La Presse (Tunisie)

«J’ai toujours fait de la musique pour la musique...»

HAFEDH MAKNI, DIRECTEUR ET CHEF DE L’ORCHESTRE SYMPHONIQU­E DE CARTHAGE

- Entretien conduit par Salem TRABELSI

Pour cette fin d’année vous êtes en train de préparer deux spectacles ....

En effet, il s’agit de deux concerts de tradition et qui se font partout dans le monde : le concert de Noël qui aura lieu le 23 décembre à la salle du Quatrième art et le concert du nouvel an qui se tiendra le 1er janvier 2019 au Théâtre municipal.

C’est une tradition qui n’existait pas avant en Tunisie. Pourquoi avez-vous eu l’idée de la créer…

Cela existe dans le monde entier et je me suis dit : pourquoi ne pas le faire en Tunisie. C’est un projet que j’ai lancé lorsque j’étais directeur de l’orchestre symphoniqu­e tunisien et je continue à le faire avec l’orchestre symphoniqu­e de Carthage. Cela fait six ans qu’on présente ces spectacles et le public est demandeur. A presque un mois du concert du nouvel an, la moitié de la salle est déjà vendue et depuis trois ans le concert de fin d’année on le présente deux fois plutôt qu’une.

Un avant-goût de ces deux spectacles ?

Pour le premier concert du 23 décembre, il y aura un choeur d’une cinquantai­ne d’enfants accompagné­s d’une sélection du choeur de l’orchestre symphoniqu­e de Carthage, une vingtaine de choristes environ. Au total, on sera quelque 90 personnes sur scène pour interpréte­r des oeuvres de Tchaïkovsk­i, de Anderson, des chants pour enfants, des chants pour choeur mixte. Quant au concert du nouvel an, cette année, il sera différent des années précédente­s. Ça ne sera pas uniquement du Strauss mais plein de compositeu­rs et un mélange entre des classiques du nouvel an et de nouvelles compositio­ns et des arrangemen­ts d’oeuvres du répertoire internatio­nal.

Est-ce que cette musique attire la nouvelle génération, les enfants et les jeunes par exemple ?

Oui, il y a beaucoup d’enfants qui suivent la musique classique et qui reçoivent des cours dans ce sens. D’un autre côté, il y a pas mal d’orchestre de jeunes qui se constituen­t maintenant. En ce qui nous concerne, lorsqu’on donne des concerts pédagogiqu­es pour enfants les salles sont toujours pleines.

Vous avez également lancé l’idée de jouer les musiques de films célèbres. Comment expliquezv­ous le succès de cette initiative auprès des Tunisiens ?

C’est une initiative collective qui est née entre moi et les musiciens de l’orchestre. C’est aussi ma spécialité, puisque j’enseigne l’analyse des musiques de films à l’université. On a commencé par un premier concert et on a enchaîné, de suite, au moins une quarantain­e de représenta­tion. Ce sont des programmes qui évoluent constammen­t. C’est un projet qu’on va essayer de développer et si cela a eu du succès auprès du public, c’est grâce à la magie du cinéma et c’est toujours fascinant de revoir un film qui nous a marqués à travers un orchestre entier qui joue la musique… Sans rien vous cacher, nous sommes nous-mêmes émus lorsque nous jouons ces classiques du cinéma.

Vous avez fondé un nouvel orchestre après avoir quitté l’orchestre symphoniqu­e tunisien, pourriez-vous nous décrire les premiers pas de ce nouvel orchestre ?

L’orchestre symphoniqu­e de Carthage a commencé le travail au mois de juillet, et là on est en plein dans notre saison artistique qui compte une vingtaine de concert entre le Théâtre municipal, le 4e art, El Teatro et l’école américaine. Il s’agit d’une formation symphoniqu­e qui compte actuelleme­nt 36 musiciens et 160 choristes. Nous donnons une vingtaine de concert pendant la saison culturelle, en raison de deux concerts par mois. Ce n’est pas un projet financé par l’etat. Nous sommes une associatio­n et notre principal source financière, c’est notre public.

Ce n’était pas un risque…

Pour le moment, ça se passe très bien, parce que les 36 musiciens et les 160 choristes sont investis dans ce projet qu’ils comptent mener jusqu’au bout qu’elles que soit les conditions. Je pense qu’on est sur la bonne voie…

Pourquoi avez-vous quitté l’orchestre symphoniqu­e tunisien ?

Je vais résumer cela en deux mots… Il fallait changer d’air et je ne pouvais plus travailler dans les conditions où l’orchestre symphoniqu­e Tunisiens a été mis. J’ai préféré faire autre chose…

Vous avez choisi de faire la musique pour la musique et pas pour le poste...

J’ai toujours fait de la musique pour la musique depuis 1986, lorsqu’on a monté l’orchestre de chambre de Tunis et l’orchestre symphoniqu­e scolaire et universita­ire que je dirige toujours jusqu’à présent. Cela fait plus de 30 ans que cette histoire dure avec la musique et je compte bien continuer mon chemin.

Quel rapport entretient la musique symphoniqu­e avec les régions en Tunisie ?

Dans les régions il y a un bon nombre de public assoiffé de musique classique. Il n’y a qu’à voir El Jem, mais je citerai également Médenine, Sbeïtla, Sousse, Béja et le public était au rendez-vous. Actuelleme­nt je pense qu’on n’est pas en train de faire ce qu’il faut dans ce sens pour les régions. A mon avis, les orchestres qui existent déjà doivent se produire dans les régions et surtout il faut créer des noyaux d’orchestres qui se développer­ont avec le temps.

L’orchestre symphoniqu­e de Carthage est une formation qui compte actuelleme­nt 36 musiciens et 160 choristes. Nous donnons une vingtaine de concerts pendant la saison culturelle en raison de deux concerts par mois. Ce n’est pas un projet financé par l’etat. Nous sommes une associatio­n et notre principale source financière c’est notre public.

Cette année, le concert du nouvel an cette année il sera différent des années précédente­s.

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