Attijari Bank
“Développement en Afrique : opportunités, business et défis”, tel était le thème de la conférence annuelle du Club Afrique Développement d’attijari Bank. Elle a été animée par Thierry Apoteker, expert international et président de TAC Economics. Pour Hich
Comment passer de 0.4% à 1% du marché africain ?
Savez-vous que l’afrique importe 14% de sa margarine et ses huiles culinaires de la Tunisie ? Et ce n’est pas tout ! Notre pays exporte vers l’afrique 5.7% des compteurs et instruments de mesure qu’il fabrique, ainsi que 7.8% des pierres, sable et gravier, 6% des sels et persels métalliques et 5.7% des papiers et cartons découpés, et la liste n’est pas exhaustive. Alors que les Chinois ont réussi à gagner 18.2% de parts du marché africain — grâce à une croissance de 10.9% entre 2005 et 2015 — la Tunisie ne détient que 0.4% du marché avec une croissance de 0.1% durant la même période. Un long chemin reste à faire pour la Tunisie, surtout que l’afrique ne représente — d’après l’étude présentée par Apoteker — que 13% des exportations nationales, contre 79% pour l’europe, et ce, malgré une croissance de 3.4% des exportations africaines et une baisse de 4.6% de celles à destination de l’europe.
Deux bonnes nouvelles pour les exportateurs tunisiens
L’afrique subsaharienne devrait réaliser la plus grande croissance mondiale en termes de volume d’importation de biens, durant les 5 prochaines années, avec un taux de 5.4%. Elle dépasserait ainsi l’europe émergente (5.1%), l’asie émergente (4.6%) ou encore l’amérique latine (4.6%). Et pour cause : une forte vague d’urbanisation (de 472 millions de personnes en 2015 à 1.4 milliard en 2050) et une croissance de la classe moyenne (un bond de 125 millions de personnes entre 2015 et 2024) qui métamorphoseraient le paysage démographique de la région. La Tunisie a de fortes chances de pouvoir capitaliser sur ces transformations. Plusieurs produits, qui figurent dans le top 10 des articles dont l’importation a connu la plus grande croissance, correspondent à la structure des exportations tunisiennes. La dynamique dans les pays africains en termes d’importation correspond à certains aspects de spécialisation des exportations nationales. Il s’agit principalement des appareillages électriques, des produits du textile, de l’agroalimentaire.
Le second boom ?
Les exportations tunisiennes ont passé de moins de 500 M$ en 2000 à environ 2 MDS $ en 2008. Une croissance de plus de 300% en l’espace de 8 ans. Afin de pouvoir capter une plus grande part de marché, il faut capitaliser sur les opportunités pour conquérir des marchés. De nombreux changements sociétaux en Chine font que les salaires sont en train d’augmenter. Les produits chinois ne tarderont donc pas à se hisser au-dessus du pouvoir d’achat de certains marchés. La Tunisie pourrait (et devrait) donc saisir cette opportunité pour gagner du terrain. Il est temps, dix ans plus tard, de réaliser le deuxième boom. Pour ce faire, plusieurs pistes s’ouvrent à l’industrie nationale. La chaux et les matériaux de construction fabriqués, par exemple, connaissent une forte demande dans plusieurs pays : le Ghana en importe 201 M$, la Côte d’ivoire 160 M$ et le Mali 136 M$, pour ne citer que ces 3 pays. Les exportations tunisiennes n’y représentent qu’une partie infinitésimale : 227 k$ pour le Ghana, 2.6 M$ pour la Côte-d’ivoire et 531 k$ pour le Mali. Les chaussures ont le vent en poupe sur le continent africain : Ghana et Kenya sont en tête de liste en tant qu’importateurs (196 M$ pour le premier et 190 M$ pour le second). Voilà une niche à exploiter, nous qui avons une longue tradition dans la fabrication des chaussures. Hélas, nous n’en exportons pas vers ces deux pays. Le manque à gagner est on ne peut plus évident. Il est temps de passer à l’action et de gagner des parts sur ces marchés avant qu’il ne soit trop tard.
Quelle stratégie adopter ? Il faut que les entreprises tunisiennes, notamment les PME, pensent à s’allier afin d’acquérir une importante force de frappe permettant de conquérir des marchés importants. Ici, un accompagnement bancaire est plus que nécessaire pour faciliter la tâche aux entreprises tunisiennes.