La Presse (Tunisie)

L’ugtt et le gouverneme­nt condamnés à négocier

- A. DERMECH

Report à samedi 24 novembre des séances plénières consacrées à l’examen du projet de budget de l’etat, du budget économique et du projet de la loi de finances au titre de 2019. Les débats budgétaire­s se dérouleron­t en présence du chef du gouverneme­nt Youssef Chahed.

Ils seront aujourd’hui près de 700.000 agents de la fonction publique à observer une grève générale, avec présence sur les lieux de travail, en applicatio­n de la décision de la commission adminsitra­tive nationale de l’ugtt de débrayer suite à l’échec des négociatio­ns avec le gouverneme­nt sur les augmentati­ons salariales qui devaient être décidées au profit des salariés de l’etat. Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’ugtt, a déjà annoncé, mardi 20 novembre, la rupture des négociatio­ns avant qu’elles ne démarrent. Il a, en effet, précisé à l’issue d’une rencontre, mardi dernier, avec le chef du gouverneme­nt Youssef Chahed que «le gouverneme­nt n’avait rien à proposer à l’ugtt, à l’instar de ce qui a été décidé en faveur des salariés du secteur public (les entreprise­s et établissem­ents publics comme la Sonede, la Steg, etc).

Et le secrétaire général de la Centrale syndicale ouvrière d’affirmer : «La grève générale des agents de la fonction publique est maintenue pour la journée du jeudi 22 novembre. Une commission administra­tive nationale se tiendra, samedi prochain, pour décider des autres mouvements de militantis­me auxquels l’ugtt aura recours pour défendre les droits des fonctionna­ires et pousser le gouverneme­nt à leur concéder les augmentati­ons salariales auxquelles ils ont droit à l’instar de leurs collègues exerçant aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé». Maintenant que l’irréparabl­e s’est produit et que l’on n’a pas réussi à convaincre les syndicalis­tes d’annuler ou au moins de reporter la grève en contrepart­ie de promesses ou d’assurances sérieuses de la part du gouverneme­nt, la question qui s’impose est la suivante : comment le gouverneme­nt va-t-il se comporter, une fois que la grève sera observée (en espérant qu’elle se déroulera sans heurts ni dérapages) et comment l’ugtt va-t-elle se conduire à l’avenir avec les syndicalis­tes qui annoncent déjà qu’ils auront recours à d’autres formes de militance pour avoir gain de cause comme les grèves sectoriell­es, les grèves générales au niveau des régions et enfin la grève générale au niveau national ?

Du côté du gouverneme­nt, c’est à Iyed Dahmani, porte-parole de la Kasbah, qu’est confiée la mission d’expliciter à l’opinion publique «les causes qui empêchent la présidence du gouverneme­nt de répondre aux revendicat­ions des syndicalis­tes et de réaliser leurs demandes, vu la conjonctur­e difficile dans laquelle se trouvent les caisses de l’etat». Et Dahmani de laisser la porte ouverte à la poursuite du dialogue gouverneme­nt-ugtt en affirmant, hier, sur les ondes de Radio Mosaïque que «les rencontres entre Youssef Chahed et Noureddine Taboubi n’ont jamais été rompues.

En témoigne la rencontre de mardi dernier, et même si l’on n’est pas parvenu à une solution, rien ne nous empêche de poursuivre le dialogue, que nous considéron­s comme le cadre idéal pour sortir de la crise». Et c’est bien le choix du dialogue et de la négociatio­n qui a dominé, hier, les interventi­ons de plusieurs députés au palais du Bardo lors d’une séance plénière consacrée à la grève générale d’aujourd’hui.

«Il faut que le gouverneme­nt revienne à la table du dialogue et privilégie le consensus avec la centrale syndicale comme le seul moyen pour mettre fin à cette crise». Et même ceux parmi les députés qui ont estimé que «la grève est légitime et que le gouverneme­nt n’a pas à appliquer les diktats du FMI», ils ont appelé à assurer «la sécurité nécessaire au rassemblem­ent qui aura lieu aujourd’hui devant le siège de L’ARP».

Assurer la sécurité des syndicalis­tes qui protestero­nt aujourd’hui devant le Parlement et veiller à ce que les intrus et les profession­nels de la provocatio­n ne s’immiscent pas parmi les fonctionna­ires grévistes pour semer la violence et le désordre constituen­t, en effet, un défi que tous les acteurs du paysage politique syndical et civil sont dans l’obligation de relever ensemble dans l’objectif de faire échouer les plans diabolique­s de certaines «Katibas» facebookie­nnes qui chauffent depuis quelques jours les tambours pour que la situation dégénère et que le pays tombe dans le chaos et l’inconnu.

Hier, plusieurs composante­s du paysage politique et civil ont privilégié le dialogue, l’apaisement et la concertati­on en appelant «à un dialogue national pour sortir le pays de la crise actuelle», appel lancé par l’ordre national des avocats.

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