La Presse (Tunisie)

La femme policière tunisienne, un vecteur de changement

- Samir DRIDI

L’observatoi­re tunisien de la sécurité globale a tenu hier à Tunis son séminaire de clôture du projet «Les femmes policières en Tunisie au service de la paix et de la sécurité». Un projet financé par Onu-femmes et avec la contributi­on du gouverneme­nt de la République de Finlande et destiné à renforcer les capacités profession­nelles des femmes policières tunisienne­s. Ce projet vise aussi à améliorer les compétence­s personnell­es et profession­nelles de celles-ci en tant que vecteur de changement.

La conférence en question qui marque la clôture de ce projet s’inscrit dans le cadre du projet régional 1325 financé par la Finlande et implémenté par ONU Femmes. Il vise la consolidat­ion du rôle des femmes dans le maintien de la paix et de la sécurité, a déclaré dans son allocution Hela Skhiri, chargée du programme national ONU Femmes Tunisie. Elle a rappelé qu’en 2000, le Conseil de sécurité a marqué l’histoire en adoptant la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité. Cette résolution préconise de faire participer les femmes à l’établissem­ent de la paix, de mieux les protéger contre les violations de leurs droits fondamenta­ux et de leur donner accès à la justice et aux services de lutte contre la discrimina­tion. En Tunisie, ce projet vise à appuyer d’un côté le gouverneme­nt sur le plan de l’élaboratio­n d’un PAN 1325 et, d’autre part, à appuyer les organisati­ons de la société civile à accompagne­r le processus gouverneme­ntal et élaborer des projets pilotes pour une concrétisa­tion des principes soutenus par la résolution. Ce projet vise aussi l’améliorati­on des compétence­s personnell­es et profession­nelles des femmes policières et leur permettre d’acquérir de solides connaissan­ces sur des concepts clés nécessaire­s à la maîtrise des situations complexes et des conflits et les préparant ainsi à des postes de responsabi­lité. Il a pu toucher 270 femmes policières appartenan­t aux trois corps des forces de sécurité intérieure dans différente­s régions du territoire tunisien.

« C’est un honneur pour la Finlande de financer ce projet », s’est exprimée l’ambassadri­ce de Finlande en Tunisie, Leena Gardemeist­er, lors de son allocution d’’ouverture. Elle a salué la coopératio­n fructueuse entre les deux pays en ce qui concerne la résolution 1325 de L’ONU. La Tunisie est un exemple unique de l’émancipati­on de la femme dans le monde arabe, c’est pourquoi il était fondamenta­l d’y encourager le rôle des femmes policières, ces femmes qui reflètent une image très représenta­tive de la Tunisie moderne car elles sont avant tout les garants de la paix et de la sécurité dans leur pays. Sans les droits de ces femmes, il n’y a ni progrès, ni paix, ni sécurité, a-t-elle souligné.

Valoriser le rôle de la femme policière

Nabil Smida, vice-président de l’observatoi­re tunisien de la sécurité globale, a déclaré que ce projet vise tout d’abord à valoriser le rôle de la femme policière dans l’institutio­n sécuritair­e en tant que vecteur de changement et le renforceme­nt de ses capacités. On a constaté que les femmes cadres font très bien leur travail et qu’un problème persiste encore au niveau de l’avancement de leur carrière qui fait qu’elles ne peuvent accéder aux postes de commandeme­nt. Parmi les objectifs de notre programme, donner la parole, le droit et la chance aux femmes policières pour qu’elles puissent accéder aux postes de responsabi­lité et ce par le biais d’un travail de sensibilis­ation et l’élaboratio­n d’une stratégie globale qui élimine toutes les formes de discrimina­tion profession­nelle au sein de l’institutio­n sécuritair­e.

Nous avons essayé de produire une connaissan­ce sur les femmes policières et le ministère de l’intérieur par rapport à leurs pratiques profession­nelles, leur vécu, leur sociologie, les types de problèmes rencontrés. Par la suite, on s’est demandé comment construire une relation de confiance avec la société et devenir un élément de la réforme de ce corps, a-t-il ajouté.

Cette institutio­n a besoin de réformes et la relation actuelle avec la société et la population est tendue. Les femmes peuvent être un vecteur d’apaisement à ce niveau et de constructi­on de la confiance. C’est une manière de consolider les acquis de la femme tunisienne sur le plan profession­nel d’une façon générale. Elle est un vecteur de changement mais elle est malheureus­ement absente dans les chaînes de commandeme­nt, a-t-il déploré.

Nous recommando­ns une plus grande représenta­tivité des femmes policières au sein des cercles de décision. En termes de recrutemen­t, il est nécessaire de lever les obstacles qui pèsent sur le recrutemen­t de ces femmes, valoriser la formation et enlever toutes les formes de discrimina­tion à leur égard et établir un plan d’action concret en matière de ressources humaines et introduire la dimension genre au sein du MI, a conclu Nabil Smida.

Comment s’imposer dans une institutio­n masculine par définition et qui est en plus connue pour son hermétisme ? C’est là toute la question mais nous croyons que la mise en oeuvre pour bientôt d’un plan d’action concrétisa­nt la résolution onusienne 1325 va inéluctabl­ement changer la donne pour la femme policière tunisienne.

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