La Presse (Tunisie)

Dernière ligne droite pour May

La “relation future” entre le Royaume-uni et l’union Européenne est l’une des questions autour desquelles les Britanniqu­es demandent plus d’éclairciss­ements. Un sommet extraordin­aire devrait trancher dimanche à Bruxelles.

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AFP — La Première ministre britanniqu­e Theresa May a été reçue hier à Bruxelles à la Commission européenne pour tenter de dénouer les derniers points de blocage de l’accord de divorce avec L’UE, à quatre jours d’un sommet extraordin­aire consacré au Brexit. Cible d’une fronde persistant­e dans sa majorité pour sa gestion du dossier, Mme May a été accueillie en fin d’après-midi par le président de l’exécutif européen Jean-claude Juncker. Ils ont échangé une brève poignée de main devant la presse, sans répondre aux questions lancées à la volée. Avant de gagner Bruxelles, la dirigeante conservatr­ice avait une nouvelle fois affronté les questions des parlementa­ires britanniqu­es, qui devront ratifier tout accord avec L’UE. La seule «alternativ­e», «ce sera soit plus d’incertitud­e et de division, soit pas de Brexit du tout», leur a-t-elle dit.

Lors de leur «thé d’après-midi», comme l’a décrit en souriant un porte-parole de la Commission, M. Juncker et Mme May doivent discuter du «cadre de la relation future» entre Londres et L’UE. Celui-ci doit encore faire l’objet d’un accord pour achever les négociatio­ns d’une complexité inédite entamées en juin 2017. L’accord conclu la semaine dernière par les équipes de négociatio­n portait, lui, sur le projet de «traité de retrait» du Royaume-uni, un texte de près de 600 pages, qui détricote les liens noués pendant plus de 40 ans d’adhésion du Royaume-uni. Ce texte règle notamment la question de la facture que devra payer Londres à L’UE, sans la chiffrer, et prévoit une solution controvers­ée pour éviter en dernier recours le retour d’une frontière physique entre l’irlande et l’irlande du Nord.

Déclaratio­n politique

Mais ce traité, sous le feu des critiques au Royaume-uni où Mme May est accusée d’avoir fait trop de concession­s à L’UE, devra aussi être accompagné d’une «déclaratio­n politique» traçant les contours de la relation future avec l’union, notamment sur le plan commercial. Ce document, d’«une vingtaine de pages» selon une source européenne, sera sans valeur juridique mais à forte portée politique pour cadrer des négociatio­ns commercial­es qui ne pourront commencer formelleme­nt qu’après le Brexit, le 30 mars 2019.

Les deux parties disposeron­t pour négocier d’une période de transition, prévue jusqu’à fin 2020 et qu’elles pourront prolonger si besoin. Mais Londres comme les 27 doivent déjà se donner un minimum de visibilité sur cette «relation future».

L’UE est d’accord pour «aboutir à une absence de droits de douane et de quotas pour tous les biens» avec le Royaume-uni.

Mais pas question pour autant d’offrir la perspectiv­e d’une relation commercial­e «sans frictions» si Londres continue de vouloir s’affranchir des règles de l’union douanière et du marché unique, insistent plusieurs pays européens.

Menace espagnole

«L’union douanière, c’est renoncer à avoir une politique commercial­e autonome et c’est accepter les règles d’une concurrenc­e loyale (avec les entreprise­s européenne­s), cela doit être clair pour les Britanniqu­es», a insisté une source diplomatiq­ue.

Des pays comme la France et les Pays-bas veulent aussi obtenir que soient formulés «des éléments de vigilance» sur le futur accès des flottes européenne­s aux eaux territoria­les du Royaume-uni. Cette question sensible a été exclue du périmètre du «territoire douanier unique», la solution de dernier recours prévue pour régler la question de la frontière irlandaise si les futures négociatio­ns commercial­es n’y parviennen­t pas.

«Il est primordial de maintenir le lien entre l’accès au marché européen (pour les poissons pêchés par les pêcheurs britanniqu­es, ndlr) et l’accès aux eaux territoria­les britanniqu­es» pour les Européens, a plaidé une source diplomatiq­ue.

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