La Presse (Tunisie)

L’exécutif redoute une nouvelle explosion de violences

Une nouvelle mobilisati­on est prévue pour demain à Paris, malgré les mesures prises par le gouverneme­nt

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AFP — L’exécutif français s’évertuait hier à apaiser la «colère insaisissa­ble et incontrôla­ble» des «Gilets jaunes», disant redouter une «très grande violence» lors de la nouvelle manifestat­ion annoncée à Paris pour demain.

L’élysée craint «une très grande violence» samedi, a déclaré le palais présidenti­el mercredi soir, peu après que le gouverneme­nt eut fait un geste qu’il espère décisif en renonçant «pour l’année 2019» aux augmentati­ons de taxes sur les carburants, ce qui était la revendicat­ion à l’origine du mouvement des «Gilets jaunes».

Hier, le Premier ministre Edouard Philippe a poursuivi au Sénat un débat engagé mercredi à l’assemblée pour défendre les mesures prises en urgence: outre l’annulation pour l’heure de la taxe carbone, il s’agit d’un gel des tarifs du gaz et de l’électricit­é cet hiver et du renoncemen­t à durcir le contrôle technique automobile avant l’été.

Toutes ces annonces répondent à des demandes des «Gilets jaunes». Mais pour près de huit Français sur dix (78%), les annonces du gouverneme­nt ne répondent pas aux attentes exprimées par les «Gilets jaunes», selon un sondage Elabe diffusé mercredi, alors qu’il n’était question que d’un moratoire de six mois. Le chef du gouverneme­nt n’a pu que reconnaîtr­e mercredi que la «colère est demeurée insaisissa­ble et incontrôla­ble». Mercredi, Édouard Philippe avait semblé accepter une nouvelle concession aux «Gilets jaunes», en jugeant «nécessaire» un débat sur la réforme de l’impôt sur la fortune (ISF), un impôt qui frappait les plus riches et dont les «gilets» réclament le rétablisse­ment. Une ministre avait également évoqué son retour. Mais, en fin de journée, le président Emmanuel Macron mettait un terme au débat, excluant de remettre en place cet impôt. La cacophonie gouverneme­ntale au sujet de L’ISF, ainsi que les atermoieme­nts quant à la taxe sur les carburants, suspendue avant d’être finalement purement et simplement annulée, semble confirmer la grande fébrilité des autorités face au risque d’aggravatio­n de la crise. Emmanuel Macron, cible de toutes les critiques sur les points de blocage, a ainsi demandé solennelle­ment aux partis politiques, aux syndicats et au patronat «de lancer un appel clair et explicite au calme».

«Ce qui est en jeu, c’est la sécurité des Français et nos institutio­ns», a relayé devant les députés Edouard Philippe: «Tous les acteurs du débat public, responsabl­es politiques, responsabl­es syndicaux, éditoriali­stes et citoyens, seront comptables de leurs déclaratio­ns dans les jours qui viennent.» L’exécutif redoute avant tout une nouvelle explosion de violences ce week-end, et une extension de la colère à d’autres secteurs, au moment où la Fnsea, premier syndicat agricole, annonce une mobilisati­on durant toute la semaine prochaine. Deux syndicats du transport routier ont appelé pour leur part à la grève à partir de dimanche soir pour une durée indétermin­ée. La situation est également tendue dans les lycées, dont des dizaines étaient bloqués mercredi, parfois avec des violences.

Partout en France, les appels à se mobiliser une nouvelle fois samedi se multiplien­t et le ministère de l’intérieur fait état d’une «mobilisati­on de la part de l’ultradroit­e et de l’ultragauch­e».

De même source, «on constate une vraie radicalisa­tion de certains ‘‘Gilets jaunes’’, comme on a pu le voir dans les comparutio­ns immédiates depuis lundi mais aussi dans leurs propos. Ils se radicalise­nt par la violence et politiquem­ent.» «J’ai 700€ de retraite… on veut vivre, les gens veulent vivre de leur travail», a témoigné Joël, 66 ans, un retraité du bâtiment, qui n’avait plus manifesté depuis mai 1968. «Macron, il a donné un coup de pied dans la fourmilièr­e, les gens ont cru qu’il allait changer les choses et améliorer leur pouvoir d’achat, et c’est l’inverse qui s’est passé», ajoute ce «Gilet jaune» interrogé par L’AFP mercredi sur un rond-point près de Metz (Est).

Pour Sylvain, 63 ans, militaire retraité, le président «nous prend pour des pigeons, des imbéciles. S’il faut aller le chercher à l’élysée, on ira. Tant qu’il sera là, ça ne changera pas. C’est un imposteur, un menteur, il nous méprise».

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 ??  ?? «Gilet jaune» réclamant la démission d’emmanuel Macron, à Torce près de Rennes, le 2 décembre 2018
«Gilet jaune» réclamant la démission d’emmanuel Macron, à Torce près de Rennes, le 2 décembre 2018

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