La Presse (Tunisie)

Des distinctio­ns, oui mais…

Etre acteur est un métier à part entière qui mérite plus de considérat­ion et surtout de protection. Une carte profession­nelle devrait assurer la protection de ces artistes pour qu’ils puissent jouer leur rôle pleinement.

- Neila GHARBI

Etre acteur est un métier à part entière qui mérite plus de considérat­ion et surtout de protection. Une carte profession­nelle devrait assurer la protection de ces artistes pour qu’ils puissent jouer leur rôle pleinement

Les films tunisiens, là où ils passent, dans les festivals, raflent des prix. Parmi ces prix, celui de l’interpréta­tion masculine. Rares sont les actrices qui ont pu bénéficier de ce titre, même Hind Sabri, qui tient le haut du pavé dans les fictions égyptienne­s, n’a réussi à être récompensé­e qu’en Egypte. Elle a été sacrée meilleure actrice en recevant le prix d’excellence Faten Hamama lors de la 39e édition du Festival internatio­nal du film du Caire 2017. Mais elle a été peu récompensé­e pour ses prestation­s dans les films tunisiens. L’unique récompense est le prix d’interpréta­tion féminine pour son rôle dans «Les silences du palais» de Moufida Tlatli aux JCC 1994. Tandis qu’amel Hedhili et Néjia Ouerghi ont bénéficié du prix du meilleur second rôle féminin pour le même film. Jalila Baccar, plus connue pour ses prestation­s au théâtre, a récolté au cours de sa carrière cinématogr­aphique deux prix : le prix de la meilleure actrice dans «Arab» de Jaziri et Jaïbi au festival de Taor- mina en 1988 (Italie) et pour «Poussière de diamant» de Mahmoud Ben Mahmoud dans le même festival en 1991. L’actrice Rym Turki, absente des écrans depuis des années, a obtenu le prix d’interpréta­tion féminine au FIF du Caire en 1998 pour son rôle dans «Keswa, le fil perdu» de Kalthoum Bornaz. Tandis que le collectif Amel Hedhili, Nadia Kaci (actrice algérienne) et Leïla Nassim a reçu le prix d’interpréta­tion féminine au festival du film francophon­e de Namur en 1997 pour leur prestation dans «Bent familia» de Nouri Bouzid. Excepté Hind Sabri qui réussit une carrière en Egypte, les autres actrices ont soit très peu apparu au cinéma à l’instar de Amal Hedhili réapparue dans «Tunis by night» d’elyès Baccar, soit elles ont carrément abandonné le domaine et sont tombées dans l’oubli. Plusieurs acteurs et actrices se plaignent que les réalisateu­rs ne leur fassent plus appel lorsqu’ils reçoivent un prix dans un festival. C’est le cas de Lamine Nahdi, roi de la comédie en Tunisie, qui n’a décroché qu’un rôle dans le film «Sois mon amie» de Nacer Ktari après le prix du meilleur acteur qui lui a été accordé aux JCC pour son rôle dans «Arab». Depuis, il se contente de ses one man show qu’il réussit avec brio. Parmi les acteurs primés qui n’ont plus joué dans des films : Sélim Boughedir, meilleur prix d’interpréta­tion masculine aux JCC 1990 pour «Halfaouine, l’enfant des terrasses» de Férid Boughedir, Adel Kechiche meilleur acteur au festival de Damas (Syrie) et Namur (Belgique) 1992 pour «Bezness» de Nouri Bouzid. Adel Kechiche, a réalisé une carrière fulgurante en tant que réalisateu­r en France et obtenu la Palme d’or à Cannes avec son film «La vie d’adèle».

Plus récemment, Raouf Ben Amor, acteur de théâtre et de cinéma, a remporté, après une longue carrière, le prix d’interpréta­tion masculine au FIF du Caire 2017 pour son rôle dans «Tunis by night» d’elyès Baccar. Abdelmonem Chouayet a, pour sa part, obtenu le prix du meilleur acteur aux JCC 2017 et au festival du cinéma arabe d’oujda 2018 pour «Mustapha Z» de Nidhal Chatta. Mohamed Dhrif, comédien de théâtre, a été sacré meilleur acteur au festival du cinéma d’el Gouna (Egypte) 2018. Ahmed Hafiane a lui aussi été gratifié du prix du meilleur acteur aux JCC 2018 pour «Fatwa» de Mahmoud Ben Mahmoud. Auparavant, il avait campé le rôle principal dans «Le Professeur» du même réalisateu­r. Toutes ces distinctio­ns devraient, en principe, ouvrir grandes les portes à ces acteurs et actrices dont certains sont contraints soit de changer de métier à l’issue d’une apparition orpheline dans un film, soit de poursuivre une carrière au théâtre ou dans de rares fictions télévisées. Etre acteur est un métier à part entière qui mérite plus de considérat­ion et surtout de protection. On ne peut pas s’improviser acteur du jour au lendemain. Une carte profession­nelle devrait assurer la protection de ces artistes pour qu’ils puissent jouer leur rôle pleinement.

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Ahmed Hafiane, prix des JCC 2018
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Jalila Baccar, prix de la meilleure actrice dans «Arab» de Jaziri et Jaïbi au Festival de Taormina en 1988 (Italie)
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Ahmed Hafiane, prix des JCC 2018

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