La Presse (Tunisie)

Un sommet régional pour résoudre le conflit entre les deux pays ?

C’est la demande du président burundais, qui se plaint de tentatives de déstabilis­ation de son voisin rwandais…

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AFP — Le président burundais Pierre Nkurunziza a exigé la tenue d’un sommet spécial des chefs d’état de la région consacré à ce qu’il qualifie de «conflit ouvert» avec son «ennemi» et voisin rwandais, a-t-on appris hier auprès de la présidence. Dans une lettre ayant fuité sur les réseaux sociaux et dont l’authentici­té a été confirmée à L’AFP par une source au sein de la présidence, M. Nkurunziza a accusé le Rwanda, comme il l’a déjà fait à de nombreuses reprises, d’être à l’origine de la crise que traverse le Burundi depuis avril 2015.

Il a soutenu notamment que son voisin recrute et soutient de jeunes réfugiés burundais qui tentent ensuite de «déstabilis­er» le Burundi.

Le Rwanda «est le principal facteur de déstabilis­ation de mon pays et par conséquent, je ne le considère plus comme un pays partenaire, mais comme un ennemi», a tancé le président burundais dans cette lettre datée du 4 décembre et adressée à son homologue ougandais Yoweri Museveni, médiateur dans la crise burundaise.

Après avoir provoqué le report d’un sommet de la Communauté d’afrique de l’est (EAC) fin novembre, qui portait notamment sur la crise burundaise, M. Nkurunziza a exigé «l’organisati­on d’un sommet extraordin­aire dont l’agenda sera de trouver une solution à la question du conflit ouvert entre le Burundi et le Rwanda».

M. Nkurunziza, qui accuse régulièrem­ent le Rwanda d’être le «cheval de Troie» de l’ancien colon belge et de l’union européenne, estime que c’est au terme d’un tel sommet que le gouverneme­nt pourra participer à un dernier round du dialogue interburun­dais de sortie de crise. Il a toutefois réitéré que le gouverneme­nt refuse de discuter avec l’opposition en exil, qu’il accuse d’avoir fomenté un coup d’etat.

«Le fait de voir Nkurunziza déclarer le Rwanda comme son +ennemi+ est très grave et très inquiétant», a réagi un diplomate africain sous le couvert de l’anonymat.

«Cette volonté délibérée de régionalis­ation de la crise burundaise est une fuite en avant, un tournant dangereux qui peut avoir de graves conséquenc­es dans une région très instable», a renchéri un autre diplomate africain. Le Burundi est en crise depuis que M. Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidatur­e à un troisième mandat controvers­é. Sa réélection en juillet de la même année a déclenché une crise qui a fait au moins 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes. La Cour pénale internatio­nale a ouvert une enquête.

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