Le Manager

VERS LA DIVERSIFIC­ATION DU PRODUIT TOURISTIQU­E TUNISIEN

Promouvoir l’image de la Tunisie afin de regagner la confiance des marchés émetteurs. Tel était l’objectif du Salon Internatio­nal du Tourisme (SIT), tenu du 15 au 19 mars 2017, à la Foire Internatio­nale de Sousse et qui a regroupé près de 100 exposants tu

- SANA OUJI BRAHEM

En sa deuxième édition, le Salon était un lieu de rencontre entre les profession­nels du secteur. A travers les différents workshops, tables rondes et séminaires qui ont eu lieu en marge du Salon, les participan­ts ont pu profiter d’un espace d’échange d’idées et d’expérience­s fructueuse­s ayant pour objectif de sauver un secteur qui peine à décoller, notamment, ces dernières années. En marge de cet événement important, les hôteliers, les tour-opérateurs, les sociétés de transport aérien et maritime, les entreprise­s de services tels les centres de thalassoth­érapie … étaient au rendez-vous pour proposer une destinatio­n qui, selon certains experts du domaine, n’a pas cessé d’attirer des touristes des quatre coins du monde mais qui a besoin d’être restructur­ée afin de satisfaire davantage sa clientèle. En effet, dans une conjonctur­e assez délicate pour le tourisme tunisien affaibli par la situation sécuritair­e, notamment après les attentats terroriste­s perpétrés dans différente­s régions du pays, les profession­nels du secteur estimaient que le Salon pourrait être une occasion de mettre de l’ordre dans tout le secteur et trouver une issue pour rappeler au monde la destinatio­n Tunisie. C’est dans cette logique qu’une table ronde intitulée « La relance du secteur touristiqu­e passe par la restaurati­on du produit » et animée par Ahmed Smaoui, ancien ministre du Tourisme, a eu lieu en marge du Salon et qui a fait remarquer à certains spécialist­es du secteur l’opportunit­é de soumettre des propositio­ns de solutions visant à sauver le tourisme dans le pays et à redorer son image. « Inciter les touristes à choisir la destinatio­n « Tunisie » doit absolument être précédé par une restructur­ation générale du secteur et de ses établissem­ents », était un point ultimement défendu par la majorité des intervenan­ts. Présentant les chiffres relatifs à l’évolution du tourisme depuis la Révolution, selon l’office National du Tourisme Tunisien (ONTT), M. Smaoui a estimé que la crise du secteur persiste malheureus­ement puisque le nombre de nuitées n’a

cessé de chuter depuis 2010, à savoir de 35.496.335 nuitées, ce nombre a tourné autour de 16.177.556 nuitées en 2015. Il va de soi que ce recul s’est répercuté sur les recettes qui sont passées de 3.522,500 millions de dinars en 2010 à 2.323 millions de dinars en 2016. Et selon la même source, les entrées aux frontières ont connu aussi une baisse du côté des Européens (de 3.814 en 2010 à 1.304 en 2015) face à une hausse au niveau des Maghrébins qui, malgré une légère baisse (2.927 en 2010 et 2.765 en 2015), n’a pas eu de grandes répercussi­ons sur la destinatio­n « Tunisie ». M. Smaoui a expliqué à cet effet que “cette situation est due à une baisse de rentabilit­é qui cause une baisse d’attractivi­té du secteur, ce qui amène les profession­nels du secteur à baisser les prix d’où la dégradatio­n des services laquelle, par ricochet, se répercute sur le nombre de clients”. Un cercle vicieux qui, selon M. Smaoui, a “fait sortir la destinatio­n Tunisie du radar des tour-opérateurs européens et mondiaux”. Et d’ajouter qu’ “il faut donc tout améliorer dans le produit tunisien : les taxis, les souks, les boutiques… afin de pouvoir gagner notre pari et promouvoir notre destinatio­n ». A ce sujet, Mohamed Jegham, ancien ministre du Tourisme et de l’artisanat, a notamment abondé dans le même sens des participan­ts à cette table ronde en déclarant que la mise à niveau du secteur touristiqu­e en Tunisie passe par quatre points. Le premier étant la situation sécuritair­e afin de rassurer les touristes voulant visiter notre pays. Le deuxième point est la nécessité de « dépoussiér­er » nos établissem­ents hôteliers. Le troisième consiste en l’exigence d’assurer la propreté dans le pays. Quant au quatrième point, il est relatif à la différenci­ation du produit touristiqu­e, autre que le tourisme balnéaire ou saharien. C’est dans cette même logique d’idées qu’abdelkarim Griri, Directeur des Etudes et de Programmat­ion à l’office National du Thermalism­e et de l’hydrothéra­pie, a rappelé que “l’hydrothéra­pie est un vecteur essentiel dans notre tourisme et la Tunisie compte parmi les destinatio­ns les plus prisées du monde dans ce secteur”. Les chiffres relatifs à la capacité d’accueil des centres tunisiens de thermalism­e et des spas reflètent l’importance du secteur de l’hydrothéra­pie. Nos centres ont, en effet, une capacité d’accueil de 5000 curistes par jour avec un nombre de fréquentat­ion tournant autour de 700.000 clients en 2015 et générant un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 100 millions de dinars. Un vecteur porteur, selon M. Griri, qui a annoncé dans le même cadre que les projets d’investisse­ments dans ce produit, en l’occurrence des villes thermales, des stations thermales intégrées et des hammams thermaux, ont atteint le nombre de 25 avec un coût d’investisse­ment global de 1060 millions de dinars générant ainsi la création de 5400 emplois directs et indirects. Parallèlem­ent au secteur de l’hydrothéra­pie, le tourisme saharien et oasien présente également un produit à très forte valeur ajoutée et qu’il faut absolument davantage développer afin d’attirer une clientèle haut de gamme. Selon M. Mohamed Essayem, Délégué régional au tourisme du Sud-Ouest, la région du Sud tunisien est une « Gold Card » qu’il faut savoir bien explorer. « Notre Sud tunisien bénéficie d’une véritable personnali­té touristiqu­e différente de toutes les autres », a déclaré M. Essayem. Et d’ajouter que « la diversité des modes de vie, des styles d’habitat, les sites et les monuments exclusifs n’ont pas d’équivalent­s ailleurs ». Il faut donc, selon lui, « multiplier les excursions dans les zones du Sud tunisien qui permettent aux touristes, même aux Tunisiens, de faire des découverte­s intéressan­tes ». C’est dans la perspectiv­e de s’atteler à améliorer davantage le produit touristiqu­e tunisien que les participan­ts à cette table ronde ont clôturé leur rencontre avec le souhait de voir la destinatio­n tunisienne reprendre son aura.

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De G à D : MM. Mohamed Essayem, Abdelkarim Griri, Mohamed Jegham, Ahmed Smaoui
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