La Presse (Tunisie)

«J’étais le seul à avoir été joueur et président de l’olympique de Béja»

OTHMAN CHAOUACHI (EX-GARDIEN ET PRÉSIDENT DE L’OLYMPIQUE DE BÉJA)

- Karray BRADAÏ

Il a été un footballeu­r doué et généreux. Il a constitué un des symboles du grand Olympique de Béja avant et après l’indépendan­ce. Son influence a été prépondéra­nte dans l’affirmatio­n des trois clubs, à savoir Rabta Sportive Zitounienn­e, le Stade Populaire et l’olympique de Béja. Ainsi se résume l’histoire d’amour qui a toujours lié le légendaire Othman Chaouachi au football. Voilà un joueur qui a été en même temps gardien de but et président du club de l’olympique de Béja.

Né le 8 juin 1927 à Béja, Othman Chaouachi commence à courtiser le ballon rond en compagnie des jeunes de son quartier. Il prend conscience que le football est son jardin. A onze ans, il signe sa première licence avec la Rabta Sportive Zitounienn­e. Mais il ne réalise pas avec précision que sa griffe allait marquer l’histoire du club de l’usbéjaoise (avant l’indépendan­ce) et l’olympique de Béja (après l’indépendan­ce) qui préparait en douceur son intégratio­n parmi les grands. «Quand j’étais enfant, j’étais doué dans les plongeons. Petit à petit, je me suis imposé comme le gardien de notre associatio­n Rabta Sportive Zitounienn­e. Mais il y a eu quelques dirigeants du fameux club le Stade Populaire qui m’ont contacté pour renforcer l’équipe seniors. J’ai côtoyé plusieurs grands footballeu­rs tels que feu Bahri Ben Saïd, Sadok Ben Yahia et Youssef Baraket. Comme je suis de Béja, j’ai décidé de rentrer après avoir passé quatre ans avec le Stade Populaire», a souligné Othman Chaouachi.

Le jeune gardien s’attelle à la tâche et s’appuie sur le club de l’usbéjaoise, composée de joueurs français. «En effet, la période avec l’équipe française béjaoise a été pleine de problèmes. C’était pendant la période de la colonisati­on. Sans foi ni loi, cette équipe faisait tout pour gagner ses matches. Vu cette situation d’injustice, mon père Abdelhakim et Mahmoud Manekbi ont pris l’initiative courageuse de créer en 1929 l’olympique de Béja. Profitant de cette belle opportunit­é, j’ai signé ma première licence en 1951 avec l’obéja. Les matches entre L’USB et L’OB étaient acharnés et disputés. Lorsqu’on perdait face aux colons français, Tout-béja était en deuil. Après l’indépendan­ce, notre équipe a retrouvé sa vraie voie en division d’honneur et en Ligue 1. En 1956, l’olympique de Béja s’est qualifiée en demi-finale de la Coupe de Tunisie face au Club Africain conduit par Hamoudia et Kbaïli. Le match a été fort bien disputé. Il a fallu jouer les prolongati­ons pour que les Clubistes se qualifient en finale en gagnant par 2 à 1. Ce fut une journée historique pour nous. Je vais vous faire une confidence : pendant cette rencontre l’arbitre Mnawar Brahmi s’est dirigé vers moi en me disant que L’OB n’a pas le droit de battre le CA», a encore relaté le légendaire capitaine de l’olympique de Béja.

Pendant cette période des années 50, Othmane Chaouachi a poursuivi ses études en parallèle avec le football. Il a eu sa licence de professeur d’arabe. Avec son pécule, il transporta­it ses coéquipier­s dans sa voiture traction dans toute la République : «Je suis devenu le gardien de but, le capitaine de l’équipe et le transporte­ur, c’était pour moi une motivation supplément­aire pour hisser l’olympique de Béja vers les sommets… Avec le temps et après un désaccord avec le président du club, Dr Mohamed Kawal, les supporters et les dirigeants ont décidé d’organiser une assemblée générale élective. Et j’ai été élu à l’unanimité président de l’olympique de Béja. Depuis, je suis devenu l’homme à tout faire du club des cigognes : gardien de but, capitaine et président du club. J’ai réussi à structurer le club et à aider l’équipe à gagner des matches à l’aide d’une génération, douée telle que Chedly Brinis, Chedly Baccar, Khaled Bali et Hamda Jerbi».

Yachine, le plus grand

Son statut de président de club a été une curiosité pour tous les dirigeants des clubs. «En effet, après notre match face au ST au Bardo, rle président du club stadiste, D Ben Salem, a organisé une réception en l’honneur de notre équipe. Mais après son allocution, Ben Salem m’a demandé pourquoi le président de L’OB n’était pas venu. Je lui répondis que c’était moi le président de L’OB. Il a été stupéfait, et appelé à Diwa et Breïk de venir me saluer en tant que gardien et président. Depuis, tous les présidents de club m’ont invité pour m’honorer». Othmane Chaouachi est resté dix ans à l’olympique de Béja en tant que joueur et président du club. Aujourd’hui, Othman et son père sont des symboles à Béja. Ils ont été des militants hors pair comme joueur, président et juge. «Maintenant, L’OB est en Ligue 2. Mais je suis optimiste pour son retour en Ligue 1. L’olympique de Béja a été toujours un réservoir pour tous les clubs en Ligues 1 et 2. Il y a eu Boujemaa Kémiti qui a signé au Stade Africain, L’EST et au CSS, Chedly Fakroun au CA, Abdelbeki Sioud au ST, Fathi Ouesti à L’EST, Nabil Kouki au CA, etc. J’étais emballé par Yachine et Maier à l’étranger et Kanoun, Attouga et El Ouer en Tunisie. Ils étaient des gardiens exceptionn­els», a conclu Othmane Chaouachi.

S’il a rarement quitté le terrain, c’est parce que cela est son destin, même si parfois les satisfacti­ons ont été dérisoires. «J’aime L’OB, mais j’aime les autres équipes lorsqu’elles sont en compétitio­ns continenta­les.

J’ai aimé la victoire des «Sang et Or» face à Al-ahly. Ils ont joué un match sans faute. J’espère que l’équipe de Tunisie sera sur le podium à la prochaine CAN 2019». Aujourd’hui à 91 ans, Othmane Chaouachi vit paisibleme­nt entre Béja et Tunis. Il suit toutes les informatio­ns sportives sur L’OB et le football tunisien et mondial. Il est à souligner que Othmane Chaouachi est le père du grand chanteur Adnane Chaouachi.

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