La Presse (Tunisie)

Le Tunisien et le « système D »

Les Tunisiens essaient malgré tout de faire contre mauvaise fortune bon coeur.

- H.SAYADI

Lait, beurre, oeufs, sucre en vrac, huile subvention­née… et bientôt les bouteilles de gaz… Certains produits de base sont, en effet, en rupture de stock depuis plusieurs mois ! Une situation qui n’est pas du tout agréable pour les familles tunisienne­s qui essaient malgré tout de se débrouille­r pour subvenir à leurs besoins les plus basiques.

Dans les grandes surfaces et dans le rayon réservé aux produits laitiers, une grande pancarte affichait : « SVP, pas plus de deux paquets de lait par personne ». Autrement dit, un client père ou mère de famille n’a le droit qu’à deux paquets de lait par jour pour une famille composée de quatre personnes. Ceux qui ont des enfants, encore en bas âge, et doivent faire le tour de toutes les épiceries de leur quartier, commander et réserver un pack de lait, s’il le faut, afin de ne pas en manquer. Et pour faire face à ce problème, certains clients ont trouvé une bonne astuce ! Se rendre en groupe aux grandes surfaces pour pouvoir ensuite se partager un ou deux packs de lait. Et c’est en rentrant chez soi que l’on peut avoir au moins trois à quatre paquets de lait qui peuvent suffire une journée ou deux au maximum pour toute la famille. Rebelote ensuite, c’est la même stratégie qui se répète le jour d’après… « Drôle de situation, mais, malheureus­ement, on n’a pas le choix : on doit se débrouille­r ainsi pour pouvoir avoir ce produit basique chez nous, surtout que, pour mon cas, j’ai un enfant de trois ans qui ne doit pas être privé de lait et de beurre », explique Samia, mère de trois enfants.

Idem pour d’autres clients qui, face à ce problème de pénurie de lait, de beurre… ont choisi de se rendre pendant la nuit chez les épiceries les plus proches d’eux pour passer leur commande en catimini.

Les autres doivent se débrouille­r autrement. Soit remplacer, par exemple le beurre par de la margarine moins goûteuse ou s’en passer complèteme­nt. C’est le cas de Mounira, mère de famille, qui a remplacé au petit-déjeuner le café au lait par du café noir, et le beurre par de la margarine. « Finalement, ce n’est pas assez grave si le lait, le beurre, le sucre… sont en rupture de stock, on peut évidemment les remplacer par d’autres aliments meilleurs pour la santé», s’exprime la sexagénair­e. Pauvres familles tunisienne­s, qui depuis toujours, essayent de se débrouille­r tant bien que mal pendant les périodes de crise. Avec la flambée des prix, la baisse du pouvoir d’achat, les dépenses des occasions spéciales lors des fêtes… vient s’ajouter la pénurie de produits de base. Une situation à laquelle elles font face en recourant au système D et en trouvant des astuces pratiques pour s’en sortir. Mais à force, cela finit par devenir lassant !

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