Commerce mondial : en attendant la réforme…
C’EST désormais une coutume : les sommets du G20 sont un moment fort de la vie internationale au cours duquel on tente de prendre le pouls des relations entre les dirigeants des pays les plus puissants. Pour la rencontre qui vient de se dérouler en Argentine le 30 novembre et le 1er décembre, les regards étaient braqués sur une rencontre longtemps annoncée entre Donald Trump et Vladimir Poutine, qui n’a finalement pas eu lieu… Qu’à cela ne tienne, les feux des projecteurs n’étaient pas en reste. Une poignée chaleureuse, digne de vieux copains, entre le prince héritier d’arabie saoudite et le président russe – et qui plus est fort démonstrative – n’allait pas manquer d’alimenter les commentaires et les hypothèses les plus hasardeuses. La logique des choses, considérant les soupçons qui pèsent sur le représentant saoudien suite à l’affaire Khashoggi, aurait voulu qu’il fût boudé par ses pairs, et de façon qui ne laissât pas d’ambiguïté. Ce que les images nous ont montré est tout autre : le bon accueil de Poutine n’avait rien d’exceptionnel, au contraire. Plusieurs chefs d’etat ont affiché face au personnage en question une cordialité surprenante…
Mais à côté de cet aspect du sommet où la géopolitique se confond avec le « people », il y avait au menu des dossiers sérieux, dont la refonte des règles du commerce international. Les Européens, en particulier, souhaitent que ces règles soient redéfinies, de manière à éviter les dérives auxquelles on assiste : pas seulement la politique outrancièrement protectionniste qu’a engagée Trump et qu’il promet de durcir encore plus, mais les libertés que s’accorde la Chine vis-à-vis de L’OMC pour inonder les marchés tout en restant protégée grâce à un Etat omniprésent et tutélaire.
Dans quelles mesures le dernier G20 a permis d’avancer en direction d’une nouvelle configuration du commerce mondial, qui soit à la fois plus équitable et plus en accord avec les exigences de croissance, il est difficile de le savoir. Peu a transpiré des tractations qui ont eu lieu. Pour l’instant, le monde se contentera de l’annonce d’une trêve entre les deux géants que sont les Etats-unis et la Chine, les Américains ayant accepté de suspendre leur décision de porter de 10 à 25 % les droits de douane sur l’équivalent de 200 milliards de dollars d’importations chinoises… Mais on prévient que la mesure est provisoire.
On espère en tout cas que le multilatéralisme saura trouver dans l’avenir une règle du jeu nouvelle qui, tout en consacrant le principe de la concurrence loyale, sache aussi faire sa place à la nécessité de ne pas entraver l’essor des jeunes économies, ou de ne pas asphyxier celles qui pour diverses raisons connaissent des difficultés circonstancielles en rapport avec des phases de transition politique. C’est la condition pour que le futur de la planète ne continue pas de rimer avec pauvreté sur de larges portions de ses terres habitées, avec tout ce que cela implique comme conséquence en termes aussi bien de civilisation que de stabilité et de quiétude pour l’humanité.