Quel sentiment avez-vous à la suite de la conférence Tunisia 2020 ?
Tout d’abord je dois féliciter les autorités tunisiennes car c’était « un véritable tournant » qui réoriente le futur de la Tunisie. C’était un succès tunisien. L’organisation ainsi que la présentation des thèmes étaient parfaites. Mais le vrai travail pour le processus de développement a commencé le premier décembre. Il est important de saisir que ce ne sont pas les fonds ni les financements qui vont réaliser tous ces projets. Nous avons besoin de savoir- faire et d’expérience. Il faut que toutes les institutions tunisiennes s’orientent vers une nouvelle étape de construction qui doit emmener la Tunisie à un niveau de développement supérieur. Nos pays sont obligés de sélectionner les projets les plus essentiels et de compter sur nos propres moyens. Ce qui nous vient de l’extérieur peut être retardé. C’est à partir du 1er décembre 2016 que la vraie responsabilité tunisienne commence. La délégation turque comptait le vice premier ministre, le ministre des affaires étrangères et le ministre de l’économie qui étaient accompagnés d’une cinquantaine d’investisseurs, notamment la célèbre association turque des entrepreneurs ainsi que le conseil d’affaires Tuniso-turc. Ceci témoigne de l’amitié du gouvernement et du peuple turc à la Tunisie. Le gouvernement turc a accordé 200 millions de dollars au gouvernement tunisien pour renforcer la sécurité tunisienne afin d’entreprendre des projets ou d’acquérir du matériel. Les conditions de remboursement sont très favorables. Le but n’est pas commercial mais plutôt un soutien à la Tunisie. Le gouvernement turc a aussi décidé de mettre à disposition du pays une 2ème tranche de 100 millions de dollars de financement concernant les projets présentés lors de la conférence. Nous avons rencontré le président de la République, le chef du gouvernement et le ministre des affaires
étrangères, pour leur exprimer notre soutien au processus de développemnt et notre engagement de faire aboutir les projets. Nous avons suggéré d’apporter notre savoir faire en matière de construction et de réalisation des grands projets, surtout à travers des partenariats publics-privé. La Turquie a investi en 2016 pour 50 milliards d’euros grâce à des partenariats public-privé sans que le trésor turc n’ait à dépenser pour les nouveaux projets, en l’occurrence deux ponts dont un sur le Bosphore et un aéroport. En Tunisie, il y a urgence dans la réalisation des projets. A travers, le ppp, le secteur privé peut apporter des financements avec des conditions plus favorables qu’un gouverment. En matière de PPP, nous avons suggéré des experts turcs pour un retour d’expérience et un transfert de savoir-faire. Nous avons également discuté des échanges commerciaux et du déséquilibre en faveur de la Turquie. Quand bien même le déficit commercial tunisien ne concerne pas uniquement la Turquie, nous avons proposé d’importer plus, notamment les produits phosphatés et de développer des partenariats sur la filière de l’huile d’olive. La part de l’huile d’olive de bonne qualité exportée n’est que de 10%. Le reste s’exporte en vrac vers l’union européenne. Nous, nous proposons d’augmenter cette part à 50% d’aéroport, de routes, de constructions ferroviaires, de logements sociaux. Nous avons des projets pour le secteur du phosphate mais aussi pour l’agroalimentaire tels que les tomates, les dattes, les fruits pour préparer les concentrés de jus de fruit, le secteur textile, les tapis et bien sûr toute l’industrie automotive. Nous sommes capables de renforcer cette industrie pour arriver à produire la voiture elle-même. La Tunisie est capable de produire toutes les pièces. Nous avons construit l’un des plus grands aéroports, celui d’« Enfidha ». J’aurais voulu que la Tunisie fasse la publicité de cette réalisation. Les investisseurs turcs n’hésiteront pas à s’y installer, à y investir et à y produire. Nous accueillons près de 40 millions de touristes par an, nous sommes prêts à soutenir la Tunisie dans
Bien évidemment, c’est un investissement dans la démocratie. Tout d’abord, la BEI, une des Institutions de L’UE, a été créée en 1957 d’abord en Europe pour financer des projets qui visent à mettre en valeur des régions en cours de développement et également à créer et moderniser l’entreprise. La BEI est une banque de développement parce que le dividende que nous cherchons est l’impact positif qui résulte de la création de la richesse pour tous, de l’emploi et du respect de l’environnement. Nous oeuvrons pour l’inclusion économique et sociale. Et c’est finalement ça qui nourrit la démocratie. Je pense que la Tunisie a bien réussi sa transition démocratique. Ce que tout le monde reconnaît également. Vous l’avez réussie en un peu de temps, en seulement cinq ans. C’est ce qu’on appelle un exploit. Maintenant, l’important est que cette jeune démocratie se consolide à la longue. Pour y parvenir, la Tunisie doit impérativement passer par l’inclusion économique et l’inclusion sociale. A cet effet, la BEI s’est également engagée dans le processus démocratique de la Tunisie. Lors de la Conférence sur l’investissement 2020 nous avons signé 5 conventions financières à une hauteur de 400 millions d’euros, dont une, à titre d’exemple, avec Tunisie Télécom d’un montant de 100 millions d’euros pour laquelle nous avons déjà commencé le décaissement. Pour nous, financer le développement de la 4G et la fibre optique sur tout le territoire de la Tunisie, et surtout dans les régions, ne peut qu’aider le pays à accéder à l’information et à s’ouvrir davantage sur le monde. Notre approche est toujours égalitaire. Certes, il faut que le projet soit éligible pour nous et réponde aux critères: technique, environnemental, social… mais normalement nous travaillons souvent avec presque tous les opérateurs dans tous les secteurs. Par ailleurs, concernant la PME, nous avons, depuis 2013, réadapté notre méthode de travail. On ne fait plus de ligne de crédit classique, on crée plutôt un mécanisme tripartite entre une banque commerciale ou publique, la BEI et la société civile. C’est une façon d’encourager les banques de la place à prospecter des clients qui ne rentrent pas toujours dans leur cible traditionnelle. Nous mettons en relation nos partenaires bancaires avec le « Réseau Entreprendre » qui est un partenaire solide et qui accompagne ces jeunes