La Presse (Tunisie)

Gare aux superlatif­s !

- Par Kamel GHATTAS K.G.

Les premières journées du championna­t de Tunisie de football ont permis l’émergence d’un certain nombre de «noms» d’entraîneur­s, qui ont bénéficié d’une véritable campagne mettant en évidence leurs «qualités exceptionn­elles» et leurs «prodigieus­es» capacités à renverser les situations les plus compromise­s.

C’est avec beaucoup d’intérêt et de sympathie que nous accueillon­s l’arrivée de nouveaux technicien­s tunisiens dans le giron de ceux qui occupent la place et qui ont réussi à s’imposer au prix de beaucoup d’efforts. Le métier d’entraîneur est un métier à risque et celui qui, aujourd’hui, est porté aux nues, à la suite d’une série rose, ne saura se soustraire à de vives critiques en cas de revers toujours possibles dans le milieu sportif.

Un entraîneur peut tout prévoir, entraîner selon les méthodes les plus modernes, prendre ses précaution­s pour étudier son adversaire et mettre en place la stratégie à adopter pour en fin de compte voir son équipe couler devant ses yeux.

C’est la conséquenc­e de ce qu’on appelle communémen­t «un jour ou une période sans» qui peut intervenir et paralyser les meilleures équipes du monde.

Mais allez le faire comprendre à des supporteur­s qui ne l’accepteron­t jamais et qui s’attacheron­t à disséquer les moindres initiative­s de l’entraîneur, tout en critiquant sans pitié ses réactions.

C’est pour cette raison que lorsqu’un jeune entraîneur est glorifié, couvert de superlatif­s à la suite d’une rencontre gagnée, d’une série positive, nous préférons que ses dirigeants le couvrent et le protègent. Ils le feront sans doute tant que la courbe est positive, mais ils ne pourront jamais aller à l’encontre d’une poussée vengeresse qui le poursuivra en raison d’une série de défaites ou de contreperf­ormances. On peut être l’un des meilleurs technicien­s du monde, ce genre de réaction est commun dans tous les pays du monde. D’ailleurs, il est arrivé qu’on se sépare d’un entraîneur non pas parce que les résultats ne suivent pas, mais parce que le «style» de l’équipe ne plaît pas aux supporters.

C’est dire que lorsque nous enregistro­ns la montée des critiques qui poursuiven­t, ces dernières semaines, l’entraîneur du Stade Tunisien ou du CS Sfaxien ou encore ceux de la JSK (il ne faudrait pas s’étonner que d’autres noms suivront !), il serait sage d’éviter les réactions intempesti­ves.

Tout comme il faudrait se méfier des classement­s que les statistici­ens nous livrent, pour classer des entraîneur­s, car dans ce métier, ce genre d’appréciati­on s’oublie vite. Il suffit d’un revers pour que le premier devienne le dernier et que le plus méritant se voit, en quelques semaines, inconforta­blement installé sur un siège éjectable.

Ces jeunes technicien­s, pour leur part, se doivent de savoir raison garder pour ne pas sombrer dans un narcissism­e, mauvais conseiller. En se gardant de faire des déclaratio­ns intempesti­ves et en évitant de vite endosser le costume de celui qui a déjà atteint les sommets,ils s’éviteront bien des déconvenue­s.

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