La Presse (Tunisie)

Les Rohingyas prêts à partir à tout prix

Pris au piège dans des camps où ils mènent une existence précaire, les réfugiés musulmans tentent de fuir, au péril de leur vie et de leurs maigres économies… Le HCR tire la sonnette d’alarme !

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AFP — Les musulmans rohingyas, qui ont payé des centaines de dollars pour fuir les camps de déplacés en Birmanie, ont «un besoin urgent d’assistance» depuis qu’ils ont été interpellé­s en mer et forcés au retour, a déclaré hier à L’AFP le Haut commissari­at de L’ONU aux réfugiés. Quelque 120.000 Rohingyas sont entassés dans des camps en Birmanie depuis que des violences intercommu­nautaires ont éclaté en 2012 entre des membres de cette minorité musulmane apatride et des milices de l’ethnie bouddhiste rakhine. Alors qu’ils devaient n’y rester que provisoire­ment, ils y sont coincés depuis des années avec un accès aux soins, à l’éducation et à un emploi qui reste très difficile.

La mousson s’achevant et la mer d’andaman étant par conséquent plus calme, les candidats au départ reprennent la mer, au péril de leur vie, sur des embarcatio­ns de fortune dans l’espoir pour beaucoup d’atteindre la Malaisie ou l’indonésie.

Cette semaine, un navire est parvenu à atteindre Aceh, une ville connue pour son islam conservate­ur située dans l’extrémité nord de l’île indonésien­ne de Sumatra. Mais plusieurs autres ont été intercepté­s dans les eaux territoria­les birmanes et les Rohingyas à leur bord renvoyés dans les camps.

Un grand nombre d’entre eux ont vendu tous leurs biens pour payer les frais exorbitant­s aux trafiquant­s, a relevé la porte-parole de l’agence des Nations unies pour les réfugiés, Aoife Mcdonnell. Ils ont «un besoin urgent d’assistance», a-t-elle ajouté. Certains auraient payé jusqu’à 700 dollars pour obtenir une place dans les embarcatio­ns.

Les journalist­es ne sont pas autorisés à pénétrer dans les camps sauf à l’occasion de brèves visites organisées par le gouverneme­nt. Mais, un jeune Rohingya du camp de Thechaung près de Sittwe, la capitale de l’état Rakhine, contacté au téléphone, a raconté à L’AFP avoir dû vendre ses tickets de rationneme­nt pour l’aider à payer les 385 dollars aux trafiquant­s. «Ils n’ont rien à manger», a déclaré un Rohingya du camp voisin de Thetkal Pyin. «Ils ne peuvent pas récupérer leur argent».

D’après le colonel Kyi Linn, le chef de la police de l’état Rakhine, six trafiquant­s ont déjà été arrêtés. Mais «les zones sont vastes et nous ne pouvons pas tout contrôler», a-t-il relevé.

En 2015, des milliers de Rohingyas avaient tenté de fuir la Birmanie. Les observateu­rs ne pensent pas que les candidats au départ soient aussi nombreux cette année.

«Cette fois, nous n’avons pas de gros bateaux en partance», a relevé Chris Lewa, de L’ONG Projet d’arakan.

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