chaque rencontre.
«Je suis persuadé que le courage de l'équipe et son désir de faire mieux, ainsi que la présence de joueurs tels que Ghazi Guidara, Atef Loukil, Khaled Belaïd et l'enthousiasme et la passion des supporters ont contribué aux performances réalisées sur tous les plans.
Oui, de 1995 à 2000 particulièrement, ce fut l'une des pages dorées de L'EST. J'ai beaucoup d'estime, de la considération et du respect pour le public, pour toute la famille espérantiste, et aussi pour le milieu sportif. J'ai les larmes aux yeux quand petits, jeunes et grands me tendent la main. Quelqu'un m'a dit : vous êtes un ambassadeur modèle pour le volley-ball national et une inspiration pour les jeunes joueurs qui essaient d'arriver au même niveau».
L’explosion au Japon
Le moment de s'éclater est venu pour Baghdadi en Coupe du monde 1999 au Japon. Il a fait preuve tout au long du parcours d'une efficacité exceptionnelle. Il a suffi qu'il se hisse à son niveau pour que la machine tunisienne carbure. Elu meilleur joueur des rencontres face aux USA, Cuba et Japon, puis 10e meilleur joueur du monde juste avant le monstre brésilien Giba, il dit : «C'était un grand honneur et une immense joie. Je me rappelle de ce que j'ai dit avant la Coupe du monde, notre équipe ne se compose pas seulement de Baghdadi. J'ai certes joué un rôle capital, et j'ai assurément été l'âme de l'ensemble tunisien, mais mes coéquipiers ont eux aussi donné le meilleur d'eux-mêmes. Nous avons réalisé des matches de haute tenue, notamment face aux géants : le Brésil, les USA, Cuba et devant l'équipe hôte».
Offres refusées
Bien entendu après l'éclat de l'étoile de Baghdadi dans le ciel japonais, les offres alléchantes ne manquaient pas, «les contacts ne cessaient de se multiplier avec le club espagnol de Barcelone prêt à m'engager pour un montant de cinq cent mille dollars, le même de la part d'al Hilal Assaoudi, un peu moins du club italien Bari, de l'équipe championne du Japon et celle du Brésil». Des opportunités sans précédent ont été refusées par le président de L'EST à l'époque, Slim Chiboub, je ne le lui reproche pas parce que mon départ allait engendrer un grand vide d'autant que certaines échéances importantes attendaient l'équipe. Deux ans après, le président de L'EST m'a dit : «Si tu as une offre, tu peux partir !» Baghdadi a répondu tout de suite à l'appel de la Saydia. Là, il a, passé quatre ans couronnés par une coupe d'afrique, une coupe de Tunisie et un championnat. «Au cours de cette période, j'ai été sollicité par le club français de Poitiers. J'ai fixé un rendez-vous avec certains des représentants de ce club dans un restaurant à la banlieue nord.
Par coïncidence,jacob Antonio, le sélectionneur national présent, a vite anticipé l'affaire qui a connu un mauvais sort. J'ai la certitude qu'il était derrière l'échec du transfert». Après la Saydia, Baghdadi a pris la destination du Koweït. Il a remporté le titre de champion national avec «El Jahra», le premier dans l'histoire de ce club. Puis il a évolué au sein d'al Arabi Al Koweïti. Au cours de son séjour, il s'est confronté à une situation surprenante. Il a été interpellé par Interpol pour un dossier judiciaire relatif aux incidents de la finale du tournoi qualificatif aux Olympiades de Sydney 2000. «Les interventions des Koweïtiens à haut niveau ont abouti, à condition de quitter le pays dès l'expiration de la période de mon contrat et d'aller directement en Egypte pour me présenter devant les autorités concernées. Chose faite. Là, au Caire, j'ai passé des jours difficiles, puis j'ai été libéré et rétabli dans mes droits. Je n'oublierai jamais le soutien énorme de Slim Chiboub, de Amrou Alouani, le président actuel de la Cavb, et du célèbre chanteur Lotfi Bouchnaq qui était au Caire pour un gala. Et je dénonce la position ambiguë du président de la Ftvb de l'époque, Mounir Ben Selimène, qui m'a tourné le dos».
Les malheurs de Baghdadi n'allaient pas s'arrêter là. Il insiste sur le fait qu'il a beaucoup servi le volley-ball national avec une riche contribution de l'éclat de la Tunisie sur la scène mondiale, africaine et arabe. Ses acquis sur le plan matériel sont en deçà de ce qu'il a fourni. Il ne mène pas la belle vie. «J'ai été a renvoyé de mon poste d'animateur sportif puisque je me suis absenté pendant deux mois pour m'occuper de ma mère gravement malade. J'ai adressé une lettre d'excuses à la tutelle et j'espère qu'elle aura une suite favorable. J'avoue que Hamdi El Meddeb m'a sauvé d'une situation embarassante en me désignant second assistant de l'entraîneur Foued Kammoun. Mais l'avenir me fait peur».
L'espérance de Tunis, le Club Sportif d'hammam-lif, sa famille, sa femme et ses enfants constituent son trésor caché. L'étincelle soudaine qui brillait dans ses yeux chaque fois qu'il nous parlait d'eux, exprime le discret mais profond amour qu'il leur porte depuis toujours.