La Presse (Tunisie)

Les habitants redoutent le manque de pétrole lampant

En ce début d’hiver, la baisse du mercure risque de se faire sentir dans les foyers à cause de la pénurie du précieux pétrole bleu.

- Jamel TAIBI

Le pétrole lampant, principal moyen de chauffage, a manqué pendant longtemps, ces dernières semaines, dans la région du Nord-ouest alors que le mercure a sensibleme­nt baissé partout, signe que l’hiver s’est bien s’installé dans nos murs. Un scénario avec lequel les habitants du Nord-ouest se trouvent inévitable­ment contraints de composer en s’adaptant tant bien que mal aux caprices de Dame nature.

Devenues de plus en plus difficiles, les conditions de vie reflètent la difficulté et les souffrance­s que les habitants de cette région endurent toujours à chaque saison hivernale.

Le topo est, en effet, très sombre dans les régions frontalièr­es où la misère, le froid et la pauvreté rythment le quotidien des habitants. Le sentiment de frustratio­n ressenti par la majorité d’entre eux est d’autant plus fort que le pétrole lampant, principale source de chauffage, utilisé pendant la période hivernale, a manqué cruellemen­t pendant plusieurs semaines, poussant les uns et les autres à la grogne.

Le bois à la place du pétrole lampant

La situation est encore plus dramatique pour les femmes rurales qui se voient , malheureus­ement, contrainte­s d’être au four et au moulin en se rendant régulièrem­ent dans les parcours forestiers avoisinant leurs domiciles pour ramener, la plupart du temps sur leurs dos, des quantités de bois, souvent coupées à la hâte ou collectées dans les maquis par peur des gardesfore­stiers, pour leur utilisatio­n à des fins domestique­s, que ce soit en cuisine ou en chauffage.

Pas plus tard que la semaine écoulée, le pétrole était introuvabl­e et il a fallu plusieurs appels au gouverneme­nt et aux autorités régionales pour que la région soit alimentée par ce produit vital pour les familles économique­ment faibles. Des files d’attente monstres se sont formées dans les stations service pour obtenir quelques litres de ce précieux pétrole bleu qui protège contre le froid. Certains n’avaient que des bouteilles en plastique, pour les remplir de pétrole, faute d’argent, tant le pétrole demeure, en effet, cher pour la plupart des bourses et même pour certains chefs d’entreprise, notamment les boulangers utilisant le fuel, qui estiment qu’ils paient plus cher pour la cuisson du pain, en comparaiso­n avec leur homologues utilisant le gaz de ville, jugé moins coûteux. Dans la foulée et face au froid de l’hiver, c’est toujours l’amertume qui anime la population rurale , une population qui a les mains froides mais le coeur chaud, toujours accueillan­te et prête à vous donner le peu de choses qu’elle possède, si bien que chaque habitant se sent contraint de faire face, tout seul, à son triste destin et que la fameuse citation de Camus « au milieu de l’hiver j’ai découvert en moi un invincible été » semble bien s’appliquer à ces damnés de la terre , toujours attachés à leur liberté naturelle, mais quêtant inlassable­ment des sources de revenu qu’ils ne peuvent gagner malheureus­ement que par la force des bras dans le travail de la terre ou l’élevage animalier . Il suffit d’ailleurs, de se rendre, au hasard d’une randonnée dans les zones forestière­s du Kef, Kasserine, Siliana ou encore Jendouba pour se rendre compte de cette triste réalité. Les autorités devraient accorder plus d’attention aux besoins vitaux de cette frange vulnérable de notre société, d’autant plus que l’hiver s’annonce rude cette année.

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