Agnès Varda honorée
«Nous sommes privilégiés !». A 90 ans, la cinéaste française Agnès Varda a appelé le monde du cinéma à se soucier «d’un monde en péril» lors d’une cérémonie d’hommage à sa carrière organisée par le Festival international du film de Marrakech, au Maroc.
Réalisatrice, scénariste, actrice, photographe, plasticienne, couronnée de prix (Lion d’or au Festival de Venise, Palme d’or d’honneur au Festival de Cannes, Oscar d’honneur, César du meilleur documentaire...), Agnès Varda, artiste engagée qui s’intéresse aux «vrais gens» s’est consacrée aux documentaires ces dernières années.
«On me fait beaucoup d’hommages, parce que je suis persévérante»
«Amour des autres, reconnaissance des autres et travail, c’est à cela que je crois», a-telle dit avant de recevoir le trophée de l’étoile d’or des mains de ses enfants, Rosalie et Mathieu, accompagnés de son grand complice, le plasticien JR, co-réalisateur de son documentaire itinérant Visages, villages. «Je suis heureuse d’être ici parce que depuis que je suis vieille, et ça fait un moment que je suis vieille...», a-t-elle plaisanté dans un bref échange avec L’AFP à son arrivée sur le tapis rouge.
«On me fait beaucoup d’hommages, beaucoup de prix, de statuettes, de diplômes et d’hommages, parce que je suis persévérante : depuis longtemps je maintiens un certain cinéma qui n’est pas commercial, qui ne rapporte pas d’argent et se fait par le partage et la compréhension», a-t-elle dit avant de saluer les “cinéphiles” qui la soutiennent.
Son prochain documentaire : une conférence filmée
Son prochain documentaire sera une conférence filmée : «On me demande si souvent de parler que j’ai fait une conférence et je l’enverrai, comme ça je n’irai plus, j’ai envie de rester à la maison et d’envoyer un film à ma place», a-t-elle également confié. Sourire enfantin et coupe au bol bicolore, celle qui se présente avec jubilation comme une «doyenne» est une des dernières représentantes de la Nouvelle Vague. Parmi ses films, «La Pointe courte», avec l’acteur Philippe Noiret et Alain Resnais au montage (1954), «Cléo de 5 à 7» (1962), «Mur murs» (1981), «Sans toit ni loi» avec Sandrine Bonnaire (1987), «Jacquot de Nantes» (1991), «Les glaneurs et la glaneuse» (2000) ou encore «Les plages d’agnès» (2008).
«Je me sens très petite, à côté de certains artistes, de grands talents qui sont dans cette salle», a-t-elle lancé avec humour dimanche 2 décembre, sous les rires et les applaudissements. Le réalisateur américain Martin Scorsese est monté sur scène pour saluer celle qui se présentait comme «une petite vieille rondouillarde et bavarde» dans «Les Plages d’agnès».