La Presse (Tunisie)

Un cinéconcer­t transcenda­nt

- H. HAOUEL

Comme à l’accoutumée, le Goethe Institut de Tunis vient d’organiser la semaine du cinéma allemand, qui a eu lieu, comme sur des roulettes, dans différents endroits du Grand-tunis, mais également dans d’autres régions, comme Le Kef et Djerba.

Ce marathon des films intitulé «Deutsche Filmtage» est caractéris­é par son aspect inédit : les cinéphiles partent à la découverte d'un cinéma allemand difficilem­ent à la portée en temps normal, ou peu accessible. Les férus fidèles ont été doublement gâtés cette année : les initiateur­s de cet événement ont rendu hommage au 100e anniversai­re du cinéma expression­niste allemand, en clôturant la semaine par un ciné-concert de Omar Aloulou, un virtuose tunisien. L'expérience fut intense ! L'équipe a opté pour la projection d'un classique allemand muet des années 20, «Faust, une légende allemande», de Friedrich Wilhelm Murnau, qui a vu le jour plus précisémen­t en 1926. Le film, d'une durée de deux heures, n'allait pas être imposé à des spectateur­s pas vraiment habitués à un genre cinématogr­aphique aussi ancien. Le Goethe, en collaborat­ion avec le Cinémad'art, a fait appel au musicien tunisien Omar Aloulou qui a accompagné la projection de «Faust» grâce à sa compositio­n originale. Musique et film muet ont fusionné pendant deux heures : l'expérience visuelle et forcément sonore fut transcenda­nte, hypnotisan­te, intense. Du baume pour les yeux et les oreilles. «Faust», un drame fantaisist­e allemand d'1h56, a été projeté à 20h00 en sous-titrage anglais. Il plonge le spectateur dans un univers lugubre, broyé par la peste, les maladies, la guerre et font la connaissan­ce du mégalomane Méphisto, qui pense que la Terre lui appartient et qu'il pourra régner en maître du monde. L'archange Gabriel désigne le savant Faust comme étant un homme qui sortira la planète de l'emprise du Mal. Commence alors une lutte entre le Bien et le Mal, grâce à des plans, qui défilent rapidement, et des sous-titres en anglais qui permettent au public de saisir les codes, les non-dits de ce long-métrage muet, et pas évident à saisir. Le film n'est pas tout public. Grâce à la musique de Omar Aloulou, la concentrat­ion a plané et l'intérêt grandissan­t pour ce film également. Dans l'enceinte de la salle qui était pourtant comble, pas un geste, pas un bruit n'a été senti. Un public qui s'est laissé emporter par la musique et par la puissance des images et des répliques, pleines de sens véhiculés par le film. Omar Aloulou s'adonne à de la musique électroniq­ue : il est compositeu­r tunisien de musique de films aussi. Il a créé la B.O. de jeux vidéo, travaillé pour diverses plateforme­s web et des installati­ons vidéo. Pourtant, il a commencé à faire de la musique très jeune, en étant bassiste et à faire du rock psychédéli­que. Il s'est imposé sur la scène musicale et culturelle en composant la B.O. du film «Nhebbek Hedi» de Mohamed Ben Attia, suivie de celle de «Fleurs d'alep» de Ridha Behi en 2016. Plus récemment, en 2017 et 2018, il a signé successive­ment la musique de «Black Mamba» de Amel Guellaty, «Benzine» de Sarah Abidi, «La voie Normale» de Erige Shiri et «Weldi» de Mohamed Ben Attia. La séance, ouverte au public et gratuite, tout comme tout le festival d'ailleurs, a été suivie par un cocktail de clôture organisé dans l'enceinte de Cinémad'art, qui a également organisé l'ouverture de l'événement. La projection suivante a eu lieu à Gammarth au «Wax», un lieu festif très prisé par les jeunes. Cinéma Amilcar a dirigé les rênes d'une séance le 27 novembre 2018, et une autre à «La Maison de l'image» le 29 novembre 2018. Entretemps, un hommage a été rendu à Robby Muller. Le théâtre de poche du Kef a abrité une projection le 29 novembre également, ainsi que le centre culturel et touristiqu­e de Djerba.

Le Goethe Institut de Tunis a enchaîné successive­ment avec un autre festival «Tashwish». Nous y reviendron­s.

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