Sami Tabbane, CEO de SFM Telecom Telecom et TIC : les tendances de 2018
TELCOM ET TIC LES TENDANCES DE 2018
Le monde des télécoms est entré dans un nouveau cycle depuis le début des années 2010. En effet, le boom des télécoms des décennies 1990-2000 – principalement tiré par le développement des réseaux mobiles puis du haut débit –s’essouffle dans la plupart des pays où les réseaux arrivent à maturité. Notre pays ne fait pas exception avec un taux de pénétration pour le service voix de près de 130% et de 66% pour le service de données mobiles (chiffres INTT Octobre 2017). Le développement des réseaux, même avec l’arrivée de la 5G, ne permettra pas de revivre l’euphorie des années 2000. S’ajoutant à cela une guerre des prix et une captation de la valeur créée dans le secteur par les fournisseurs de services et d’applications (qualifiés D’OTT, Over-the-top, GAFAM pour Google-apple-facebook-amazon-microsoft dans le monde occidental et BAT pour Baidu-alibaba-tencent en Chine par exemple). Ainsi, dans la chaîne de valeur du secteur, la part des réseaux qui était de 40% en 2014 passera à 30% en 2015 alors que dans la même période, celle des fournisseurs de services et d’applications passera de 20% à plus de 60%. Et dans le cas des services d’internet des Objets (IOT), la part du réseau tombe à 2-5% pour 80% dans les applications. La contribution des principaux composants de la chaîne de valeur à la croissance du secteur du numérique est représentée ci-après et indique clairement où se situent les sources de croissance. (Voir figure 1). De fait, les télécoms en tant que secteur monolithique tel qu’il apparaissait avec les services de voix et d’accès Internet se diffusent dans tous les secteurs avec les e-services (e-commerce, e-health, e-education, e-banking, …) grâce à la digitalisation de l’économie qui bouleverse et le fera encore plus pour tous les métiers dans les années qui viennent. Nous passons progressivement d’un monde « figé » (que ce soit au niveau des organisations avec des administrations, des entreprises, des institutions … quasi-immuables depuis des décennies, ou au niveau so
cio-économique avec des bloggeurs ou youtubeurs adolescents sans formation ou compétences spécifiques « classiques » ou au sortir de l’adolescence capables de générer des millions de dollars de revenus quand dans le même temps des métiers auparavant à l’abri des crises se retrouvent totalement précarisés, voire, en voie de disparition) à un monde fluide où les certitudes n’existent plus (d’où un refuge anxieux et à divers degrés d’une grande partie de la jeunesse dans la religion et les nationalismes, selon les régions et les cultures). Nous sommes passés ainsi dans un monde de ruptures : les banques sont attaquées sur leur coeur de métier d’une part par le blockchain et d’autre part par les opérateurs de télécommunications, à l’instar des hôteliers avec Airbnb, des chauffeurs de taxi avec Uber, des commerçants avec Amazon, etc. (ces entreprises de rupture étant regroupées sous l’acronyme NATU pour Netflix-airbnb-tesla-uber). Là où les compétences et une solide formation suffisaient à s’assurer une carrière professionnelle ou un marché assurés, aujourd’hui, sans innovation et création continue de valeur ajoutée, le « capital » d’une personne ou d’un organisme fond comme neige au soleil s’il n’est pas enrichi par une remise en cause et un renouvellement permanents. Les performances techniques des systèmes (voir plus loin l’intelligence Ar- tificielle et les capacités en croissance exponentielle des machines) font qu’ils rattrapent et remplacent progressivement et de plus en plus rapidement le travail des humains à qui revient le défi de se reconvertir et d’innover. En Tunisie comme ailleurs, le secteur des télécoms aura à relever de nombreux défis pour pérenniser son activité et/ou se reconvertir. Les opérateurs télécoms 2.0 repensent leurs activités autour de l’intelligence artificielle et des données. Ceux-ci sont en possession d’un bien inestimable dans le monde d’aujourd’hui qui est la donnée (ou data) de leurs usagers : à titre d’exemple il existe actuellement plus de 270 brokers de données dans