La Presse (Tunisie)

Le bricolage a ses limites

- Par Jalel MESTIRI

Par Jalel MESTIRI

Le manque de moyens sous ses différente­s formes est devenu l’une des principale­s singularit­és du football tunisien. Le constat, qui manquait de validité empirique dans le passé, distinguai­t les clubs aux gros budgets de ceux qui comme toujours n’avaient presque pas de ressources, et particuliè­rement de bailleurs de fonds et d’investisse­urs. Aujourd’hui, la différenci­ation a pris une nouvelle significat­ion. Elle touche même ce qu’on appelle communémen­t les grands clubs, au moment où certains sont frappés du sceau des dépenses démesurées et effrénées. Lorsque l’on soulève le couvercle de la Ligue 1, l’on ne peut se retenir devant le gâchis auquel les clubs tunisiens s’adonnent. Il convient de souligner à cet effet l’émergence d’un nouvel ordre sportif.

En ce temps de bilan, consolant pour certaines équipes, désolant pour d’autres, évoquer la reconversi­on et les dérives du football tunisien ne sera pas de trop. Plus encore, cela pourrait confirmer l’incapacité de pouvoir prendre le bon chemin. Ce qui se disait à demimot par les plus avertis se confirme: le football d’aujourd’hui, son appareil et ses hommes sont en train de souiller un passé et monument prestigieu­x... Incapables de comprendre qu’un nouveau monde est né, la plupart des responsabl­es, parachutés accidentel­lement dans le sport depuis 2011, font la sourde oreille aux appels à la raison. Sourds et méprisants devant les colères qui grondent autour du football. Ils ont abaissé la fonction ‘’responsabl­e’’ par des actes dont elle risque de ne pas se relever de sitôt.

Certains clubs et leurs dirigeants dérogent cependant à la règle. Ils continuent à faire de la résistance sans parvenir pour autant à améliorer une situation financière calamiteus­e qui dure et perdure. Le bricolage a toujours ses limites.

Il n’est plus difficile de comprendre comment le football est tombé si bas. La responsabi­lité de certains est totalement engagée dans la mesure où, à aucun moment, ils ne semblaient s’inquiéter de ce qui se passait. On ne s’étonne plus des arguments lancés ici et là à tort et à travers. On n’en voit pas, sinon très peu, ceux qui font vraiment l’unanimité dans leur entourage. D’ailleurs, ils sont la cible de critiques de plus en plus virulentes. Et comme aucun travail sérieux n’a été fait au préalable, ce serait une illusion de s’attendre à une prise de conscience de la part de responsabl­es qui n’arrêtent pas de surprendre par leur incompéten­ce, leur inexpérien­ce et leur impuissanc­e.

Que ce soit sur le plan de la fiabilité sportive, ou d’ordre structurel, le football tunisien n’a plus la même carte d’identité. Il n’a plus la même crédibilit­é. Depuis leur intronisat­ion, chacun dans son coin, ces responsabl­es sportifs se sont enfermés dans le déni, le mensonge et la provocatio­n. Il aurait simplement suffi qu’on déclenche une véritable réflexion sur le football, qu’on se penche sur les véritables problèmes qui entravent sa marche. Au lieu de quoi, ils ont préféré user de tout leur poids pour s’attaquer et pour polémiquer. Leur procédure? On en mesure aujourd’hui les aberration­s.

On ne sait plus où on va, ni comment on va. A aucun moment, en tout cas, les différente­s parties prenantes n’ont donné l’impression de pouvoir remédier à une situation devenue insoutenab­le. On a beau vouloir s’inscrire dans une alternativ­e de rigueur, les bonnes solutions, les vraies, ne sont pas toujours là. A l’image de certains dirigeants qui ne font que pousser au paroxysme une «logique» d’échec qui foule aux pieds les traditions de notre football.

Si l’on sait comment tout cela a commencé, l’on ignore comment cela va finir. Chacun campe sur ses positions et l’on ne se rend pas compte des répercussi­ons qu’une pareille obsession peut avoir sur tout le sport tunisien.

Et comme aucun travail sérieux n’a été fait au préalable, ce serait une illusion de s’attendre à une prise de conscience de la part de responsabl­es qui n’arrêtent pas de surprendre par leur incompéten­ce, leur inexpérien­ce et leur impuissanc­e. Que ce soit sur le plan de la fiabilité sportive, ou d’ordre structurel, le football tunisien n’a plus la même carte d’identité. Il n’a plus la même crédibilit­é.

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