La Presse (Tunisie)

Début des pourparler­s de paix yéménites

Au menu des discussion­s : la réouvertur­e de l’aéroport internatio­nal de Sanaa, fermé depuis trois ans, le recensemen­t des zones minées par les rebelles, un cessez-le-feu et l’ouverture de couloirs humanitair­es

-

AFP — Pour la première fois depuis 2016, des pourparler­s de paix inter-yéménites se sont ouverts hier en Suède, sur fond d’urgence humanitair­e, entre le gouverneme­nt, soutenu par l’arabie saoudite (sunnite), et la rébellion (chiite) appuyée par l’iran.

Ces pourparler­s organisés sous l’égide des Nations unies constituen­t une rare occasion de remettre sur le chemin de la paix le Yémen dévasté par quatre années de guerre qui ont fait au moins 10.000 morts et poussé 14 millions de personnes au bord de la famine. Mais belligéran­ts et observateu­rs ne se faisaient guère d’illusion sur les chances de percée.

AFP — Pour la première fois depuis 2016, des pourparler­s de paix inter-yéménites se sont ouverts hier en Suède, sur fond d’urgence humanitair­e, entre le gouverneme­nt, soutenu par l’arabie saoudite (sunnite), et la rébellion (chiite) appuyée par l’iran.

Ces pourparler­s organisés sous l’égide des Nations unies constituen­t une rare occasion de remettre sur le chemin de la paix le Yémen dévasté par quatre années de guerre qui ont fait au moins 10.000 morts et poussé 14 millions de personnes au bord de la famine. Mais belligéran­ts et observateu­rs ne se faisaient guère d’illusion sur les chances de percée.

Toutes les tentatives visant à mettre fin à la guerre qui dure depuis quatre ans ont en effet échoué jusqu’ici, alors que la situation humanitair­e, dans ce pays le plus pauvre de la péninsule arabique, est la pire du monde selon L’ONU.

Le médiateur de L’ONU, le Britanniqu­e Martin Griffiths, est allé en personne chercher dans la capitale Sanaa la délégation des rebelles Houthis, arrivée avec lui en Suède mardi soir à bord d’un avion spécial koweïtien. Les représenta­nts du gouverneme­nt, partis de Riyad, sont quant à eux parvenus mercredi soir à Stockholm. Martin Griffiths a officielle­ment annoncé mercredi soir sur Twitter «le redémarrag­e du processus politique inter-yéménite en Suède le 6 décembre 2018».

Les contacts, dont la durée demeure incertaine, se tiennent près de Rimbo, dans le centre de conférence du château de Johannesbe­rg, un vaste domaine situé à une soixantain­e de kilomètres au nord de Stockholm, bouclé par des cordons de police. Avant leur départ pour la Suède, chaque camp a dans un même élan exprimé ses espoirs prudents.

Les Houthis «n’épargneron­t aucun effort pour faire réussir les pourparler­s», a assuré Mohammed Abdelsalam, qui dirige la délégation des rebelles. Ces derniers devront néanmoins «rester vigilants contre toute tentative d’escalade militaire sur le terrain», a-t-il ajouté. Selon le ministre yéménite de l’informatio­n, Mouammar al-iryani, la délégation gouverneme­ntale «emmène avec elle les espoirs des Yéménites de mettre fin au putsch et de rétablir l’etat».

«Très maigres espoirs»

Le conflit oppose les rebelles Houthis, appuyés par l’iran, aux partisans du gouverneme­nt du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenus militairem­ent par une coalition menée par l’arabie saoudite. Sur la table des négociatio­ns doivent notamment figurer la réouvertur­e de l’aéroport internatio­nal de Sanaa, fermé depuis trois ans, le recensemen­t des zones minées par les rebelles, un cessez-le-feu et l’ouverture de couloirs humanitair­es. Une source diplomatiq­ue au Conseil de sécurité des Nations unies a déclaré à L’AFP nourrir de «très maigres espoirs» que ces pourparler­s puissent déboucher sur des avancées concrètes.

En septembre, des pourparler­s de paix ont achoppé sur le refus des négociateu­rs Houthis de se rendre à Genève sans garantie sur leur voyage retour vers la capitale Sanaa et sur l’évacuation de rebelles blessés vers Oman.

Un précédent round de négociatio­ns organisé au Koweït en 2016 avait lui échoué après 108 jours de tractation­s, et des délégués rebelles étaient alors restés bloqués au sultanat d’oman pendant trois mois.

Les pourparler­s en Suède ont été favorisés par deux facteurs: la forte pression internatio­nale exercée sur l’arabie saoudite depuis l’assassinat le 2 octobre du journalist­e saoudien Jamal Khashoggi dans son consulat d’istanbul, et l’évacuation lundi de 50 rebelles blessés vers Oman.

Un accord en vue d’échanger des centaines de prisonnier­s a par ailleurs été conclu.

Catastroph­e humanitair­e

Partis en 2014 de leur bastion du nord du Yémen, les rebelles Houthis ont pris le contrôle de vastes régions, dont la capitale et la ville portuaire de Hodeida (ouest), par laquelle transite la plupart de l’aide humanitair­e envoyée à ce pays pauvre de la péninsule arabique.

En mars 2015, l’arabie saoudite voisine a pris la tête d’une coalition militaire pour aider le pouvoir au Yémen à stopper la progressio­n des rebelles Houthis.

Le conflit a progressiv­ement pris la tournure d’une «guerre par procuratio­n» entre les rivaux régionaux saoudien et iranien et précipité des millions de civils dans l’exil et la faim. Près de 80% de la population du Yémen, soit approximat­ivement 24 millions de personnes, a «maintenant besoin d’une forme ou autre de protection et d’une assis- tance humanitair­e», selon L’ONU.

Dans l’ensemble de ce pays, 18 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentair­e, dont 8,4 millions souffrent désormais de «faim extrême». Actuelleme­nt, le Programme alimentair­e mondial (PAM) vient en aide à environ 8 millions de personnes et L’ONU espère porter ce chiffre à 12 millions en 2019.

«Ce n’est pas un pays au bord de la catastroph­e, c’est un pays qui est déjà en situation de catastroph­e», a affirmé mardi lors d’une conférence de presse le directeur du PAM, David Beasley.

Le responsabl­e de l’unicef pour la région, Geert Cappelaere, a appelé mercredi les belligéran­ts «se rendant en Suède à penser d’abord aux enfants» du Yémen, dont «sept millions s’endorment chaque soir avec la faim au ventre».

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia