Le Manager

L’internet des objets, Quelles opportunit­és ?

La deuxième édition du forum annuel IOT Tunisia a été organisée fin avril dernier, au Technopark El Ghazala. L’événement a été rehaussé par la présence de Habib Debbabi, secrétaire d’etat à l’economie numérique. Plusieurs experts et spécialist­es en la mat

- AHMED SAOUDI

L’internet des objets, cette tendance qui veut transforme­r le monde en un gigantesqu­e réseau de capteurs, interconne­ctés et en interactio­n perpétuell­e, n’est plus un sujet de science-fiction. L’IOT est de nos jours une réalité … du moins ailleurs dans le monde. Le retard de la Tunisie dans ce secteur semble, du moins d’après les spécialist­es, récupérabl­e. Je dirais même que des efforts ont été multipliés afin de faire de notre pays un hub régional en la matière. Entreprise­s, académicie­ns et société civile se sont alliés pour faire de ce rêve une réalité. “Nous voulons faire de ce forum un rendez-vous annuel, vu l’importance croissante de l’iot”, a déclaré M. Farouk Kamoun, président de l’université Sésame et organisate­ur de l’événement, lors de son allocution d’ouverture. La vraie question pour M. Kamoun est comment faire pour passer aux réalisatio­ns et faire converger les efforts des différents intervenan­ts du secteur vers ce but commun. IOT Tunisia, un g roupement d’intérêt économique à but non lucratif qui vient de voir le jour, en est la réponse. “C’est le premier consortium en Tunisie rassemblan­t académicie­ns, industriel­s et donneurs d’ordre”, a-t-il ajouté. Pour Habib Debbabi, le rôle de l’etat est de faciliter la créativité : “La license de l’iot n’est qu’un workaround que nous avons déployé en attendant le Code du numérique qui devrait voir le jour avant la fin de l’année”. Le secteur de la technologi­e joue un rôle très important dans la politique de l’emploi du gouverneme­nt. D’après Debbabi, chaque point de croissance dans ce secteur vaut 75 mille nouveaux postes, “ce qui correspond au nombre de nouveaux diplômés chaque année”. “C’est grâce au cadre juridique et aux jeunes talents rencontrés ce jour, que nous bâtirons l’économie de Tunisie 2030”, a déclaré le secrétaire d’état au micro du Manager.

Sécurité, sécurité, sécurité

Pendant de longues années, les mondes physique et digital vivaient une profonde rupture où l’unique lien était l’interventi­on humaine, souvent lente et sujette à erreur. Les objets connectés ont changé la donne. Désormais, il est possible de “programmer” notre environnem­ent dans sa totalité pour l’adapter à nos besoins. Tous nos objets communique­ront et collaborer­ont pour assurer notre bonheur. Les exemples bien réels ne manquent pas: tel que le thermostat qui déclenche le chauffage de la maison quelques minutes avant votre arrivée … parce que votre voiture l’a informé que vous y êtes presque. Nous pouvons aussi citer le baladeur qui joue une musique adaptée à votre mood … informatio­n qu’il a déterminée à partir de vos signes vitaux collectés auprès de votre smartwatch, etc. Au vu de tout ce potentiel, ce n’est plus une surprise de voir ces équipement­s envahir tous les secteurs, même les plus sensibles : sécurité, finance, santé, … Positionne­ment unique: les objets connectés jouent le rôle d’un pont reliant le virtuel et le réel, il y a lieu d’y voir un enjeu énorme et de nouveaux challenges. Outre l’accès non-autorisé aux données personnell­es, les pirates peuvent également prendre le contrôle de vos devices. Le danger est imminent et des vies humaines sont même en jeu. Imaginez, par exemple, les dégâts que peut pro

voguer un pirate, installé à l'autre bout de la planète, ayant pris le contrôle total du thermostat de votre habitation, de votre voiture ... ou d'un avion en plein vol. Le challenge est alors double. Car, en plus de nous protéger contre toutes ces menaces, il faut, en même temps, assurer à nos de-vices une connectivi­té sans faille, leur permettant de s'échanger des données, et d'agir quand il est né-nécessaire. Élément clé pour réus-sir ce défi : l'humain, souvent le maillon faible de tous les systèmes de sécurité. "Il faut penser à créer des architectu­res permettant aux utilisateu­rs, qui ne sont pas forcé-ment des experts, de protéger faci-lement, mais surtout efficaceme­nt, leurs devices", a suggéré Vint Cerf. Un autre détail de taille pour le pionnier de l'internet : bien qu'il s'agisse d'objets connectés, il faut que ces devices puissent continuer à fonctionne­r, et ce, même en ab-sence de toute connectivi­té. "Je ne veux pas finir avec une maison qui ne 'fonctionne' pas à cause d'une coupure d'internet", a-t-il dit. Une opportunit­é, mais il ne faut pas trop rêver ... Pour transfor-mer la Tunisie en un hub techno-logique, lan F. Akyildiz, professeur à la prestigieu­se Georgia Tech, a recommandé que la Tunisie com-mence par développer des solu-tions aux problèmes spécifique­s de la région MENA. "Pays arabe le plus avancé dans ce secteur", Akyildiz a expliqué, "la Tunisie est la mieux positionné­e pour servir ce marché de plus de 600 millions de consommate­urs. Ce serait plus in-téressant que de penser à concur-rencer les géants du secteur". L'internet des objets aurait aussi un fort impact sur Les empLois de demain Cette nouvelle couche d'automa-tisation, vous l'avez certaineme­nt déjà entendu, va rendre obsolète un certain nombre de postes. D'un autre côté, l'internet des objets devrait créer tout un écosystème et créer de nouveaux débou-chés, outre l'IoT per se. Le choix, l'installati­on, la maintenanc­e et l'utilisatio­n des solutions IoT né-cessitent de nouvelles expertises. Sécuriser d'énormes réseaux de capteurs distribués à travers la planète nécessite, comme nous l'avons vu un peu plus haut, de nouvelles expertises.

Iole+ sic DATA = APT

Mais le plus grand apport de l'IoT sera, sans aucun doute, la quantité sans précédent de données géné-rées et collectées. Les entreprise­s auront à gérer d'énormes flux d'in-formations, souvent hétérogène­s, en temps réel. Transporte­r, stocker et sécuriser ces terabytes, voire exabytes, de données nécessite-ra une mise à jour obligatoir­e des infrastruc­tures IT. Le challenge serait aussi de pou-voir analyser ces données afin d'en extraire l'essentiel ... avant ses concurrent­s. Couplé à l'IoT, le big data permet aux entreprise­s quel que soit leur secteur d'activité d'améliorer leur Return on In-vestment (ROI). D'après Mohamed Bessa, directeur du Pôle Conseil & Innovation à Business&Decision, ceci est possible grâce à la réduc-tion des coûts, à l'optimisati­on des process, à la détection de fraudes, etc. Mais également grâce à un meilleur ciblage des offres et des clients, ce qui ne manquera pas d'augmenter les revenus. L'avènement du big data en temps réel avec l'IoT a permis d'effacer les frontières entre l'aspect dé-cisionnel et opérationn­el. " Nous analysons les données collectées par les objets connectés pour opti-miser leur propre fonctionne­ment de ces derniers! Mieux encore, nous arrivons aujourd'hui à in-jecter les instructio­ns directemen­t, et en temps réel, dans la chaîne de production", explique le res-ponsable du spécialist­e français de la BI. La Big data et les objets connectés ont permis aux entre-prises de diversifie­r leurs business models. Nike, par exemple, utilise les données collectées par leurs chaussures connectées (oui, ça existe!) pour améliorer leurs pro-duits, ce qui a eu un effet positif sur les ventes. Nike, un géant in-dustriel, a pu par la même occa-sion renforcer son côté "services" en proposant des applicatio­ns de coaching à ses clients. Cette "ser-vication" est une nouvelle chance pour les entreprise­s, y compris les tunisienne­s, à la recherche d'un rendement amélioré.

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