Ridha Charfeddine, D. G d’unimed
Sa participation, la première au Forum africain n’est pas passé inaperçue parmi le gotha mondial politicoéconomique. Il s’en réjouit en même temps qu’il laisse éclater sa déception et sa colère à l’endroit de la gente patronale tunisienne parcequ’elle tar
Le regard rivé vers l’afrique
Que pensez-vous de votre participation au Forum?
Pour nous, il s’agit d’une première participation et d’une première approche. C’est un forum de grande notoriété. Nous aurons quelques rencontres B2B avec quelques opérateurs africains. Nous sommes réellement impressionnés. Nous constatons qu’il y a une vraie stratégie qui a été fort bien établie depuis quelques années. Je suis bien en peine qu’en Tunisie nous n’ayons pas agi de la sorte. Nous avons des entreprises qui ont des capacités, la maîtrise technologique et le savoir-faire leur permettant de s’installer en Afrique. J’espère qu’à partir de cette rencontre, nous allons communiquer en Tunisie que ce soit au niveau politique ou patronal pour que les gens prennent conscience qu’il y a des opportunités à ne pas rater car les parts de marché sont en train d’être prises. Il faut, sans plus tarder faire preuve d’agressivité et mettre en perspective une vision pour l’afrique à l’horizon 2050. La ministre gabonaise des Investissements privés, du Commerce, du Tourisme et de l’industrie vient de dire qu’en 2050, le tiers de la jeunesse mondiale sera en Afrique. Je pense qu’il y a de la place pour les entreprises tunisiennes, particulièrement dans le domaine de l’industrie pharmaceutique, eu égard à leur notoriété, au rapport qualité- prix de leurs produits, et leur maîtrise technologique. Certaines ont même commencé à prendre position.
La profession elle-même a-telle aussi une part de responsabilité dans cette absence ?
En effet, nous avons une part de responsabilité. Réellement, en Tunisie, nous passons trop de temps à gérer des problèmes au quotidien et à jouer aux sapeurs-pompiers. Le problème est que les décideurs politiques nous voient comme un fournisseur et non comme un partenaire. En tant que fournisseurs stratégiques, notre rôle est de maintenir nos capacités et nos stocks. Il faut qu’il y ait en parallèle une politique qui encourage l’export et qui valorise cette industrie innovante. Le secteur des médicaments est très noble et nécessite des certifications européennes. Si la Tunisie s’installe en Afrique en tant que pôle de santé, l’image du pays en sera vraiment redorée et ceci se répercutera sur tous les autres secteurs. Je vous rappelle que la Banque mondiale a choisi cinq secteurs sur lesquels la Tunisie doit se concentrer, l’industrie pharmaceutique figure en bonne place.
Vous voulez dire qu’il y a du potentiel en Afrique pour Unimed ?
Aujourd’hui, nous employons 680 personnes avec un taux d’encadrement de 37%. Nous fabriquons des produits stériles : les injectables, les solutions Ophta – ORL, les collyres et les solutions de perfusion. C’est l’inconvénient et l’avantage d’être sur un secteur très technique et compliqué. C’est un savoir- faire qui n’existe que très rarement en Afrique. Nous avons une opportunité exceptionnelle d’être sur un secteur où le ticket d’entrée est très difficile et très cher. A Unimed, nous exportons 35% de notre production dans la plus grande majorité des pays européens. C’est essentiellement de là que provient la progression de notre chiffre d’affaires. Nous sommes sollicités par beaucoup d’opérateurs du Soudan, de la Côte -d’ivoire. J’ai bien peur qu’un jour les promoteurs tunisiens aillent s’installer ailleurs au grand dame de la Tunisie.