L’occupation des trottoirs et de la chaussée défigure les cités
Dans un certain nombre de municipalités et communes de pays développés, les édiles municipaux consacrent tous les jours une heure de temps pour faire le tour de leurs circonscriptions et voir ce qui s’y passe.
Qui est capable de citer le nom d’une seule cité ou ville dans le monde (à l’exception des bidonvilles et des agglomérations non encore viabilisées), où les trottoirs et les chaussées sont occupés indûment par les commerces qui se trouvent juste en face ou par tous ceux qui décident que l’on ne doit en aucun cas stationner dans tel ou tel lieu ? Ce ne sont pas les plaques interdisant le stationnement qui ont force de loi, mais des objets hétéroclites que l’on pose ou enfonce dans le sol, qui sont censés remplacer les autorités municipales et décider à leur place.
Prenons en exemple une ville comme l’ariana qui fait partie du Grand-tunis et qu’on aime surnommer «la ville des roses». Eh bien, en guise de roses, c’est une succession de piquets enfoncés au bord des trottoirs, des tonneaux, des squelettes de frigos, des chaises cassées, des traverses de… chemins de fer et bien d’autres vilains obstacles qui interdisent le stationnement. Le fait d’amener et de poser des traverses de chemin de fer en bonne et due forme sur la chaussée pour se réserver une place est une preuve concrète du sentiment d’impunité prévalant chez certains de nos concitoyens.
D’autres plus… élégants posent des pots de fleurs et accaparent une partie du trottoir ou de la chaussée pour interdire le stationnement, se réservant le loisir en fin de journée de poser des chaises pour recevoir de la clientèle.
Que ce soit des pots de fleurs ou des piquets enfoncés dans le sol, les trottoirs doivent être dégagés, nets de tout obstacle. Mieux que cela, les trottoirs, zone piétonne par excellence, sont considérés comme des pistes de roulement en cas de sinistres, accidents, urgence pour les véhicules tels que ceux de la police, de la protection civile ou les ambulances.
Comment se permet-on de les occuper ou de les barrer ? Il existe certes des exceptions, mais elles sont autorisées après études des demandes. Elles concernent surtout des zones touristiques et commerciales.
Où sont les municipalités ?
Le cas de l’ariana, où les nouvelles autorités sont en train de déployer de gros efforts, n’est en rien une exception. Vous pouvez allez n’importe où ailleurs, même en pleine capitale, vous retrouverez ces mêmes comportements inciviques qui défigurent les villes et donnent de nous aux nombreux visiteurs étrangers une image bien sombre. Sommes-nous les seuls à relever ces abus et cette façon philistine et cavalière de se comporter ? N’y a-t-il pas un seul membre élu dans ces municipalités pour quitter les bureaux et faire un tour en ville ? Où sont donc ces agents de la police municipale qui auraient dû signaler ces dépassements depuis bien longtemps déjà ? Comment peut-on gérer une municipalité tout en se tenant à l’écart de ce qui s’y passe, autrement dit en demeurant cloîtré dans les locaux administratifs ?
Comment se fait-il qu’aucun responsable municipal, du simple agent au premier responsable, n’ait remarqué ces dépassements ?
Il y a ceux qui les remarquent mais ferment les yeux pour une raison ou pour une autre…
Gérer une municipalité ne se fait pas à partir des bureaux. Dans un certain nombre de municipalités et communes de pays développés, les édiles municipaux consacrent tous les jours (les problèmes évoluent ou changent d’un jour à l’autre) une heure de temps pour faire le tour de leurs circonscriptions pour voir ce qui s’y passe. Et ils notent : les feux qui ne fonctionnent pas, les arrêts et stationnements interdits ou outranciers (certains automobilistes se permettent d’arrêter leurs véhicules en deuxième ou troisième position pour…siroter un café). Pendant ce temps, celui qui accompagne ses enfants à l’école peut klaxonner et demander le passage, il ne l’obtiendra jamais. Déguster un café est beaucoup plus important.
Quittez les bureaux !
Ces responsables (au sens propre du mot) relèvent les points où il faudrait absolument prévoir des agents de la circulation pour favoriser la fluidité du trafic ou pour sanctionner ces malotrus qui se garent n’importe où. Ces véhicules de transport collectif qui s’arrêtent où bon leur semble, dans n’importe quelle position faisant fi de toute réglementation en vigueur. Ils relèvent les nids de poule, les bouches d’égout qui ont sauté et dans lesquelles on a mis un carton, une chaise à trois pattes ou un bout de bois, le tout indigne du XXIE siècle. Des traces de conduites posées par la Sonede ou la Steg qui n’ont pas été refermées depuis des mois sinon des années et qui mettent à rude épreuve les amortisseurs des véhicules de leurs concitoyens.
Ces traductions incongrues de plaques de rue qui font honte et qui dénotent un niveau d’instruction des plus aléatoires (du côté d’el Menzah). Des sujets et des motifs d’intervention qui embellissent leurs villes, facilitent la vie et prouvent que ceux qui ont été élus sont bien à la hauteur de leurs responsabilités. Les grands travaux ne sont pas les seuls à mériter des réunions fleuves et des décisions urgentes.
C’est dire que nous avons malheureusement gardé les habitudes de cette bureaucratie qui nous a fait tant de mal et que, malgré les promesses électorales, on s’est empressé d’aller se percher sur un fauteuil, rien n’a encore évolué.
Dans quelque temps, nous reviendrons sur ce qui serait advenu de ces maux qui rongent nos villes et les défigurent pour faire le point.