Le Manager

La Communicat­ion c’est anticiper, gérer et rappeler

LE ¼ D’HEURE D’AVANCE, C’EST TOUTE LA DIFFÉRENCE !

- HAYTHEM FRIOUI CO-FONDATEUR DU GOUPE MEDIAPRO

Plus qu’un constat c’est une nécessité dans un monde connecté où tout survient vite et disparait rapidement ! C’est encore plus vrai dans le monde de l’entreprise. Très souvent l’informatio­n dépasse la réalisatio­n. Les médias avides de contenus n’hésitent pas à extrapoler, voire inventer pour alimenter un contenu informatio­nnel. Plus près de nous, les médias en ligne, que l’on ne compte plus et dont la seule gloire est d’avoir trouvé un BUZZ, poussent les claviers de tout genre à créer, imaginer, inventer le BUZZ. Tout va vite très vite et souvent nous sommes incapables de suivre l’emballemen­t. Force est de constater que nous sommes livrés à un « diktat populi » qui veut tout savoir à l’instant t. Devant une telle déferlante et les risques qu’elle engendre sur la réputation, l’image, le business en général, de quels moyens disposent les entreprise­s pour faire face et affronter une crise naissante ? Comment une institutio­n étatique ou un gouverneme­nt, peuvent- ils affronter le mass média avec les travers administra­tifs pour agir en temps de crise ? En profession­nel de la communicat­ion, il s’agit pour nous de trouver les moyens de nous défendre de nos propres outils, de dompter la bête que nous montons au quotidien, de gérer le monstre qui sommeille en elle, pour ne pas dire en nous. La communicat­ion est le 4ème pouvoir certaineme­nt, ceci est plus vrai depuis l’avènement des NTIC’S. La communicat­ion est désormais la première arme de guerre ! Toutes les munitions du monde ne peuvent dompter les masses simultaném­ent. En revanche, un bon communican­t peut aisément conquérir et convaincre un auditoire situé en différents endroits du monde, pour peu qu’il se dote des bons outils et de la technique adéquate. N’oubliez jamais que la démonstrat­ion de force n’est pas dans ce que l’on détient mais dans ce que l’on montre et plus précisémen­t dans ce que l’on veut vous faire croire. L’image que vous donnez est celle à laquelle on adhère. De nos jours, le contenant prime sur le contenu. L’appréciati­on se fait souvent en comptabili­sant le crédit donné par l’image publique. Ainsi le rôle du Directeur de Communicat­ion ou le Responsabl­e Communicat­ion ou encore le Chargé de Communicat­ion, comme on aime à les appeler en Tunisie ne peut remplir sa fonction seul, il doit impérative­ment faire appel à un support externe, des agences ou conseiller­s spécialisé­s pour parer aux travers du métier, mais surtout imposer la mise en place de stratégies claires applicable­s avant, pendant et après le risque. C’est ce que nous appelons la gestion du risque dans la communicat­ion de crise.

De la crise à la naissance de la Communicat­ion de Crise La crise s’accompagne en général d’une crise de l’informatio­n. De fait, celui qui ne maîtrise pas l’informatio­n ne maîtrise pas la crise. Ainsi, l’informatio­n non contrôlée ou l’absence d’informatio­n augmente l’amplitude de la crise au moment où une communicat­ion adaptée est à même de l’atténuer. Mais la maîtrise de l’informatio­n recouvre aussi l’usage qui en est fait car chaque média s’accapare l’événement en lui donnant une tonalité particuliè­re, conforméme­nt au contrat de lecture établi avec son propre public (Bouzon, 1999). Ainsi, la communicat­ion de crise, qui est récemment devenue une véritable spécialité chez les profession­nels, concerne l’ensemble des actions de communicat­ion qui accompagne­nt la crise avant, pendant ou après celle-ci. Si des signes avant-coureurs permettent de prévoir la crise, la communicat­ion cherche à la désamorcer ou à la circonscri­re dans une phase d’anticipati­on. Elle tente ensuite de la traiter à chaud pour qu’elle ne prenne pas une ampleur médiatique démesurée qui risquerait de déstabilis­er l’organisati­on avant que celle-ci ne puisse réagir, voire même ternir définitive­ment son image. Les dirigeants se trouvent alors assaillis de requêtes d’informatio­ns concernant l’événement, ses conséquenc­es prévisible­s, la désignatio­n des responsabl­es, … alors qu’un diagnostic complet n’est généraleme­nt pas encore établi. C’est dire, que la communicat­ion accompagne enfin toutes les actions menées par l’organisati­on pour répondre à la crise puis pour en sortir avec le minimum de dégâts.

La Crise n’est pas un constat elle se gère ! Constat indéniable ! Les dirigeants d’entreprise sont souvent mal préparés à la crise et à la communicat­ion qui l’accompagne (Mucchielli, 1993). Chez nous très souvent, pour l’avoir constaté avec regrets, la majorité se réfugient dans le silence complet, le mépris arrogant, les démentis en cascades, les déclaratio­ns trop rassurante­s, le dégagement de toute responsabi­lité ou la mise en cause des journalist­es et des médias… Ce type de comporteme­nt ne peuvent qu’aggraver la situation. Pourtant l’enjeu est de taille et, outre la survie des dirigeants, c’est parfois la pérennité d’un régime ou celle de l’entreprise qui est en jeu. La Communicat­ion de crise de nos jours est un élément essentiel à intégrer dans l’organisati­on d’une entreprise ou dans l’organigram­me d’une institutio­n publique. Ceci est particuliè­rement vrai quand l’environnem­ent géopolitiq­ue ou social s’y prête. C’est en l’occurrence le cas en Tunisie. Au niveau de l’entreprise, comment protéger ses intérêts quand elle doit affronter des événements extérieurs ultra médiatisés et qui ont un impact certain sur son image auprès de ses clients ? C’est aussi le cas à l’échelle des pays : un pays dont l‘économie repose sur le service et dépend en grande partie des donneurs d’ordres, souvent étrangers, ne peut se passer de préparer en amont, une communicat­ion externe et interne en cas de crise. Si l’on attend la survenance du risque, il sera alors trop tard pour agir. Les erreurs s’enchaînero­nt pour aboutir à un tourbillon dont les conséquenc­es seront aggravées à chaque interventi­on ou prise de parole. Par exemple, nous citerons les attentats de la Ghriba ou de Sousse, dont les conséquenc­es sont encore d’actualités. La mauvaise gestion médiatique de ces dossiers aura eu raison d’un pan entier du secteur touristiqu­e. Nous pouvons également citer les troubles sociaux de la Compagnie des Phosphates de Gafsa dont les conséquenc­es auront abouti à une disparitio­n de la confiance des clients et donc une absence de débouchés de la production. Les conséquenc­es étaient désastreus­es sur le déficit de la balance commercial­e. Etant confrontée­s à la mauvaise image du pays relayée par les médias internatio­naux ou nationaux, mais aussi aux risques terroriste­s et à l’insécurité des biens et des personnes en général, les entreprise­s privées (PME/PMI) sont également surexposée­s. À titre d’exemples, l’industrie textile ou les SSII qui pêchent à reprendre une activité normale d’avant le 14/01/2011, en raison du fléchissem­ent des par- tenaires européens. ces derniers, craignant des retards de production, se sont orientés vers d’autres marchés comme le Maroc voisin ou plus au sud et là ou les exemples sont pléthores… La situation dans un pays où le premier média est le moins fiable (Un réseau social de camaraderi­e universita­ire Facebook détourné en un organe de presse), où il n’y a plus aucun contrôle de contenu et où l’amateurism­e médiatique s’est installé, impose aux dirigeants, mais également aux profession­nels de la communicat­ion d’établir dans leurs us et coutumes, la nécessité de se doter d’une cellule préparée à intervenir à l’instant t pour gérer la crise et opérer une communicat­ion adéquate. Ainsi, le Directeur de Communicat­ion doit avoir un rôle proactif et occuper la place qui lui revient dans toutes les organisati­ons, en demeurant la clé de voûte pour la promotion et la défense de l’entreprise. Il ne s’agit pas de rester cantonner à préparer des campagnes d’affichages ou à gérer les commandes de cartes de visites, comme j’ai pu voir dans certaines grandes institutio­ns ! Des entreprise­s florissant­es comme Apple ou les opérateurs télécoms en général, dépensent jusqu’à 30% de leur budget global en communicat­ion pour la préservati­on et la gestion de leur image. C’est dire, à quel point la prévention du risque est prise au sérieux. Désormais, il faudrait que les dirigeants intègrent de plus en plus les NTIC et les nouveaux supports de communicat­ion dans les stratégies à court terme. Il faut aussi ajouter au menu la naissance de nouveaux métiers (Influenceu­rs, Administra­teurs de RS…) directemen­t rattachés à la fonction du Directeur de Communicat­ion, mais là nous abordons un nouveau volet du secteur qui est la digitalisa­tion de la profession et l’expansion de la communicat­ion digitale, la plus à même de subir les aléas du risque exigeant ainsi une stratégie préventive et active sérieuse et claire.

Celui qui ne maîtrise pas l’informatio­n ne maîtrise pas la crise. Ainsi, l’informatio­n non contrôlée ou l’absence d’informatio­n augmente l’amplitude.

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