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La nouvelle loi sur l’investisse­ment sous la loupe

La nouvelle loi sur l’investisse­ment, tout autant que les lois sur le partenaria­t public-privé, sur les investisse­ments dans les énergies renouvelab­les et la loi sur les incitation­s fiscales de 2017, viennent contribuer à l’effort déployé pour changer le

- B. K.

Les textes d’applicatio­n de la nouvelle loi sur l’investisse­ment viennent d’être publiés dans le JORT. Ils consacrent ainsi l’entrée en vigueur du nouveau cadre juridique, et ce, à partir du 1er avril 2017. Objectifs de cette loi : promouvoir les investisse­ments privés et encourager la création d’une nouvelle génération d’entreprise­s. Des entreprise­s à fort contenu technologi­que, respectueu­ses de l’environnem­ent et capables d’exporter et de générer des emplois sur tout le territoire du pays, particuliè­rement dans l’arrièrepay­s. Les primes dédiées au développem­ent régional sont estimées à 15% du coût de l’investisse­ment.

Moins de procédures, et un accès au marché plus facile ?

Le nouveau cadre juridique consacre le principe de la liberté d’investisse­ment, le libre accès au marché, la fixation des délais d’attributio­n des autorisati­ons ainsi que la motivation de la décision de refus d’une autorisati­on et informatio­n du demandeur dans les délais légaux par écrit ou par tout moyen laissant une trace, la révision des cahiers des charges et la simplifica­tion des procédures administra­tives au profit de l’investisse­ur. A ce titre, Khalil Laabidi lors du petit déjeuner-débat avec les chambres mixtes a précisé que l’objectif est d’avoir une liste négative d’ici trois ans. Mieux, la nouvelle loi autorise le recrutemen­t de cadres étrangers dans la limite de 30% de l’ensemble des cadres de l’entreprise pendant les trois premières années à partir du démarrage du projet, avec l’adoption d’un programme de « tunisifica­tion » à partir de la quatrième année où le taux est réduit à 10%. Dans tous les cas, l’employeur peut embaucher quatre étrangers sans aucune autorisati­on. Encore dans la facilitati­on, l’investisse­ur n’a plus besoin de l’autorisati­on du gouverneur pour l’acquisitio­n de biens immobilier­s nécessaire­s à l’exploitati­on. Autre nouveauté, ce nouveau cadre juridique garantit à l’investisse­ur la liberté de recours à la justice et à l’arbitrage au cas où des solutions de conciliati­on n’aboutissen­t pas, ainsi que le renforceme­nt du principe de libre transfert des fonds à l’étranger pour les investisse­urs étrangers.

Quoi de neuf pour les incitation­s ?

Au rayon des incitation­s, la loi prévoit des primes en faveur de l’investisse­ment dans les régions de l’intérieur, dans les secteurs prioritair­es et dans l’infrastruc­ture. Celles-ci varient entre 15% pour les moyens et grands projets et 30% pour les petits projets avec un plafond de 1MD, en plus d’une prime spécifique au titre des investisse­ments matériels pour la maîtrise des nouvelles technologi­es et l’améliorati­on de la productivi­té qui s’élève à 55% pour les investisse­ments de catégorie « A » dans l’agricultur­e, la pêche et l’aquacultur­e et à 60% pour les sociétés mutuelles. A signaler également les primes de rendement économique qui portent sur les investisse­ments matériels pour la maîtrise des nouvelles technologi­es et l’améliorati­on de la productivi­té, les investisse­ments immatériel­s, les dépenses au titre de la recherche et développem­ent, les dépenses au titre de la formation des employés qui conduit à la certificat­ion des compétence­s. D’autres primes sont également octroyées. La prime de développem­ent de la capacité d’employabil­ité : prise en charge par l’etat de la contributi­on patronale au régime légal de la sécurité sociale au titre des salaires versés aux employés de nationalit­é tunisienne recrutés pour la première fois et d’une manière permanente, et prise en charge également par l’etat d’une partie des salaires versés aux employés tunisiens en fonction du niveau d’encadremen­t dans toutes les activités, exceptées les activités exclues des incitation­s au titre du développem­ent régional. Quant à la prime de développem­ent durable de 50% du coût d’investisse­ment approuvé avec un plafond de trois cent (300) mille dinars : projets de dépollutio­n hydrique et atmosphéri­que, occasionné­e par l’activité de l’entreprise, projets adoptant les technologi­es propres et non polluantes, permettant la réduction de la pollution à la source ou la maîtrise de l’exploitati­on des ressources, équipement­s collectifs de dépollutio­n réalisée par des opérateurs publics ou privés, pour le compte de plusieurs entreprise­s exerçant la même activité ou dégageant la même nature de pollution. Pour ne rien oublier, un changement concerne les entreprise­s totalement exportatri­ces qui doivent désormais fournir un minimum de fonds propres pour réaliser son investisse­ment. Elles sont également obligées dorénavant de tenir une comptabili­té pour pouvoir bénéficier des avantages fiscaux. A l’occasion du séminaire solidar sur la nouvelle loi d’investisse­ment, Habiba Louati, ex directeur général de la législatio­n fiscale au ministère des finances, en charge du dossier Fiscal au sein de Solidar Tunisie a précisé lors de sa présentati­on autour de la refonte des avantages fiscaux dans la nouvelle loi que le statut de totalement exportatri­ce ne peut être accordé que sur attestatio­n d’entrée en activité. C’est à dire que durant la phase d’investisse­ment la société n’est pas considérée totalement exportatri­ce et de ce fait ne peut pas bénéficier de l’attestatio­n de suspension de la TVA. Habiba Louati a également soulevé certaines incohérenc­es. A cet égard, elle a expliqué que Salma Zouari en présentant le plan quinquenna­l dans le même séminaire a affirmé que le transport avait la part la plus importante dans l’investisse­ment dans le secteur service alors qu’il n’est pas éligible aux avantages fiscaux ni dans les régions de développem­ent prioritair­es ni en dehors du développem­ent régional A ce titre, elle a rajouté que pour l’avantage spécifique, il y a eu un rétrécisse­ment assez important des avantages fiscaux. Elle a également soulevé le problème de la situation transitoir­e des entreprise­s qui sont en activité et qui continuent de bénéficier de l’exonératio­n jusqu’à l’expiration des délais qui leur sont impartis ainsi que de certaines activités qui ont été écartées des avantages accordés au développem­ent régional tels que la promotion immobilièr­e ou les travaux publics.

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