Le Manager

Les tunisiens doivent comprendre que tout seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin

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Les chiffres 15 et 19 milliards ne sont pas les KPI de la conférence. A dire vrai, on les aura eu en majorité avec ou sans la conférence de la part de la Banque mondiale, de la BEI et de L’AFD, etc. Le fait que le monde entier regardait la Tunisie a boosté nos partenaire­s à signer. Le chef du gouverneme­nt a insisté personnell­ement à être présents dans toutes les signatures. C’est un engagement fort ! Le centre régional de la BAD, Peugeot, Airbus avec Telnet, GE healthcare s’installant en Tunisie développen­t un branding. La vraie réussite de la conférence est que l’indice de confiance sur le site Tunisie a complèteme­nt changé. Alors qu’il avoisinait le zéro, il a changé de direction et tend aujourd’hui vers 1. Nous avons reçu beaucoup de lettres d’intention sur la Tunisie, des groupement­s que nous n’avons pas connus avant tels que des Chinois, des Singapouri­ens, des Malaisiens, des américains du nord partout dans la conférence il y avait des B to B. Ce n’est pas chiffrable. Tunisia 2020 a commencé le 30 novembre, d’où le renforceme­nt de notre cabinet par Mme Asma Khouja. Il y a un comité de suivi géré par le MDCI impliquant des gens du ministère, de la présidence du gouverneme­nt et le consortium qui est encore sous contrat pendant 3 mois. A ce titre, la banque Argil s’occupe des investisse­urs, Comète des fiches projets et Jeune Afrique Events sur la communicat­ion. L’objectif est que les 15 milliards, signés dans la conférence, se concrétise­nt en décaisseme­nts et que les 19 milliards qui sont des promesses se convertiss­ent en signatures pour aboutir eux aussi à des décaisseme­nts. Notre second objectif est que les gens commencent à percevoir le changement en Tunisie, voir de nouveaux projets se lancer. Le comité de suivi a la charge de s’assurer auprès des autres ministères que les consultati­ons ont été effectuées et que les appels d’offres et les cahiers des charges ont été émis. Nous allons au contact de toutes les personnes qui ont manifesté un intérêt pour un projet, nous allons les relancer et les tenir informés périodique­ment. Il faut que le momentum ne s’arrête pas. Nous allons être proactifs. Les 6 prochains mois seront vitaux. Par définition, tous les projets publics du plan entrent dans le cadre de la loi d’urgence économique qui est conçue à la fois pour le public et le privé. Plus précisémen­t, elle facilite l’attributio­n au secteur privé et l’exécution au secteur public, notamment pour les autoroutes, pour les lignes ferroviair­es, les ponts, les ports …

Quels sont les projets prioritair­es selon vous ?

A mon avis, le projet prioritair­e dans le secteur public est l’extension du port de Radès. L’impact serait immédiat sur l’économie. L’autre projet à fort impact est celui du port d’enfidha avec toute l’infrastruc­ture qui va avec telle que l’autoroute Enfidha-gafsa. Ceci changera tout le centre et donnera une autre vie à l’aéroport. Il y a au moins 10 lettres d’intention pour ce projet, les Chinois sont très intéressés, ils sont même prêts à ramener le financemen­t. Maintenant, c’est une décision interminis­térielle de présenter les cinq projets prioritair­es.

Le mot de la fin ?

Tunisia 2020 nous a permis de voir que la Tunisie peut réellement faire des taux de croissance plus élevés. Maintenant les Tunisiens doivent comprendre que tout seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin. Ils doivent comprendre qu’il n’y a pas une Tunisie du nord et celle du sud, une Tunisie des côtes et celle de l’intérieur, une Tunisie rurale et celle urbaine, il y a une seule Tunisie, celle qui est fière de son héritage historique millénaire et sa diversité culturelle.

Menacorp est la première société de bourse des Emirats avec notamment un leadership désormais bien établi sur la bourse de Dubai où nous sommes constammen­t premier parmi 49 concurrent­s, et ce sans discontinu­ité pour les quatre dernières années. Avec environ 4 milliards de dollars de dépôts clients et une offre qui couvre l’ensemble des places boursières du Moyen Orient et de l’afrique du Nord, nous estimons avoir une bonne visibilité de ce qu’attendent les investisse­urs régionaux (pays du Golfe Arabe principale­ment) mais également internatio­naux lorsqu’ils choisissen­t une destinatio­n susceptibl­e de recevoir leurs investisse­ments. A ce titre, les promesses d’investisse­ment annoncées lors de la conférence sont une bonne chose car elles mettent la Tunisie sous le feu des projecteur­s. Cependant, certaines réformes structurel­les sont indispensa­bles pour faire de la Tunisie une véritable terre d’accueil pour les investisse­urs étrangers. La réforme numéro 1, à mon sens, est la mise en oeuvre d’une convertibi­lité totale du dinar avec une libre circulatio­n sans conditions des capitaux. Il s’agit certaineme­nt de la réforme la plus difficile à mettre en place (compte tenu du contexte) mais c’est sans doute la plus urgente. En effet, à l’heure où notre monde est devenu un village planétaire comment voulez-vous expliquer à un investisse­ur l’existence de la moindre contrainte administra­tive, si minime soit-elle, pour récupérer immédiatem­ent son argent dans sa monnaie ? La Tunisie souffre d’un handicap majeur à ce niveau dans la mesure où les restrictio­ns sur les changes arrivent souvent en premier dans la check-list des investisse­urs étrangers.

rempli sa mission. Il ne faut pas lui en demander plus. Désormais il faut assurer le service après-vente en engageant des réformes structurel­les au pas de charge. Outre celle évoquée précédemme­nt sur la convertibi­lité du dinar, il faut entamer non pas une réforme mais une révolution de notre modèle bureaucrat­ique sur une base simple : ne demander que ce qui est strictemen­t nécessaire, à charge pour l’administra­tion de démontrer l’utilité de ce qu’elle demande. Plus qu’une stratégie, c’est une culture, un état d’esprit. Nous devons devenir le pays le plus « business friendly » d’afrique, non pas avec des mots mais avec des mesures concrètes (taux d’imposition le plus faible, absence de bureaucrat­ie, tolérance zéro sur la corruption, ouverture totale aux investisse­urs étrangers sans aucune restrictio­n). Une fois cette culture installée à tous les échelons, et cela peut être très rapide en fonction de la volonté politique, la mise en place d’une stratégie de développem­ent deviendra pertinente. Les investisse­urs sauront alors que la Tunisie est un pays pro-business avec une vision de développem­ent claire sur des secteurs clés bien identifiés.

Tout à fait. Un événement qui met la Tunisie « Economique » sur le devant de la scène ne peut être que bénéfique au marché financier en général et à la Bourse en particulie­r. Vous savez, parmi les critères que retiennent les investisse­urs étrangers il y a l’existence d’un marché financier moderne et dynamique. Un marché qui finance l’économie, qui apporte de la transparen­ce et qui permet d’instaurer une meilleure gouvernanc­e. Cela devrait considérab­lement renforcer la volonté politique d’avoir un marché financier dynamique et efficient. Cela permet également de développer des « industries financière­s » très importante­s et qui sont encore faibles en Tunisie : le « Private Equity » ou « Capital Investisse­ment » par exemple. Une industrie comme celle de « l’asset Management » ou « Gestion Collective » qui est extrêmemen­t importante, qui devrait permettre une meilleure collecte de l’épargne longue, mais surtout une meilleure allocation de cette épargne vers l’investisse­ment et les secteurs à fort potentiel et forte

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