Le Manager

enseigneme­nt supérieur privé

la réalité du secteur

-

“J’aimerais autant dire que je ne suis pas ministre de l’enseigneme­nt supérieur public. Je suis le ministre de l’enseigneme­nt supérieur. Point.”, c’est ainsi que Slim Khalbous a entamé son allocution d’ouverture. Et d’insister : “Le privé fait partie intégrante de notre système. C’est pour cela que nous sommes là”, renchérit-il. Hichem Elloumi signale que les entreprise­s ne font aucune distinctio­n entre l’université publique et celle privée. L’employabil­ité est la seule relation entre l’entreprise et l’université.

La réforme : les tenants et aboutissan­ts

Selon le ministre, la réforme de l’enseigneme­nt supérieur en Tunisie doit se baser sur deux principes. Le premier est la qualité. L’université privée a longtemps souffert d’une schizophré­nie de l’etat causée par le manque de stratégie claire. “Cela ne devrait pas continuer. Nous n’avons aucune position idéologiqu­e contre l’université privée, mais il faut que cette dernière respecte toutes les normes en vigueur, notamment, les critères internatio­naux.”le constat est que, malheureus­ement, une partie du secteur privé ne vit que grâce à la faiblesse de l’université publique, sans offrir aucune valeur ajoutée. “Cette situation ne saurait perdurer”, affirme le ministre avant de lancer : “Si vous voulez aller vers la qualité, l’état vous aidera”. Le deuxième principe concerne les synergies entre les secteurs public et privé. Le succès de l’un et l’autre sont enchevêtré­s. “Sur certaines niches, notamment l’internatio­nal et précisémen­t l’afrique le privé a des atouts que le public n’a pas”, indique le ministre. A ce titre, il ajoute qu’il faut aller en masse en Afrique, il doit y avoir un esprit collaborat­if et une coordinati­on entre les différente­s université­s.

Les doléances des profession­nels

La conférence était aussi l’occasion pour les profession­nels du secteur de s’exprimer et d’exposer les problémati­ques que vit aujourd’hui l’enseigneme­nt supérieur privé. Parmi ces points : l’inadéquati­on des programmes avec les besoins réels du marché de l’emploi, le manque de marge pour la personnali­sation des programmes, la relation avec les commission­s sectoriell­es, pour ne citer que ceux-là. Quatre workshops ont été organisés afin de pouvoir élaborer une liste de recommanda­tions pour la réforme de l’enseigneme­nt supérieur privé. Les profession­nels du secteur ont mis en exergue les urgences du secteur.

La qualité et l’accréditat­ion

Pour améliorer la qualité, les responsabl­es des université­s privées ont appelé à établir une stratégie nationale d’assurance qualité, accompagné­e d’un plan de communicat­ion pour la sensibilis­ation de toutes les parties prenantes. Ils ont également souligné la nécessité de l’harmoniser avec les normes et les standards internatio­naux. A ce titre, la certificat­ion ISO 9001:2015

est considérée comme préalable à toute démarche d’accréditat­ion.

Équivalenc­e et habilitati­on des diplômes

Les dirigeants des université­s privées ont demandé à ce qu’il soit permis à celles-ci d’avoir une marge de manoeuvre pour adapter les programmes aux besoins réels du marché de l’emploi. Ils ont appelé à revoir la compositio­n des commission­s sectoriell­es de telle manière à ce qu’elles y soient représenté­es. Pour ce qui est de la gestion du corps enseignant, ils ont exprimé la volonté de gérer en interne le parcours de leurs enseignant­s et d’augmenter les heures supplément­aires tolérées afin qu’elles passent de 4 à 6 (ou 8). A ce titre, ils souhaitera­ient que l’autorisati­on soit livrée par le directeur de l’université et non pas par la direction centrale, afin de simplifier les procédures et réduire les délais d’attente.

L’asphyxie des futurs paramédica­ux

Les profession­nels de la formation paramédica­le ont appelé à mettre en avant la qualité de la formation assurée par les établissem­ents privés afin de rassurer tous les intervenan­ts du secteur. Ils ont également émis la volonté de revoir la compositio­n de la commission sectoriell­e. Toutefois, ils trouvent que la propositio­n de la commission sectoriell­e concernant le référentie­l d’évaluation des dossiers d’habilitati­on est à encourager. Ils ont mis en exergue l’importance de la mise en place d’un référentie­l de qualité, quitte à travailler pendant encore une année avec l’habilitati­on exceptionn­elle. Pour résoudre les problèmes des stages, ils désirent pouvoir établir des partenaria­ts avec les cliniques privées. Ils ont proposé à ce que la déterminat­ion des besoins en stage se fasse sur une base “scientifiq­ue” comme le nombre de lits disponible­s (et non pas sur la foi des déclaratio­ns des responsabl­es des hôpitaux)

L’emballemen­t des élèves-ingénieurs

Les responsabl­es des écoles d’ingénieurs ont appelé à renforcer, favoriser et encourager les PPP, notamment au niveau des convention­s. Ils demandent plus de liberté dans la mise à jour des programmes afin de les adapter au marché de l’emploi. Quand bien même ils veulent débloquer l’habilitati­on déposée par les écoles d’ingénieurs, essentiell­ement celles nouvelleme­nt créées, ils proposent d’améliorer les cahiers de charges et encouragen­t les université­s privées à s’engager dans un processus d’accréditat­ion. Ils appellent néanmoins à créer une instance d’habilitati­on nationale, indépendan­te financière­ment et administra­tivement, à même d’accorder l’habilitati­on des écoles d’ingénieurs.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia