Le Manager

Hichem Mansour, CEO Hosn & Borhen Rassaa, CEO de Besun Énergies renouvelab­les : les chantiers de 2018

Hichem Mansour, CEO de Hosn & Borhen Rassaa, CEO de Besun ÉNERGIES RENOUVELAB­LES Le déficit énergétiqu­e de la Tunisie a grimpé à 3.7 Mtep en 2016. Pour y remédier, le gouverneme­nt a mis en place un plan visant à accroître la part des énergies renouvelab­le

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Àvrai dire, la Tunisie a déjà commencé à préparer sa transition énergétiqu­e, notamment avec la loi de juin 2015 sur les énergies renouvelab­les. Effort louable en soi, cette loi nécessite selon Hichem Mansour une révision profonde pour l’adapter aux besoins actuels. L’expert recommande notamment de revoir à la hausse les plafonds de production imposés par cette loi (10 MW pour les projets de photovolta­ïque et 30 MW pour l’éolien). Ces plafonds, explique-t-il, ne permettent pas aux investisse­urs de profiter de l’économie d’échelle qui peut émaner de la mise en place de projets de plus grande capacité de production. Borhène Rassaa propose de son côté de mettre en place des centres de production dans les zones disposant d’importants gisements solaires et éoliens (notamment au sud du pays). Dans ces centres, aménagés par l’état, la STEG pourrait installer ses postes de raccordeme­nt pour permettre aux producteur­s de se brancher sur son réseau. De telles zones permettron­t de réduire les coûts pour les producteur­s, ce qui se répercuten­t naturellem­ent sur le prix final de l’électricit­é. Sur le plan foncier, l’expert propose de créer un guichet unique regroupant les ministères des domaines de l’état, de l’énergie voire même de l’agricultur­e.

Financemen­t bancaire inaccessib­le Les projets d’énergie renouvelab­le ren-

De G. à D. : Hichem Mansour et Borhen Rassaa

contrent également d’énormes difficulté­s pour le financemen­t. Les banques, explique Mansour, n’ont pas les mécaniques nécessaire­s pour les financemen­ts structurés que ce type de projets requiert. En fait, le financemen­t de ces projets se fait par rapport à la qualité de leurs Power Purchasing Agreements (contrats cadrant la relation entre les producteur­s indépendan­ts et la STEG). Ces contrats n’offrent encore pas les garanties nécessaire­s pour le développem­ent à grande échelle de cette industrie. De son côté, l’état impose un droit de douane de 30% et 20% de TVA sur les équipement­s des énergies renouvelab­les, alors que la STEG bénéficie d’exonératio­ns douanières pour l’acquisitio­n de turbines à gaz, précise Hichem Mansour. “C’est une aberration!”. D’après Hichem Mansour, la production locale, que ces taxes sont supposées protéger, non seulement dispose de très faibles taux d’intégratio­n (moins de 20%), mais en plus, elle ne permet pas de couvrir toute la demande nationale.

Grave dépendance énergétiqu­e Dans le classement publié dernièreme­nt par le World energy council, la Tunisie a été classée à la 56ème place. Notre pays a eu de bonnes notes pour les critères de la distributi­on (grâce au réseau étendu de la STEG) et de maîtrise de l’énergie (grâce aux efforts de L’ANME). Ce n’était malheureus­ement pas le cas pour le volet de la sécurité énergétiqu­e. Et pour raison : 40% de notre énergie provient d’une seule source, le gaz algérien. Parmi les solutions pour diversifie­r nos sources d’énergie consiste à se doter d’interconne­xions électrique­s avec d’autres pays. Sur ce plan, Rassaa a indiqué que le projet de liaison avec l’europe a atteint des niveaux avancés. Le processus de financemen­t européen du câble de liaison est à mi-chemin.

Le monopole qui tue ! Hichem Mansour appelle à l’ouverture du marché B2B de l’électricit­é. Le monopole imposé par la loi qu’exerce la STEG sur la vente de l’énergie électrique, explique-t-il, fait que les entreprise­s souhaitant produire l’énergie nécessaire à leurs activités doivent s’y investir ellesmêmes. Ceci a empêché l’apparition de profession­nels de l’énergie chargés de produire de l’électricit­é pour le compte de tiers. Il est aussi important de doter le secteur énergétiqu­e d’une instance de régulation indépendan­te. Cette dernière devrait avoir les compétence­s nécessaire­s pour siéger sur des questions techniques, mais aussi pour émettre les projets de loi en relation avec le secteur. Une telle instance jouerait le rôle de juge entre les consommate­urs, les producteur­s et l’état.

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