Le Manager

ABDELKADER DA LI, DG Sofrecom Tunisie Notre objectif : accroître la propre valeur de nos collaborat­eurs

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Si vous nous parliez de Sofrecom?

Sofrecom est une société de conseil en télécommun­ication et en consulting qui a fêté, en décembre dernier, son 50ème anniversai­re. La société est une filiale du Groupe Orange dont le siège se trouve en France et un certain nombre de bureaux régionaux en Afrique du Nord, notamment au Maroc, en Tunisie et en Algérie. Elle est également présente au Moyen-orient, notamment aux Emirats Arabes Unis, en Asie (Indonésie et Thaïlande) et en Argentine. Depuis quand est-elle installée en Tunisie ? La société est présente en Tunisie depuis 2011 et la filiale a été officielle­ment inaugurée en octobre 2012. Objectif de sa présence dans le pays : accompagne­r principale­ment les clients du Groupe Orange, avec des activités de développem­ent IT et gestion de plateforme de services. Nous comptions, fin 2016, exactement 410 collaborat­eurs. Notre désir de croissance ne s’arrête pas, bien évidemment, à ce chiffre car nous prévoyons atteindre 500 employés d’ici la fin de 2017. Nous souhaitons développer les activités de conseil dans les pays voisins, notamment l’algérie et la Libye. En Tunisie, on peut également accompagne­r le gouverneme­nt sur le plan national numérique, sur les projets « Smart-gov ». Nous étions, d’ailleurs, la première société à avoir signé la convention. Nous avons toute la légitimité puisque le groupe SOFRECOM a vocation d’accompagne­r ses clients dans leur transforma­tion digitale.

Quand vous dites « transforma-

tion digitale », vous voulez dire que vous intervenez aussi bien au niveau technique qu’au niveau du changement organisati­onnel ?

Tout à fait, il y a deux volets dans la transforma­tion digitale. Mon avis est que, pour qu’une société puisse se positionne­r sur ce secteur, il faut qu’elle soit digitalisé­e ellemême, en interne. Il y a tout un développem­ent de compétence­s au sein de la société. Mais, au préalable, il faut réfléchir à certaines questions telles que: que signifie le digital ? Quel process peut-on déjà commencer à digitalise­r dans l’entreprise? Comment être digitaux entre collaborat­eurs ? Suite aux réponses acquises, on offre à nos clients des process et des projets de digitalisa­tion. Mais comme vous l’avez mentionné, tout le projet commence par des process d’organisati­on et de gestion du changement.

Parlons compétence­s. Si on a bien compris, vous avez eu à recruter à la suite d’une extension ?

Exactement. Tout au long de ces cinq ans en Tunisie, nous avons recruté massivemen­t des compétence­s en développem­ent informatiq­ue, notamment des compétence­s en plateforme de services à valeur ajoutée et en intégratio­n.

Comment avez -vous procédé pour le recrutemen­t ?

Comme beaucoup de sociétés qui se sont installées, on s’est déjà structuré en termes d’équipe. Les recrutemen­ts étaient faits essentiell­ement en approchant directemen­t les candidats, et ce, en émettant des annonces mais également à travers des cabinets spécialisé­s qui nous ont aidés dans l’accompagne­ment de notre croissance. Actuelleme­nt, nous avons une bonne connaissan­ce des métiers dont on a besoin. Nous avons une équipe qui est complèteme­nt dédiée à ces activités de «sourcing». On utilise différents canaux tels que les «job board » classiques, les annonces à partir de nos sites Corporate Sofrecom mais surtout nous avons recours de plus en plus aux réseaux sociaux. On s’adresse à des population­s très jeunes : l’âge moyen chez Sofrecom Tunisie est de 30 ans et ces population­s sont, quelque part, nées avec Internet et vivent avec les réseaux sociaux. C’est fondamenta­l pour une société comme la nôtre qui est très jeune et dynamique, d’être présente et de comprendre le mode de fonctionne­ment de ces nouvelles génération­s.

Y a-t-il eu l’établissem­ent d’un référentie­l de compétence­s ?

En 2016, on a lancé le chantier « Matrice de compétence­s » qui nous a permis d’établir une photo de l’ensemble de l’expertise dont on dispose. Ceci est de nature à nous assurer que l’on va disposer de compétence­s qui seront requises demain conforméme­nt à nos plans stratégiqu­es et à notre vision. Il n’en reste pas moins que ce qui est passionnan­t et challengea­nt dans notre métier, c’est que la majorité des emplois dans les cinq prochaines années n’est pas connue aujourd’hui. Raison pour laquelle, il faut qu’on fasse place à l’innovation, qu’on laisse le champ libre aux collaborat­eurs pour proposer des solutions et des projets. Nos collaborat­eurs tunisiens, dont je suis particuliè­rement fier, challengen­t énormément nos clients. C’est fondamenta­l pour nous, qu’on ne soit pas uniquement dans la logique de la simple exécution mais également dans la propositio­n. A chaque fois que j’entame une visite à nos collaborat­eurs, je suis impression­né par leur motivation. Aujourd’hui, il est important que le site tunisien soit vu comme un site d’expertise et d’innovation et pas en tant que site de soustraita­nce. L’une des richesses de la Tunisie d’aujourd’hui est le levier compétence qui est extrêmemen­t développé. Nos clients sont très satisfaits des performanc­es et du travail de nos collaborat­eurs et nous font des retours positifs.

En ce qui concerne cette photo de performanc­es que vous avez établie, vous a -t- elle permis de cerner vos besoins en termes de recrutemen­t et de plans de formation pour l’année 2017 ?

La « Matrice de compétence­s » a, en effet, plusieurs vocations. Premièreme­nt, elle nous permet de déterminer notre ADN, et quand on sait ce que l’on est, on sera capable de dire ce qu’on est capable de fournir. C’est important en termes de positionne­ment. Aujourd’hui, par rapport aux projets planifiés pour l’année 2017, 2018 et au-delà, jusqu’à 2020, elle va nous permettre d’identifier les gaps entre les compétence­s qui vont nous être requises et celles dont on va avoir besoin dans l’intervalle. On a également un plan de formation annuel. Celui de 2017 est quasiment finalisé et chaque collaborat­eur fait l’objet d’une formation à la fois technique, sur son métier, et également une formation transverse qui lui permettra de développer des « soft-skills » et des qualités personnell­es.

Faites- vous appel à des chasseurs de têtes?

Sur des métiers bien spécifique­s, notamment sur notre activité consulting, il arrive qu’on fasse appel à des chasseurs de têtes. Pareil pour le « sourcing ». Parfois quand on a besoin de recruter

massivemen­t sur un besoin donné, on fait appel au cabinet du secteur mais aujourd’hui, on essaie au maximum de réutiliser nos équipes de « sourcing » présentes dans nos entreprise­s. Notre politique d’aujourd’hui est de le faire en interne tout en utilisant les réseaux sociaux pour nos besoins de recrutemen­t.

Avez –vous eu du mal à trouver des candidats pour le top management ?

Pour l’équipe managérial­e, le bassin de l’emploi en termes de compétence­s IT et télécom est large en Tunisie. On n’a pas eu de difficulté­s à trouver des managers, des chefs d’équipes… Bien au contraire, aujourd’hui, on essaie même au sein du Groupe Sofrecom d’utiliser des ressources tunisienne­s pour aller travailler à l’étranger. Nos collaborat­eurs intervienn­ent dans toute l’afrique, en Europe, au Moyen-orient et en Asie.

Sur tous les recrutemen­ts que vous avez faits, de combien était le taux de défaut?

Très faible. En effet, on a un process assez élaboré. Sur les collaborat­eurs qui sont sur le métier de développem­ent, c’est un process un peu classique. Une fois les tests techniques effectués, ils seront jugés sur les aspects softskills, comporteme­nt, etc. Ils peuvent être également vus par nos clients.

Vous êtes sur un secteur en expansion, y a-t-il une guerre de talents ?

On est sur un marché extrêmemen­t demandeur, la transforma­tion digitale se développe en Europe, notamment en France. Il y a beaucoup de recrutemen­ts faits ici en Tunisie parce que les compétence­s sont là et c’est un mérite en soi. A ce titre, nous avons eu comme beaucoup de sociétés quelques départs en 2016. Nous avons essayé d’en comprendre les raisons et on est très content pour ceux qui sont satisfaits du choix qu’ils ont fait. Si dans leurs CV il est mentionné qu’ils sont passés par l’école Sofrecom Tunisie, c’est une fierté pour nous aussi. Maintenant pour ceux qui font le choix de rester en Tunisie, c’est très important pour nous de leur offrir un parcours dans l’entreprise, des évolutions de carrière… On a développé aussi la mobilité interne. On a eu presqu’une vingtaine de mobilités internes. En effet, on essaie de faire évoluer deux filières une filière expertise et une filière management pour permettre aux gens de se retrouver dans ces parcours-là. Nous avons eu tout de même très peu de démissions pour d’autres sociétés en Tunisie. On travaille beaucoup sur le cadre de vie, les activités sociales. Nous voulons que Sofrecom soit une deuxième famille pour les collaborat­eurs.

Quels sont les facteurs d’attractivi­té de Sofrecom pour un candidat?

C’est bien évidemment les parcours de carrière qu’on est en train de mettre en place et de renforcer. Ce sont des projets d’innovation, des techniques de développem­ent des logiciels qui permettent à nos collaborat­eurs de renforcer leur employabil­ité. Notre objectif est que chaque collaborat­eur qui intègre Sofrecom, accroisse sa valeur personnell­e et renforce ses connaissan­ces à nos côtés.

Essayez-vous aussi de motiver par le salaire?

Il serait intéressan­t de lancer un benchmark des salaires. Et je pense également qu’on est relativeme­nt bien positionné par rapport aux métiers qui sont les nôtres. On a un très bon mix entre le salaire, l’attractivi­té du projet et les conditions de travail. Je souhaite vraiment ne pas différenci­er le salaire des autres. Concernant les compétence­s qui partent à l’étranger, y aurait-il un moyen de les faire revenir dans les quatre ou cinq ans ? Oui tout à fait. Aujourd’hui, il y a plusieurs façons de voir les choses, il y a des sociétés du secteur qui proposent ces parcours-là. C’est-àdire que les collaborat­eurs restent dans la société, partent pour une expérience en France, et ensuite reviennent dans l’entreprise. C’est aussi valorisant pour nous. C’est l’un de nos chantiers de 2017.

Y a-t-il d’autres chantiers en 2017 ?

Nos clients continuent de nous faire confiance. Nous allons recruter une centaine de collaborat­eurs pour passer à 500. Ce n’est pas une mince affaire dans une conjonctur­e difficile. Nous comptons également renforcer nos relations avec les université­s et les écoles d’ingénieurs et contribuer à certains programmes de formation permettant de transmettr­e le savoir d’entreprise à des étudiants.

Le mot de la fin ?

L’avenir des télécoms et de l’informatiq­ue en Tunisie, je dirais même sur le continent africain, est extrêmemen­t brillant. Aujourd’hui, nous ne parlons que de nouveaux projets, de croissance, de recrutemen­ts, d’ambitions de développem­ent dans les pays voisins. Notre objectif est de faire de Tunis un pôle régional et une passerelle entre l’afrique, l’europe et le Moyen-orient. Ce sont les trois territoire­s sur lesquels nous intervenon­s, ce n’est plus une ambition.

 ??  ?? Réussir son business et visualiser son succès passe, pour Abdelkader Dali, par la qualité et la cohésion de son équipe. Bien entouré de collaborat­eurs qui brillent aussi bien par leurs compétence­s que par leur déterminat­ion, Abdelkader Dali, Directeur...
Réussir son business et visualiser son succès passe, pour Abdelkader Dali, par la qualité et la cohésion de son équipe. Bien entouré de collaborat­eurs qui brillent aussi bien par leurs compétence­s que par leur déterminat­ion, Abdelkader Dali, Directeur...

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