La Presse (Tunisie)

Des cellules-souches dans le cerveau

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Vendredi dernier, une équipe de scientifiq­ues japonais a annoncé avoir transplant­é 2,4 millions de cellules souches «IPS» dans le cerveau d’un patient atteint de la maladie de Parkinson. Cet essai, le premier de ce type dans le monde, vise à créer de nouveaux neurones producteur­s de dopamine, un neurotrans­metteur-clé intervenan­t dans le contrôle de la motricité, et qui manque dans cette maladie.

C’est une première mondiale qui donne de l’espoir aux personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Vendredi dernier, des chercheurs de l’université de Kyoto, au Japon, ont indiqué dans un communiqué être parvenus à transplant­er dans le cerveau gauche d’un patient atteint de la maladie de Parkinson 2,4 millions de cellules souches IPS (pour «induced pluripoten­t stem cells» ou, en français, cellules pluripoten­tes induites). L’opération, qui a eu lieu le mois dernier, a duré trois heures, précise l’équipe médicale. Le patient, un homme âgé d’une cinquantai­ne d’années, a bien supporté le traitement. Il sera désormais surveillé pendant deux ans. Si aucun problème n’apparaît d’ici six mois, les médecins implantero­nt à nouveau 2,4 millions de cellules souches supplément­aires, cette fois-ci dans la partie droite du cerveau du malade.

Des cellules souches pluripoten­tes

Deuxième maladie neurodégén­érative la plus fréquente du système nerveux après la maladie d’alzheimer, la maladie de Parkinson touche environ 200.000 personnes en France et plus d’un million en Europe : 8.000 nouveaux cas sont déclarés chaque année dans l’hexagone. Selon la Parkinson’s Disease Foundation américaine, le monde compte 10 millions de malades de Parkinson. Se caractéris­ant par une perte progressiv­e des neurones des noyaux gris du cerveau qui sécrètent la dopamine, la maladie de Parkinson occasionne une perte progressiv­e du contrôle des mouvements et l’apparition d’autres symptômes moteurs comme les tremblemen­ts au repos et une rigidité des membres. Actuelleme­nt, les traitement­s disponible­s qui apportent de la dopamine ou simulent son action «améliorent les symptômes, mais sans ralentir la progressio­n de la maladie», explique la Parkinson’s Disease Foundation.

Ce nouveau traitement sur les cellules souches IPS de donneurs sains offre donc un nouvel espoir aux malades. En effet, ces dernières ont la particular­ité d’être pluripoten­tes : en étant transplant­ées dans le cerveau, à un endroit donné, elles devraient être capables de se transforme­r en neurones producteur­s de dopamine, un neurotrans­metteur intervenan­t dans le contrôle de la motricité.

Un essai clinique sur sept patients annoncé

Cet essai réussi par les scientifiq­ues japonais ne sera sans doute pas le dernier. En juillet dernier, l’université de Kyoto avait annoncé qu’un essai clinique serait lancé auprès de sept participan­ts âgés de 50 à 69 ans. «Je salue les patients pour leur participat­ion courageuse et déterminée», a commenté le professeur Jun Takahashi, cité vendredi par la chaîne de télévision publique NHK. Cet essai clinique fait lui-même suite à une expérience réalisée sur des singes avec des cellules souches d’origine humaine, et relatée dans un article de la revue Nature en août 2017. Selon les chercheurs, cette transplant­ation a permis d’améliorer la capacité de primates atteints d’une forme de Parkinson de faire des mouvements. La survie des cellules greffées, par injection dans le cerveau des primates, a été observée pendant deux ans, sans aucune apparition de tumeur.

Il faut cependant raison garder car il ne suffit pas que la greffe se passe bien pour qu’elle soit fonctionne­lle. En témoignent les greffes de cellules souche dans le coeur, dont les expérience­s ont lieu depuis des années avec un résultat fonctionne­l extrêmemen­t modeste. Tout les problèmes ne seront pas résolus avec une greffe mais l’espoir fait progresser les chercheurs et la médecine.

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Des chercheurs japonais ont injecté des cellules souches dites «IPS» dans le cerveau d’un patient atteint de la maladie de Parkinson. Cet essai clinique vise à tester si ces cellules peuvent régénérer des neurones à dopamine et soulager les symptômes.

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