Un centre «aspire» en projet
Un centre haut de gamme ne devrait pas sombrer dans les recrutements de complaisance qui ont fait tant de tort au Lycée sportif.
Le sport tunisien est en voie de mettre en place un centre «aspire», à l’image de celui qui se trouve à Doha. Bien entendu, ce ne sera pas les mêmes objectifs qui seront visés. En effet, les choix des Qataris sont autrement différents que ceux que la Tunisie pourra envisager. Notre population n’est en rien comparable et les bases fondamentales de notre sport diffèrent totalement. La Tunisie a déjà en place des centres de formation ou de promotion, ainsi qu’un lycée sportif qui, théoriquement, groupent les meilleures individualités du pays dans les différentes spécialités. Aspire du Qatar a été mis en place en prévision de doter le sport qatari d’individualités valables, pour le représenter sur le plan international, surtout en football, puisque ce pays organise le Mondial 2022. L’aspire Academy du Qatar essaime sur trois continents: l’asie, l’amérique du Sud et l’afrique. On y prospecte les meilleurs talents qui y jouissent de la meilleure formation possible.
Aspire a ainsi acheté des clubs satellites, dont le club d’eupen, en 2012, mais aussi depuis cette année les formations de Linz, en D2 autrichienne, et du Cultural y Deportiva Leonesa, en D3 espagnole.
Ces clubs achetés à peu de frais, car endettés, sont donc devenus les écoles où les académiques footballeurs, qatariens, sénégalais et autres — pour certains futurs naturalisés Qatariens d’ailleurs — viennent parachever leur apprentissage. Ces derniers jours, des critiques reviennent avec insistance à propos du véritable objectif du programme, à tel point que les observateurs se demandent si le Qatar n’utiliserait pas son programme Football Dreams afin de pouvoir disposer d’une génération de footballeurs naturalisés qui viendraient composer la sélection nationale au Mondial 2022. Le handball a bénéficié de la même démarche et a ainsi pu accéder aux premières loges.
Ce programme séduisant sur le papier pose non seulement un problème d’éthique sur la question de la naturalisation des joueurs, mais conduit surtout à des dérives et pratiques mercantiles avec de jeunes mineurs, notamment de la part d’agents sans scrupules. Mais ce n’est point notre problème. Le nôtre est bien de veiller à faire de ce futur centre de très haut niveau un outil de travail pour la recherche en matière de sport et d’éducation physique.
Les hauts cadres qui se sont expatriés, faute de laboratoires et de moyens techniques et scientifiques, devraient pouvoir revenir pour encadrer nos jeunes chercheurs, actuellement complètement déboussolés par les insuffisances qui règnent dans tous les domaines.
Bien entendu, un centre haut de gamme ne devrait pas sombrer dans les recrutements de complaisance qui ont fait tant de tort au Lycée sportif.
Nous y reviendrons.