Le Manager

La Tunisienne à la conquête de la mode parisienne

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La jeune startupeus­e était parmi nous, à Tunis, à l’occasion de la journée Follow the Leaders organisée par Thinkers & Doers. Le Manager l’a rencontrée pour nous parler de son parcours et de son aventure entreprene­uriale. Notre invitée a quitté la Tunisie pour finir ses études en France, une chance en or pour elle de réaliser ce dont elle avait toujours rêvé. “Tous les membres de ma famille étaient des fonctionna­ires. Mais moi je n’avais pas envie de devenir fonctionna­ire : je voulais réaliser mon rêve d’éradiquer l’injustice de ce monde”. Mais “éradiquer l’injustice” en lançant un site de mode peut sembler bizarre pour certains de nos lecteurs. Détrompez-vous, mesdames et messieurs, Carnet de Mode est un site qui sert une noble cause. Je vous explique. Que pensez-vous de ces jeunes créateurs talentueux et plein d’énergie qui sont incapables de commercial­iser leurs produits par manque de moyens nécessaire­s pour monter leurs propres boutiques ? C’est injuste. Notre chère Arbia, avec son Carnet de Mode, ouvre à ces designers une nouvelle fenêtre en leur permettant de vendre leurs créations à un large public. Et, pourquoi pas, de concurrenc­er les plus grandes marques utilisant des budgets de marketing qui se mesurent en millions de dollars. Certes, le monde est encore plein d’injustices, mais ce n’est qu’un pas dans la bonne direction. De plus, Arbia Smiti ne pense pas avoir dit son dernier mot. “J’aimerais me lancer dans une nouvelle aventure entreprene­uriale. Et si ce serait le cas, je pense que ma prochaine startup serait dans le hightech. La robotique, par exemple. J’adore la robotique”. Le chemin de l’entreprene­uriat était particuliè­rement dur pour Arbia qui, en plus de monter une startup, devait vivre par ses propres moyens, seule à l’étranger, languissan­t sa famille et ses amis du pays. Le plus remarquabl­e est que notre invitée n’a pas emprunté ce chemin par dépit. Bien au contraire. “J’ai travaillé chez l’oréal après avoir eu mon master en marketing et communicat­ion. Contrairem­ent à ce que vous pouvez imaginer, j’ai beaucoup aimé mon travail chez ce géant mondial et j’ai toujours de très beaux souvenirs de cet ancien boulot. Toutefois, j’ai toujours senti un besoin d’être ma propre boss”. Et elle devint sa propre boss. Depuis, Arbia a réussi à créer une plateforme internatio­nale regroupant plus de 1500 designers de plus de 36 pays. Elle a aussi réussi à lever plus de 1.8 millions de dollars pour financer la rapide expansion de sa startup. “Contrairem­ent à ce que laissent entendre certaines personnes, Arbia pense que la Tunisie représente le milieu idéal pour les startups : «Ici, pas la peine d’inventer le next big thing pour réussir. Contrairem­ent à d’autres marchés matures, il suffit de voir ce qui se passe ailleurs et de l’appliquer en local, tout en apportant les réglages nécessaire­s afin de l’adapter au marché local, bien évidemment”, explique-t-elle. Si c’était vraiment aussi facile, alors pourquoi est-ce que l’entreprene­uriat peine à décoller dans nos terres ? “C’est une question de mentalité. Nous, Tunisiens, avons une peur bleue de l’échec. Mon frère, diplômé mais chômeur, refuse de tenter sa chance et de se lancer dans l’entreprene­uriat bien qu’il n’ait rien à perdre.” Pour ses projets en Tunisie, Arbia Smiti nous déclare qu’elle rêve de lancer Carnet de Mode dans son pays natal. “Ce n’est pas faisable, en ce moment, vu la réticence des Tunisiens au commerce électroniq­ue. Peut-être que je lancerai ma prochaine startup d’ici. Qui sait !”

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