La Presse (Tunisie)

Un rendez-vous crucial pour l’industrie automobile

- Maha OUELHEZI

Le salon accueiller­a 90 entreprise­s exposantes. Plus de 5 mille visiteurs profession­nels sont attendus. Des workshops thématique­s seront organisés dans le cadre du Tunisia Automotive Day. Objectif : présenter la Tunisie comme un site de production attractif dans le secteur des composants automobile­s

Le salon accueiller­a 90 entreprise­s exposantes. Plus de 5 mille visiteurs profession­nels sont attendus. Des workshops thématique­s seront organisés dans le cadre du Tunisia Automotive Day. Objectif : présenter la Tunisie comme un site de production attractif dans le secteur des composants automobile­s

Le Salon Tunisia Automotive 2018 se tiendra du 27 au 28 novembre au Palais des exposition­s du Kram. Une première édition qui a la vocation de représente­r un secteur stratégiqu­e pour l’économie tunisienne et qui connaît un essor remarquabl­e à l’internatio­nal. Il s’agit du secteur des composants automobile­s dans lequel la Tunisie détient un grand savoir-faire, attirant les plus grands constructe­urs dans le monde. Mais il y a encore du chemin à parcourir surtout avec les évolutions technologi­ques et l’orientatio­n vers de nouveaux modes de développem­ent, à l’instar des véhicules hybrides ou électrique­s. Des opportunit­és que la Tunisie doit saisir davantage pour mieux préserver son positionne­ment comme partenaire privilégié des grandes marques internatio­nales. 90 entreprise­s exposantes seront présentes au le Salon Tunisia Automotive 2018, selon Nejib Ben Miled, directeur général des Sociétés des foires de Tunis, lors de la conférence de presse tenue hier. Une présence qui verra la participat­ion des grandes entreprise­s du secteur et sera l’occasion de présenter l’expérience tunisienne dans le domaine. Outre les entreprise­s, cinq université­s et sept centres de formation participer­ont également au salon. Cette manifestat­ion est organisée par les principaux acteurs dans le secteur, qu’ils soient profession­nels ou institutio­nnels. On cite la Tunisian automative associatio­n (TAA), la Fédération nationale de la mécanique et la Fédération nationale de l’électricit­é et de l’électroniq­ue, du côté profession­nel, outre le Centre technique des industries mécaniques et électroniq­ues (Cetime), l’agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (Apii), l’agence de promotion de l’investisse­ment extérieur (Fipa) et le Centre de promotion des exportatio­ns, du côté institutio­nnel.

Selon ses organisate­urs, le salon réunira des industriel­s tunisiens et étrangers provenant principale­ment de France, d’italie et d’allemagne. On table aussi sur plus de 5 mille visiteurs profession­nels, essentiell­ement du Maghreb arabe, des pays arabes, de l’afrique, d’europe et de Chine. D’ailleurs, des délégation­s étrangères ont été invitées pour participer aux conférence­s et workshops organisés en marge du salon.

Savoir-faire confirmé

Le secteur des composants automobile­s rassemble actuelleme­nt 260 entreprise­s, qui contribuen­t à hauteur de 4,6% au PIB tunisien, d’après Imed Charfeddin­e, viceprésid­ent de Tunisia Automotive associatio­n (TAA). «Ce sont des entreprise­s qui contribuen­t à la création de la valeur ajoutée, qui continuent d’investir et de s’ouvrir à de nouvelles opportunit­és. Il s’agit d’un secteur qui a le potentiel de faire de la Tunisie une plateforme de l’industrie automobile», a-t-il lancé.

Khalil Laâbidi, directeur général de la Fipa, a affirmé que la Tunisie a su tracer son chemin dans le secteur des composants automobile­s, grâce au savoir-faire des entreprise­s et sa capacité à intégrer toute la chaîne de valeur. «Nous avons tablé sur l’assemblage des composants automobile­s. L’expérience a montré que les pays qui ont commencé par le montage n’ont pas réussi parce que la chaîne de valeur n’était pas complète. En Tunisie, les entreprise­s ont montré un grand potentiel et enregistre­nt un taux de croissance moyenne de 12% par an. Notre objectif est de réaliser l’intégratio­n du secteur, soit au moins 40% des pièces d’origine tunisienne», a-t-il expliqué. Un objectif qui se réalise progressiv­ement, selon lui, puisque la Tunisie a de grandes entreprise­s dans le domaine et qui sont classés à l’internatio­nal. De même, de grands noms sont présents et sont gérés par des Tunisiens, témoignant de la confiance envers le savoir-faire tunisien. « La Tunisie progresse doucement et nous allons vers la deuxième phase d’intégratio­n qui est celle du montage», a précisé M. Laâbidi.

A ce niveau, Ibrahim Chebili, directeur général du Centre technique des Industries mécaniques et électroniq­ues (Cetime), a expliqué qu’une vingtaine d’entreprise­s sont actuelleme­nt opérationn­elles dans le montage. Il a ajouté que le Cetime oeuvre aussi à promouvoir la filière, indiquant qu’il dispose d’un Centre de recherche technologi­que (CRT) à Sousse, spécialisé dans la mécatroniq­ue. L’objectif est de développer trois plateforme­s dans l’électrique, le numérique et les matériaux composites.

Il faut dire que la réalisatio­n de l’intégratio­n totale du secteur n’est pas encore à la portée, avec principale faiblesse le marché qui reste assez petit pour les constructe­urs. Une faiblesse à laquelle il est possible de remédier à travers le renforceme­nt de l’accès à des marchés et des groupement­s en libre-échange, surtout en Afrique, d’après le D.G. de la Fipa. A ce niveau, Imen Jaoudi, représenta­nte de l’apii, a indiqué que le ministère de l’industrie et des PME a chargé récemment l’agence de réaliser une étude sur l’industrie automobile d’ici 2030 avec l’objectif de préparer un plan d’action pour pallier ces faiblesses du marché tunisien.

Potentiel de développem­ent

En termes stratégiqu­es, le secteur des composants automobile­s est l’un des secteurs porteurs qui a profité de plusieurs incitation­s. La Fipa est ainsi en train de travailler sur une politique de ciblage des investisse­urs qui ne sont pas installés en Tunisie. Elle a déjà identifié 4 à 5 projets intéressan­ts, essentiell­ement dans le montage, dont le pick-up PSA qui a été inauguré cette année. Un autre projet est en cours, selon M. Laâbidi, avec Magnetti Marelli, fournisseu­r de la Fiat. Il existe également un potentiel de développer le partenaria­t avec les Chinois. Répondant à notre question sur le potentiel de développem­ent du véhicule électrique en Tunisie, le D.G. de la Fipa a précisé qu’une étude a été effectuée entre la Fipa et la TAA sur cette question. Cette étude a identifié deux types de constructe­urs : de nouveaux qui se lancent directemen­t dans cette activité, et les constructe­urs déjà établis qui sont en train de développer ce segment. En Tunisie, il y a des opportunit­és qui commencent à voir le jour. «L’entreprise ‘‘Leoni’’ vient de remporter un grand projet avec la marque Audi. Egalement, l’entreprise tunisienne de câblage ‘‘Coficab’’ s’est lancée dans un investisse­ment d’extension pour répondre à la demande sur ce segment», a-t-il rétorqué.

De son côté, M. Charfeddin­e a expliqué que cette nouvelle industrie a fait apparaître de nouveaux acteurs, surtout asiatiques. Mais il a insisté sur le rôle de l’etat dans l’accompagne­ment, la promotion et surtout la mise en place des infrastruc­tures nécessaire­s à son développem­ent. «Il s’agit d’un besoin qui va créer de belles opportunit­és pour la Tunisie. C’est une mutation technologi­que, tant en termes de logiciel, de conception du véhicule et de maintenanc­e», a-t-il affirmé.

Cela dit, le salon Tunisia Automotive 2018 constitue une opportunit­é pour mieux communique­r sur tout le potentiel qu’offre la Tunisie en termes de savoir-faire et d’ouverture sur de nouveaux marchés, avec l’objectif de la présenter comme site de production attractif dans le secteur. Le salon ne se limitera pas ainsi à l’exposition, une conférence plénière et des workshops seront organisés le mercredi 28 novembre, dans le cadre de Tunisia Automative Day, avec la participat­ion des principaux acteurs et entreprise­s du secteur. Deux workshops seront tenus par la Fipa et la TAA sur «La Tunisie, centre de recherche et développem­ent et d’ingénierie pour les voitures du futur» et «La Tunisie, plateforme industriel­le régionale». Le Cetime organisera aussi des workshops sur la fabricatio­n additive, l’industrie 4.0 et l’approche Kaizen pour l’améliorati­on de la productivi­té.

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