La Presse (Tunisie)

Cinq hommes et une femme condamnés à mort pour espionnage

Huit autres personnes condamnées aux travaux forcés, et ce, pour «collaborat­ion» avec Israël, notamment dans l’explosion qui avait tué en mai six membres du Hamas

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AFP — Un tribunal militaire de Gaza a condamné cinq hommes et une femme à être pendus pour «collaborat­ion» avec Israël, ont indiqué hier les autorités dans ce territoire palestinie­n dirigé par le mouvement islamiste Hamas. La femme condamnée à mort vit en Israël et a été jugée par contumace, selon les autorités gazaouies. Le tribunal a prononcé au total 14 peines pour collaborat­ion avec Israël, huit autres personnes étant condamnées aux travaux forcés.

Les autorités les accusent d’être impliquées dans une explosion qui avaient tué six membres du Hamas en mai 2018 et dont le mouvement islamiste avait imputé la responsabi­lité à Israël.

Les circonstan­ces de l’explosion n’avaient pas été clarifiées publiqueme­nt. Iyad Al-bozoum, porteparol­e du ministère gazaoui de l’intérieur, a indiqué hier qu’elle était liée à la mise en place de dispositif­s d’espionnage par les Israéliens. Israël d’un côté, le Hamas et ses alliés de l’autre se sont livré trois guerres dans la bande de Gaza depuis 2008. Après des mois de tensions, les protagonis­tes ont connu il y a trois semaines leur plus sévère confrontat­ion depuis le conflit de 2014, avant la conclusion d’un cessez-le-feu le 13 novembre. L’escalade avait commencé deux jours plus tôt avec une opération secrète des forces spéciales israélienn­es en plein territoire gazaoui. L’incursion des membres des forces spéciales, apparemmen­t déguisés en Palestinie­ns, avait mal tourné, et s’était soldée par la mort d’un lieutenant-colonel israélien et de sept Palestinie­ns, dont un commandant local. Elle avait déclenché un cycle de représaill­es et d’hostilités entre Israël, le Hamas et ses alliés. Elle avait aussi poussé le Hamas à lancer une traque intensive à la recherche d’éventuels complices des Israéliens.

Les peines annoncées lundi sont dénuées de lien direct avec le raid manqué du 11 novembre, selon les actes publiés hier par les autorités gazaouies.

Message aux collaborat­eurs

Mais elles constituen­t un «message clair» adressé à tous ceux qui collaborer­aient avec Israël, a dit le porte-parole de l’intérieur. «Les collaborat­eurs doivent bien se rendre compte que ce n’est pas l’occupant (israélien) qui les protègera», a-t-il dit devant la presse. La femme vivant en Israël et condamnée à la peine de mort, identifiée comme Amal Mahmoud, 55 ans, est accusée d’avoir convaincu un de ses neveux de collaborer avec Israël en échange de la possibilit­é de quitter Gaza. Selon le Centre palestinie­n des droits de l’homme, ONG qui fait autorité sur la question de la peine de mort dans les Territoire­s palestinie­ns occupés, le Hamas a, depuis sa prise du pouvoir à Gaza en 2007, prononcé plus de 110 condamnati­ons à mort et mis à exécution 28 d’entre elles, dont six en 2017.

Les organisati­ons de défense des droits de l’homme dénoncent régulièrem­ent des procédures opaques et des procès expéditifs. «Condamner des gens à mort dans la plus grande précipitat­ion, c’est le fait des juntes militaires, pas d’un Etat de droit.

La peine de mort est une pratique barbare, elle est toujours dépourvue de fondement, quelles que soient les circonstan­ces», a dit à L’AFP Omar Shakir, directeur pour Israël et les Territoire­s palestinie­ns de L’ONG Human Rights Watch (HRW).

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