La Presse (Tunisie)

Rencontre confirmée entre Poutine et Trump

L’incident armé entre l’ukraine et la Russie en mer Noire avait laissé planer un doute sur ce face-à-face

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AFP — La rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine en marge du sommet du G20 et sur fond d’escalade en Ukraine a été confirmée hier par le Kremlin, malgré les menaces du président américain de bouder son homologue russe. «Washington a confirmé la rencontre», a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, précisant qu’elle aurait lieu demain «autour de midi» heure argentine et «pourrait durer près d’une heure». De quoi lever le doute que laissait planer l’impulsif président américain: il avait indiqué que «peut-être» il sècherait cette réunion bilatérale, temps fort annoncé du sommet, en raison de l’incident armé entre l’ukraine et la Russie en mer Noire. Les chefs d’etat et de gouverneme­nt des vingt premières puissances mondiales se réunissent aujourd’hui et demain dans une capitale argentine sous haute surveillan­ce, sur fond d’appels à manifester.

Les autorités redoutent des débordemen­ts, tels que ceux ayant bousculé le sommet du G20 l’an dernier à Hambourg, dans un pays qui se débat contre une interminab­le crise financière.

Hier, la forte présence policière était visible dans les rues par ailleurs calmes de Buenos Aires, tandis que les avions des leaders atterrissa­ient les uns après les autres. La rencontre, dix ans après le premier sommet du G20 à Washington à l’automne 2008, sera rythmée par toute une série d’entretiens bilatéraux prévus par Donald Trump, attendu hier en soirée à Buenos Aires. Le président américain, plus à son aise en tête-à-tête que dans les grandes discussion­s multilatér­ales, doit en particulie­r rencontrer son homologue chinois Xi Jinping. Objectif: tenter d’enrayer l’escalade de représaill­es douanières entre les deux pays, qui menace la croissance mondiale. «Nous espérons que les Etats-unis et la Chine pourront faire un pas l’un vers l’autre», a dit hier un porte-parole du ministère chinois du Commerce. «Un accord qui débouchera­it simplement sur l’achat de plus de marchandis­es américaine­s par la Chine, ou qui ferait de vagues promesses sans calendrier précis, ne ferait que repousser le problème», prévient Paul Haenle, du Tsinghua Center for Global Policy. Reste à voir comment les autres protagonis­tes du G20, groupe qui cumule 85% du PIB mondial, trouveront leurs marques autour des titans chinois et américain.

«Inutile»

En plus des leaders russe et chinois, Donald Trump pourrait avoir une «interactio­n» avec Mohammed Ben Salmane, selon la formulatio­n pudique adoptée par la Maisonblan­che.

Le président américain est l’un des plus solides appuis du prince héritier saoudien qui, selon lui, rend bien des services à l’économie américaine en laissant fléchir le cours de l’or noir. Mais ce soutien ne fait pas l’unanimité aux Etats-unis depuis le meurtre du journalist­e Jamal Khashoggi et alors que la guerre fait toujours rage au Yémen. Face à l’activisme de Donald Trump, les Européens, bien qu’ébranlés par le Brexit et la montée du populisme, tâcheront de défendre le credo du multilatér­alisme, un principe à l’origine même de la première rencontre des leaders du G20 en 2008, en pleine tempête financière. «Si nous ne montrons pas des avancées concrètes, nos réunions internatio­nales deviennent inutiles et même contre-productive­s», avertit Emmanuel Macron dans un entretien hier au quotidien argentin La Nacion. Le président français est arrivé dès mercredi soir pour une courte visite officielle en Argentine avant le sommet.

La difficile question climatique

Ce alors que Donald Trump menace ouvertemen­t ses partenaire­s commerciau­x, dont l’union européenne, de taxes sur l’industrie automobile, maillon crucial du commerce internatio­nal. Dans une note publiée en amont du sommet du G20, le FMI estime qu’à court terme, le PIB mondial pourrait être réduit de 0,75% en raison de l’accroissem­ent des tensions commercial­es.

Pour les plus optimistes, la signature officielle aujourd’hui d’un nouvel accord commercial entre les Etatsunis, le Canada et le Mexique montre que l’administra­tion américaine peut renoncer à sa rhétorique martiale. Reste à savoir si les mêmes Américains sont prêts à signer un autre document à Buenos Aires: le fameux «communiqué final» qui conclut traditionn­ellement les grandes rencontres internatio­nales.

Selon des négociateu­rs, la rédaction d’un passage consacré à la lutte contre le réchauffem­ent climatique, très épineuse depuis le retrait américain de l’accord de Paris, est particuliè­rement ardue.

Le Brésil, membre du G20, vient tout juste d’illustrer ces tensions. Le pays, qui sera dirigé à partir de janvier par Jair Bolsonaro, président élu d’extrême droite et climato-sceptique déclaré, a renoncé mercredi à organiser le sommet sur le climat COP25 en 2019.

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