DES LYCÉENS DE GABÈS À LA DEMI-FINALE MENA DE L’IMAGINE CUP 2017
Comme chaque année, la compétition technologique de Microsoft nous réserve beaucoup de surprises. Suite aux recommandations du directeur général de Microsoft Tunisie Mohamed Bridaa, la cérémonie de la finale nationale d’imagine Cup 2017, organisée par Firas Mdimagh, avec la supervision de Fares Zekri, s’est déroulée le samedi 15 avril 2017 à Tunis ( puisque les recommandations consistaient à organiser la finale de l’année prochaine dans le territoire de l’équipe gagnante de l’année précédente). Cette cérémonie était organisée par Microsoft Tunisie avec la collaboration de l’université Centrale de Tunis dans l’amphi même de L’UCT. Beaucoup d’étudiants en informatique et surtout les MSPS ( Microsoft Students Partners) qui n’ont pas ménagé d’efforts pour contribuer au bon déroulement de la compétition. Le jury était composé du Pr. Riadh Robbana ( Président), Elyes Jeribi (CEO Smart Tunisia), Bassem Bouguerra (CEO Intilaq), Amal Saidane (CEO Startup Tunisia) etc. Chaque année, des étudiants en informatique proposent des projets innovants et les défendent avec un très haut niveau de pitch en langue anglaise devant un jury de renom. Mais ce qui est fabuleux, c’est que la compétition offre des places pour les jeunes lycéens qui veulent montrer leur savoir-faire malgré leur jeune âge. Et ce n’est pas la première fois que les Lycéens du pilote Gabès sont finalistes. Notre équipe nationale ( Peace makers) sera composée de trois jeunes Gabèsiens qui ont présenté un projet de sécurité basé sur les API de Twitter à travers une plateforme qui pourrait analyser les expressions rédigées en langue arabe par un compte potentiel de terroriste incitant à la haine et annonçant des messages de l’etat Islamique et autres organisations terroristes. Ces jeunes continueront à travailler pour améliorer leur projet prometteur afin de le défendre durant la demi-finale Afrique et Moyen Orient qui sera disputée au mois de Mai à Beirut.
Le rideau vient de tomber sur le Xixème Forum annuel de l’economiste Maghrébin dédié, cette année, à «L’innovation clé de la croissance tunisienne». Pendant plus d’une demi-journée, des têtes pensantes, plus que bien faites, se sont penchées sur la question. Exposés, témoignages, success stories et recommandations ont fait l’objet d’une écoute des plus attentives tellement le sujet était brûlant d’actualité. Pourquoi ? Tout simplement parce que face à la succession de fermetures de plusieurs de nos entreprises, autrefois fleurons de notre industrie, qui avaient pourtant leur place au soleil au nord comme au sud, le sujet se devait d’être abordé: innover ou disparaître ! Il y a donc là une question de vie ou de mort. Il suffit de le demander à certains chefs d’entreprise dans le textile ou dans le cuir et chaussures pour être fixé. Lors du Forum, plusieurs intervenants se sont attachés à définir l’innovation. Quelle que soit celle qu’on peut lui prêter, il reste, qu’en théorie, elle demeure une idée formidable pleine de sens, la bouffée d’oxygène nécessaire dès lors que l’on voit le concurrent, venu d’ailleurs, en train de chasser sur ses terres. Tantôt c’est les Chinois, tantôt c’est les Turcs voire d’autres origines; tout le monde en veut à notre industrie. A nous voir pleurer sans réaction serait donc un comportement relevant plutôt du mur des lamentations. Il y a 20 ans, toute l’attention de l’entreprise se portait sur la diminution des coûts et la maîtrise des filières de production autour de produits standardisés. C’était l’euphorie. Mais dès les années 1990, le choc de la mondialisation est venu ruiner les avantages acquis. Il est ainsi devenu indispensable pour les entreprises de faire preuve de plus de créativité afin de ne pas disparaître. C’est alors que l’innovation apparaît comme la condition indispensable de survie et de développement pour de nombreuses entreprises, comme un gage de pérennité, serait-il possible de dire. Cependant l’innovation, tout comme l’esprit d’entreprise, ne se décrète pas, ne s’improvise pas! C’est une culture, c’est un état d’esprit ! Ceci amène précisément à poser les questions liées à la culture de l’innovation comme facteur clé de succès de l’entreprise. Ces questions ont été au coeur même des travaux du Xixème Forum de l’economiste Maghrébin. Car sans occulter le facteur risque, il est possible d’avancer que l’innovation constitue un levier de croissance, permet de faire face à la concurrence, permet la consolidation et la conquête de marchés, prévient et/ou prépare le changement, crée de la valeur, renforce l’image de l’entreprise, motive et mobilise les employés, et contribue à la pérennisation de l’entreprise. Le tout est de savoir comment ! Hédi Mechri l’a souligné dans son mot d’ouverture du Forum. «Innover, puisque c’est de cela dont il s’agit, oui mais pourquoi et comment ? La question, sinon ces questions, méritent d’être posées. Il y a même urgence, car notre modèle de dé-
veloppement révèle aujourd’hui ses limites et paraît très décalé par rapport aux nouvelles attentes et à la nouvelle demande sociale que rien ne semble arrêter. Notre économie doit gagner en valeur, ajoute-t-il, s’adapter, résister et épouser son époque. Aujourd’hui, sans doute plus qu’à aucun autre moment et au regard du décrochage de l’industrie tunisienne, l’innovation est le principal facteur de survie pour l’ensemble des secteurs économiques. » Un groupe de réflexion, animé par la présidente de l’atuge et composé de promoteurs de startup en Tunisie comme à l’étranger s’est penché, lors du Forum, sur ces différentes problématiques liées aussi bien à l’entreprise qu’à son écosystème, à commencer par l’environnement administratif censé l’accompagner dans son cheminement. Le moins que l’on puisse avancer est le trouble qui existe au sein de l’ensemble du dispositif de soutien à l’innovation et le questionnement induit : Quelles sont les structures opérationnelles d’appui ? Sont-elles suffisamment portées à la connaissance des entreprises en tout point du territoire ? Le dispositif est-il en cohérence ? Quels sont les efforts fournis par les pouvoirs publics et comment les booster ? Les capacités propres d’autofinancement sont-elles suffisantes ? Quelles sont les contraintes des entreprises face au financement de l’innovation, en interne et en externe ? Les contraintes financières, publiques comme privées, qui plombent certains financements, ne risquent-elles pas de menacer la viabilité du modèle de concours à l’innovation ? Quels sont les liens opérationnels entre l’université et l’entreprise pour promouvoir/développer la R&D et l’innovation ? Comment freiner la fuite voire attirer des compétences «pointues», des talents tant nécessaires à la mise en place d’une politique/stratégie de soutien à l’innovation et à la R&D ? comment rapprocher les start-up innovantes des grands groupes ? Sur pratiquement tous ces points, Hédi Mechri, toujours dans son mot d’ouverture, a avancé : «Il faut à cet égard définir et diffuser à tous les étages du pouvoir et de la société une culture d’innovation qu’il faut soutenir en permanence. L’innovation n’est pas que d’essence technologique. La stabilité, la simplification des procédures, l’allègement fiscal, la primauté du dialogue social et la politique d’aide à l’investissement participent de cette vision.» Force est alors de constater que tout au long des quelques dernières années passées ces mêmes questions sont devenues récurrentes et appellent d’autres questions : Pourquoi donc ce retard à l’allumage ? Quelles sont les pesanteurs qui freinent le décollage des services administratifs ? Pourquoi donc tant d’attentisme? Pourquoi donc ne voit-on pas ne serait-ce qu’un début de commencement? Les chiffres sont alarmants. Non seulement la Tunisie se voit mal classée mais à force de reculade dans son appréciation elle est devenue le mauvais élève pour tout investisseur. 55 places de perdues depuis 2012 en compétitivité mondiale, 103ème sur 190 p our la création d’une entreprise (Doing Business 2017), 110ème en termes de capacité d’innovation (Forum économique mondial, 2017). Rien que pour ce qui concerne l’innovation et la R&D, pas moins de 15 différents instruments sont en place. Ils sont gérés par une dizaine d’entités différentes, qui plus est, relevant de départements différents, sans cohérence aucune dans les interventions de chacune d’elle. Les difficultés seraient-elles aussi insurmontables pour expliquer l’attentisme soulevé plu haut. Des pistes ont été indiquées par le Ministre de l’industrie et du Commerce dans son intervention à l’ouverture des travaux du Forum. Il a même soulevé le tapis et montré toute la poussière qui gisait en dessous. Et si l’on prenait point par point ses différentes déclarations pour dessiner les contours d’un plan d’actions ? Et si l’on pouvait passer, alors, du discours à l’acte ? Et si tous les acteurs parvenaient à travailler de concert afin de sortir le pays de sa torpeur ? Le pays ne retrouverait-il pas toutes ses couleurs pour redevenir une terre de prédilection à l’éclosion d’activités innovantes ? Nous en avons les capacités, nous en avons les possibilités. Mais avec des si….