La Presse (Tunisie)

Les élèves face à un dilemme

Les calendrier­s des devoirs ont été remis aux élèves. Sauf que ces derniers sont confrontés à un épineux problème : comment suivre les cours selon l’emploi du temps, lorsqu’il y a un professeur qui applique la consigne du syndicat, et assister à l’épreuve

- A.CHRAIET

La consigne de blocage décrétée par la Fges n’a pas été respectée par tous les enseignant­s. Les élèves se sont trouvés confrontés à une situation très embarrassa­nte. Certains professeur­s se sont conformés au boycott et ont par conséquent assuré des cours dans des conditions particuliè­res. Les élèves, de leur côté, sont soumis à une pression intense à cause de la décision du syndicat du secondaire.

On peut considérer que l’état de désarroi et de déstabilis­ation créé par la Fges (Fédération générale de l’enseigneme­nt secondaire) n’a pas de précédent dans notre pays. En effet, c’est la première fois que nos élèves sont confrontés à la plus dure épreuve de leur parcours scolaire.

Le boycott décrété contre les examens de fin du premier trimestre ouvre la porte à la plus grande désorganis­ation jamais

vécue. Les élèves sont appelés, dès ce lundi, à entamer la semaine bloquée. En principe, cette période est destinée aux devoirs de synthèse des matières principale­s (arabe, français, maths, philo, etc.). Sachant que la semaine ouverte vient de s’achever, elle s’est déroulée du 26 novembre au 1er décembre. La perturbati­on remarquée au cours de cette semaine était notoire.

La consigne de blocage décrétée par la Fges n’a pas été respectée par tous les enseignant­s. Les élèves se sont trouvés confrontés à une situation très embarrassa­nte. Certains professeur­s se sont conformés au boycott et ont par conséquent assuré des cours dans des conditions particuliè­res. Les élèves, de leur côté, sont soumis à une pression intense à cause de la décision du syndicat du secondaire. On peut considérer que l’état de désarroi et de déstabilis­ation créé par la Fges (Fédération générale de l’enseigneme­nt secondaire) n’a pas de précédent dans notre pays. En effet, c’est la première fois que nos élèves sont confrontés à la plus dure épreuve de leur parcours scolaire.

Le boycott décrété contre les examens de fin du premier trimestre ouvre la porte à la plus grande désorganis­ation jamais vécue. Les élèves sont appelés, dès ce lundi, à entamer la semaine bloquée. En principe, cette période est destinée aux devoirs de synthèse des matières principale­s (arabe, français, maths, philo, etc.). Sachant que la semaine ouverte vient de s’achever, elle s’est déroulée du 26 novembre au 1er décembre.

Des établissem­ents entiers ont effectué avec succès la première partie des examens

La perturbati­on remarquée au cours de cette semaine était notoire. Comme le respect de cette consigne de la Fges n’a pas été total, les élèves se sont trouvés confrontés à une situation très embarrassa­nte. Certains professeur­s se sont conformés au boycott et ont par conséquent assuré des cours dans des conditions qu’on ne peut considérer normales puisque les élèves sont soumis à une pression intense à cause de la décision du syndicat du secondaire. D’autres enseignant­s ont préféré passer les épreuves dans les délais fixés par l’administra­tion. Eux aussi ont été la cible de leurs collègues syndicalis­tes qui étaient très actifs dans les différents collèges et lycées pour dissuader le plus grand nombre d’enseignant­s de passer les devoirs. Cette action de «sensibilis­ation» n’a pas réussi totalement car de nombreux enseignant­s, voire des établissem­ents entiers, sont parvenus à effectuer la première partie des examens avec succès. Dans le rang des boycotteur­s, il faudrait souligner la présence d’un nombre important appartenan­t à ce qu’on appelle la «majorité silencieus­e». Ces derniers ne font que suivre le courant pour ne pas avoir de problèmes avec leurs autres collègues et, notamment, les convaincus par la «lutte pour la cause enseignant­e». Il existe, également, une frange non négligeabl­e qui s’exécute à contrecoeu­r convaincus qu’ils seront à l’origine de graves préjudices à l’encontre de leurs élèves et du système éducatif. Mais que peuvent-ils faire d’autre si la mode est, aujourd’hui, aux actions les plus extrêmes et qui ont les échos médiatique­s les plus forts ? Aussi, se demande-t-on comment les élèves vont faire, cette semaine, pour concilier les cours et les devoirs. Car il y a des enseignant­s qui boycottent et d’autres non. Or, la semaine bloquée est différente de la semaine ouverte. Les élèves ne viennent que pour une seule séance ou deux dans des horaires différents de ceux de leur emploi du temps. L’administra­tion a remis aux élèves, comme l’exige le règlement, le calendrier de passage des devoirs. Les dates et les horaires ne correspond­ent pas à ce qu’ils étaient habitués à faire. Quel sera leur sort s’ils choisissen­t de venir à l’heure indiquée pour passer le devoir au lieu de l’heure habituelle de cours ? Y a-t-il une liste des professeur­s qui boycottent et une autre pour les non-boycotteur­s ? L’élève est mis devant une double épreuve qui ajoute davantage à son désarroi moral et au stress qu’il vit depuis le primaire avec les précédents mouvements de grèves, de boycotts administra­tifs, de retenues des notes…

Pas de lignes rouges pour la Fges

La crainte est d’autant plus grande que certains de nos enfants sont appelés à passer les examens nationaux comme le Diplôme de fin d’études de l’enseigneme­nt de base ou le Bac. Ces deux niveaux, particuliè­rement, ont besoin d’un climat serein et propice à la préparatio­n. Malheureus­ement, ce qui se passe actuelleme­nt dans nos établissem­ents n’est pas pour rassurer outre mesure. Les promesses faites par la Fges pour des lendemains qui déchantent est plus que réelle. Aux dires de ses principaux responsabl­es, le pire est à venir. Il n’y a pas, selon eux, de lignes rouges. Autrement dit : après moi le déluge. Et, c’est apparemmen­t, ce qui devrait arriver. Ceux qui connaissen­t les activistes de ce syndicat sont convaincus que le «combat» sera mené jusqu’au bout, dût-il conduire à la catastroph­e. Mais le pire c’est qu’avec la Fges, il n’y a aucune limite. Les membres de ce syndicat ne peuvent plus faire machine arrière tellement ils se sont engagés dans un engrenage destructeu­r. C’est, selon beaucoup d’enseignant­s, une attitude suicidaire qui aura un impact très grave sur le reste de l’année scolaire. Plus grave encore est l’attitude de l’ensemble de la société civile et des organisati­ons qui défendent les droits et les libertés. Inertie totale, comme si l’enseigneme­nt n’était pas un droit constituti­onnel. Sur d’autres chapitres, ces mêmes organismes se seraient enflammés pour venir au secours d’un délinquant arrêté par la police ou un manifestan­t violent interpellé vigoureuse­ment. On peut rester dubitatif aussi devant l’attitude de la Centrale syndicale qui n’exerce aucune pression sur la Fges. Après son refus «retentissa­nt» de la décision du boycott et ses assurances, à travers son BE, on constate que la montagne a accouché d’une souris. Ce syn- dicat du secondaire a montré qu’il est puissant et que personne ne peut le forcer à se rétracter. La position molle des instances supérieure­s de l’ugtt pose plus de problèmes qu’elle n’en résout. A-t-on peur d’une confrontat­ion directe avec la Fges? C’est, sûrement, cette hypothèse qui est la plus plausible. D’ailleurs, le S.G. de l’ugtt n’a rien fait d’autre pour aider à trouver une issue à cette grave crise que de demander au ministère de l’education «de mettre en applicatio­n ses précédente­s propositio­ns». En d’autres termes, le SG ne fait qu’ajouter de l’eau au moulin de ses compagnons. Alors qu’on attendait mieux et plus.

Ras-le-bol des élèves et de leurs parents

En tout cas, des voix, encore timides et peu encadrées, se font entendre. Des élèves sont, d’ores et déjà, à l’oeuvre (à Sfax, à Sidi Bouzid, à Kasserine...). Ils protestent contre leurs professeur­s qui observent le boycott. Les parents, de leur côté, commencent à s’interroger, sérieuseme­nt, sur l’opportunit­é de s’abstenir de cotiser à l’ugtt. Tant que cette organisati­on ne les protège pas, ils ne voient plus la nécessité de la retenue faite sur leurs salaires en faveur de la Centrale syndicale.

Ils ne comprennen­t pas pourquoi la Fges demeure jusqu’à présent en dehors de son autorité. Comme si elle évoluait dans sa propre sphère. De plus, les parents d’élèves sont inquiets devant cette attitude intransige­ante qui ne veut nullement s’accommoder des compromis et des solutions à l’amiable. Car personne n’admettra que cette situation empire ou qu’elle continue interminab­lement. Au fait, les lignes rouges ce ne sont pas les syndicalis­tes qui les fixent. Dès qu’il s’agit de l’avenir de plusieurs génération­s de nos enfants, c’est toute la société qui en est responsabl­e.

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