NOUS AVONS PRESQUE RATÉ NOTRE TRANSITION DIGITALE
Le pôle Innovation et Compétitivité de la fondation Tunisie Alternatives a organisé une conférence sur le thème Préparer la Tunisie pour intégrer la révolution digitale. Mehdi Jomaa, Maher Kallel et Taoufik Jelassi ainsi que d’autres personnalités du doma
Et internet fut ! Ce réseau mondial était, pendant les premières années de son existence, un monde parallèle au nôtre; une existence secondaire qui touchait à peine la réalité physique dans laquelle nous existons. Mais ce n’était qu’au départ. À la surprise générale, ou presque, ces deux réalités ne font aujourd’hui qu’une; le cyber a fusionné avec le réel. Un big-bang inversé, en quelque sorte. Ce qu’on appelait jadis e-économie n’est aujourd’hui que … l’économie, tout simplement.insignifiant de prime abord, ce changement est des plus profonds qu’a connu l’activité humaine depuis des siècles. Et ce mouvement n’épargne aucun secteur : y compris le vôtre !
Smartphone ou le dashboard des homo sapiens
L’ubérisation de l’économie, un terme qui vous est désormais familier, a démocratisé la création de la valeur et a rendu obsolète le schéma prestataire-consommateur sur lequel se base l’ancienne version de l’économie. Le détenteur d’une voiture peut devenir chauffeur — le temps d’une course. Le propriétaire d’une maison peut devenir loueur — le temps d’un weekend. Tout passe par un smartphone et une application. Le consommateur peut, en un clic, devenir prestataire. Le temps est à la flexibilité. A la liberté.uber, qui a donné son nom à ce nouveau paradigme, est aujourd’hui valorisé à plus de 150 milliards de dinars — il ne s’agit donc pas d’un concept théorique, mais d’un modèle au succès éprouvé.
Transition digitale ? Arja3 Ghodwa !
Création de valeur et d’emploi. N’estelle pas géniale cette transformation digitale ? Pas assez pour nos responsables, paraît-il. Alors comment peut-on expliquer ce qui est en train de se passer ? Ou, plus correctement, ce qui N’EST PAS en train de se réaliser. “Si on ne fait rien, ceux qui détiennent les plateformes vont devenir plus puissants que l’administration”, a déclaré Maher Kallel, lors de la présentation de son white paper sur la révolution digitale. “Il faut réinventer notre modèle social, car d’ici 20 ans, il y aura de 50 à 60 % d’emplois indépendants. Au lieu du droit du travail, il faudrait plutôt instaurer le droit d’activité, car la notion même d’emploi va être complètement révolutionnée”, a-t-il ajouté. Ce n’est pas difficile donc d’imaginer ce que nous pourrions devenir si le rythme de la digitalisation ne s’accélère pas. Si vous n’arrivez tout de même pas à le faire, vous pouvez regarder “Les Visiteurs”. Fort heureusement, la Tunisie ne manque pas de talents, de jeunes — et moins jeunes — qui ont opté pour la bonne voie.
Ils n’ont pas trouvé de chemin, alors ils ont fait le leur !
Cette rencontre était aussi l’occasion pour plusieurs startuppeurs de partager avec les présents leurs expériences pleines de surprises, belles et moins belles. Ils n’ont pas également hésité à exprimer leur frustration pour un système qui, loin de pouvoir dissuader les malfaiteurs, est en train de freiner l’innovation. Faute d’action de la part de l’etat, ces jeunes ont créé des solutions à nos problèmes. “Je veux apprendre à nos jeunes la programmation et la robotique, c’est ce dont nous aurions besoin dans une économie du Xixème siècle. Malheureusement, nos écoles et universités ne sont pas en train d’offrir la meilleure éducation pour éviter l’obsolescence à nos futures générations”, a lancé Yahya Bouhlel, CEO et fondateur de Gomycode, une “école” de nouvelles technologies. “Si nous ne créons pas des champions nationaux, des champions internationaux vont venir prendre leur place”, a déclaré Yassir El Ismaili, CEO de Tayara. tn. “Je suis constamment en contact avec des entrepreneurs dans plusieurs pays africains et je puis vous dire qu’ils nous ont dépassé … et de loin”. D’après le numéro un du site d’e-commerce, l’un des plus grands obstacles pour l’économie digitale en Tunisie est l’absence de solutions de paiement efficaces. “C’est n’est pas aussi difficile que ça, des systèmes de m-payment ont été installés partout en Afrique de l’ouest !” Et d’ajouter : “À force de rater le train, on risque de ne plus le voir passer.” Le message est clair : il est temps de trouver de vraies solutions.
SI ON NE FAIT RIEN, CEUX QUI DÉTIENNENT LES PLATEFORMES VONT DEVENIR PLUS PUISSANTS QUE L’ADMINISTRATION