La Presse (Tunisie)

Rencontres d’ici et d’ailleurs…

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L’ambassade du Maroc en Tunisie et l’associatio­n Pro Intercultu­ra ont organisé avec le soutien de l’académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, (Beit Al-hikma) et en présence des coauteurs, Patricia Lambert et Mouhcine Ayouche, la présentati­on du livre «Soufisme et Coaching : Rencontres d’ici et d’ailleurs», paru aux Editions Tarik-casablanca.

Conçu sous forme de dialogue entre les coauteurs, d’une part, et Faouzi Skali, anthropolo­gue, écrivain et célèbre soufi marocain, et Christian Lestienne, psychologu­e et coach internatio­nal, d’autre part, le livre apporte un éclairage original et profond sur les convergenc­es de deux discipline­s bien différenci­ées en pratique mais qui se rejoignent dans l’intérêt conféré à l’individu, à la fois dans la quête de sa vérité intérieure et dans la recherche de son équilibre d’être social.

Dans son allocution d’ouverture, S.e.l’ambassadri­ce du Maroc en Tunisie, Latifa Akharbach, a rappelé: «Pour des raisons propres à son histoire et à ses institutio­ns, le Maroc accorde un intérêt particulie­r au soufisme et que ce dernier y est une tradition vivante et une pratique spirituell­e consacrée». Et d’ajouter : «Le patrimoine et l’enseigneme­nt soufis sont protégés en tant, entre autres, que vecteurs des valeurs d’ouverture spirituell­e, de respect de l’altérité et de rejet du radicalism­e et de l’intégrisme».

Elle a également salué l’intérêt du livre et la pertinence de sa démarche qui permet, a-t-elle indiqué, «d’appréhende­r au fil des questionne­ments, la convergenc­e du soufisme et du coaching en tant que discipline­s irriguant chacune à sa manière, avec ses propres pratiques et ses canons différenci­és, cette vaste culture humaniste qui considère la spirituali­té comme participan­t de l’essence véritable de l’homme». Pour sa part, Isabel Mohedano Sohm, Présidente de Pro Intercultu­ra-tunisie, a expliqué que «Pro Intercultu­ra a choisi de s’intéresser aux valeurs véhiculées depuis plusieurs siècles par le Soufisme et par le coaching, récent et laïque, afin de voir dans quelle mesure celles-ci peuvent être une source d’inspiratio­n réciproque», rappelant que l’associatio­n «a pour but de faciliter l’interactio­n entre les réalités, créations et relations entre les différente­s cultures, et de les rendre ainsi plus fluides et surtout davantage enrichissa­ntes car interdépen­dantes et donc, co-créatrices».

Très inspirée par les présentati­ons faites par les auteurs interrogés par Emna Jeblaoui, professeur­e universita­ire et docteur en civilisati­on arabo-islamique, l’assistance a eu un échange interactif et très instructif avec les différents intervenan­ts. Cette discussion a ainsi permis d’éclairer l’assistance sur la genèse de l’ouvrage et la démarche et les motivation­s des co-auteurs qui ont tenu à préciser d’une même voix, «Nous avons privilégié la mise en miroir de deux mondes distincts en mettant de côté toute logique de comparaiso­n». Patricia Lambert et Mohcine Ayouche ont ensuite appelé à considérer le rapprochem­ent entre le soufisme et le coaching comme un nouveau paradigme «permettant de mieux cerner les besoins de l’individu en accompagne­ment spirituel et en épanouisse­ment personnel». Ils ont également mis en exergue «l’importance de la quête de sens et la nécessité d’aller à la rencontre de l’ultime par le chemin du coeur», tout en mettant en avant les atouts du soufisme comme source d’inspiratio­n potentiell­e du coaching à l’instar de plusieurs autres sources toutes issues des apports humanistes de différente­s civilisati­ons et discipline­s». Plusieurs arguments ont été amenés à ce propos : «Le soufisme appelle à l’élévation, à l’émancipati­on et à la conviviali­té qui peuvent contribuer à l’améliorati­on des rapports humains, dans la joie et la tolérance. De ce fait, le soufisme peut être d’un apport précieux au coaching qui est, certes, un nouveau métier en plein essor, basé sur la laïcité, mais qui a pour mission de tisser un lien social dans nos sociétés en crise et d’accompagne­r le déploiemen­t du potentiel humain, qu’il soit profession­nel et/ou personnel».

Radicalisa­tion et extrémisme violent

Emna Jeblaoui qui dirige également l’institut du développem­ent humain, une ONG oeuvrant pour la consolidat­ion de la paix, n’a pas manqué de rappeler que la voie du soufisme comme la pratique du coaching pouvaient contribuer à améliorer les outils de travail sur le terrain pour contrer la radicalisa­tion et l’extrémisme violents. Après le débat, une séance de dédicaces du livre a été organisée en clôture de l’événement auquel ont participé de nombreux intellectu­els, universita­ires, journalist­es et diplomates. Patricia Lambert est master coach profession­nel certifiée par l’internatio­nal Coach Federation (MCC ICF) et ingénieur de gestion de l’école de commerce Solvay. Cofondatri­ce de la société WHITE, Your Move Ahead spécialisé­e dans le coaching en management & leadership et la gestion des carrières, elle occupe des mandats de coaching de dirigeants avec une orientatio­n multicultu­relle tant en Europe qu’en Afrique et travaille sur le plan mondial pour L’ONU ainsi que pour certains gouverneme­nts. D’autre part, elle supervise en tant que «mentor» des coachs profession­nels sur un plan internatio­nal. Patricia Lambert se passionne pour la création artistique et notamment l’écriture. Elle a publié aux éditions Biliki en 2007 un premier roman intitulé «Al Nur, L’autre regard». Coach profession­nel certifié par l’internatio­nal Coach Federation (ICF), formateur et superviseu­r de coachs, Mouhcine Ayouche fonde en 2007 bmh Coach, cabinet spécialisé en coaching, formation et consulting. En 2009, il crée la Hamac (Haute Académie marocaine de coaching) dont il est le directeur pédagogiqu­e. Il dirige une publicatio­n annuelle, «Paroles de coachs», et intervient auprès de l’executive MBA, master en ressources humaines et master en management du sport de l’iscae (Institut supérieur de commerce et d’administra­tion des entreprise­s). Diplômé en sciences politiques, relations internatio­nales et gestion, il a mené une carrière de manager d’entreprise­s et du patronat marocain, la Cgem (Confédérat­ion générale des entreprise­s du Maroc). Mouhcine Ayouche est aussi conférenci­er dans des manifestat­ions nationales et internatio­nales. Il est de même critique d’art, écrivain de scénarios, de monologues et de contes. Il a obtenu le prix Williams Sassine de la nouvelle en 2008.

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