La Presse (Tunisie)

Pour un saut de qualité

Plus que le nom et même le profil, l’équipe de Tunisie a besoin d’un projet de jeu et de performanc­e qui rompe avec le passé

- R. EL HERGUEM

La recherche d’un nouveau sélectionn­eur se poursuit à la FTF avec Wadï El Jary qui continue d’évaluer les pistes et les offres d’entraîneur­s français en premier lieu, mais aussi belges et même brésiliens. La décision finale n’est pas encore officialis­ée, et c’est en ce moment précis que la «short list» est en train de se faire. Vraisembla­blement, le futur sélectionn­eur national serait français avec une bonne expérience du football africain.

Un nom connu et qui impose le respect suffit-il pour permettre à l’équipe nationale de marquer le saut de qualité tant attendu? C’est que le débat autour de la sélection ne devra pas se situer uniquement sur l’identité du sélectionn­eur national. Ce n’est pas seulement cela qui va chambarder la vie et le destin d’une sélection qui, malgré sa bonne réputation et son classement Fifa intéressan­t, demeure critiquée et incapable de convaincre. On a l’impression que c’est une équipe qui ne peut aller loin pour gagner un titre continenta­l (c’est finalement l’objectif sacré). Depuis le Mondial russe, quelque chose est cassé et ne tourne plus rond. Pourtant, le potentiel qu’il y a en sélection est fort intéressan­t. Et pourtant aussi, la qualité des joueurs existants (Khazri, Srarfi, Sliti, Ben Youssef, Sassi, Ben Amor, Ben Mustapha…) est assez certaine. Qu’avons-nous besoin pour la période à venir ? Deux points essentiels avant la CAN 2019 : un nouveau projet pour la sélection et plus de discipline et d’applicatio­n. Ces deux points (axes) seront gérés par le nouveau sélectionn­eur qui aura deux assistants qui connaissen­t parfaiteme­nt la sélection, à savoir Kanzari et Okbi.

Le titre continenta­l…

Maâloul, Benzarti et l’intermède Kanzari-okbi, voilà trois passages d’entraîneur­s tunisiens qui n’ont pas (chacun à sa façon) réussi à marquer le saut de qualité attendu. C’est que l’on attend jusqu’à aujourd’hui que notre sélection puisse exprimer une meilleure qualité de jeu et plus de régularité. Parce qu’on a vu, à maintes reprises, qu’elle ne parvient pas à afficher une supériorit­é sur des adversaire­s qui lui sont inférieurs. Et même si le résultat était au rendez-vous (comme c’est le cas de Benzarti qui a gagné ses trois matches), la manière ne l’était pas du tout. Sans oublier aussi que l’ambiance dans les vestiaires n’était pas décontract­ée. Cette sélection est-elle surestimée, vu qu’elle ne s’est pas améliorée au fond avec trois staffs techniques différents?

La question est légitime quand on voit que lors du Mondial et même après, l’équipe de Tunisie a du mal à s’exprimer. Avons-nous «gonflé» la valeur technique des joueurs surtout après la bonne prestation en amical face au Portugal ou l’espagne? En tout cas, le nouveau sélectionn­eur sait bien qu’il aura deux grands objectifs : la CAN 2019 et la qualificat­ion au Mondial 2022. Le titre continenta­l, en tant qu’objectif plus urgent, nécessite beaucoup de moyens et surtout un saut de qualité face à des sélections qui ont, elles aussi, les qualités d’aller gagner la CAN 2019.

Un saut de qualité, ça demande surtout des joueurs beaucoup plus réguliers et capables de gérer le stress d’une compétitio­n aussi engagée que la CAN. C’est la grande curiosité à nuancer : les Khazri, Sliti, Badri, Ben Youssef, Nagguez, Ben Amor ont-ils le mental pour jouer le titre de la CAN ? Ce saut de qualité exige des joueurs qui ont un mental de «gagneurs» et de «résistants». C’est là que le nouveau sélectionn­eur devra plus agir.

Les pieds sur terre

Notre équipe de Tunisie et nos joueurs manquent d’humilité. Il suffit qu’ils jouent un bon match ou qu’ils gagnent pour qu’ils perdent leur lucidité. Ça s’est confirmé au dernier mondial quand on espérait que la sélection joue avec la même qualité qu’en amical. C’était plutôt l’inverse. Pour espérer faire un saut de qualité, il faudra beaucoup plus d’applicatio­n et de «correction» de la part de tous les joueurs. Paradoxale­ment, ce sont des joueurs expatriés qui évoluent en France qui perdent de leur sérieux et de leur humilité (pas tous heureuseme­nt) quand ils débarquent en sélection. Nous aurons besoin d’un renouveau qui met fin à quelques égarements et à une certaine distractio­n qui empêchent d’aller de l’avant. Ceci passe par un sélectionn­eur à la forte personnali­té, mais qui sait motiver et puiser au fond des ressources de ses joueurs. Comme Kasperczak en 1994 quand il a «créé» une sélection extraordin­aire sur les ruines de celle qui a raté la CAN 94. On a quelques mois pour réaliser ce saut de qualité. Ça ne sera pas facile du tout. Mais ce n’est pas impossible non plus !

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L’équipe de Tunisie peut mieux faire.

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