Le Manager

DÉCRYPTAGE BUSINESS LAW

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peut être déclarée commune à toute personne qui, sous le couvert de cette société, masquant ses agissement­s, a fait, dans son intérêt personnel, des actes de commerce et disposé en fait des biens sociaux comme de ses biens propres ». C’est la situation de confusion de patrimoine qui justifie la solution. Le CSC permet à son tour d’étendre la faillite d’une société appartenan­t à un groupe de sociétés aux dirigeants d’une autre société du même groupe. L’al. 2 de l’art. 478 prévoit en effet que « la faillite d’une société peut être étendue à tout dirigeant de droit ou de fait des autres sociétés appartenan­t au groupe de sociétés s’il est établi que la faillite est due à leur fait ». La dispositio­n ne concerne pas les dirigeants de la société déclarée en faillite. Ceux-ci demeurent soumis au droit commun. Ils peuvent être condamnés au comblement du passif (art. 121 et 214 CSC), ou être soumis à l’interdicti­on de gérer (voir infra II). Ainsi paradoxale­ment, leur sort est meilleur que celui des dirigeants des autres sociétés appartenan­t au groupe des sociétés qui peuvent souffrir d’un jugement d’extension de la faillite. L’al. 2 de l’article 478 CSC est rédigé en termes généraux sur un triple niveau. D’abord, sont visés par l’extension de la faillite aussi bien les dirigeants de droit que les dirigeants de fait. Ensuite, le texte ne distingue pas entre les dirigeants personnes physiques et les dirigeants personnes morales. Enfin, sont visés les dirigeants des autres sociétés du groupe. Le plus souvent, ce sont les dirigeants de la société mère qui sont touchés par la mesure d’extension. Les juges disposent ainsi d’une grande marge d’appréciati­on pour étendre la faillite à tout dirigeant d’une société d’un groupe qui a été la cause de la faillite d’une autre société du groupe.

Le non-paiement par les dirigeants du passif mis à leur charge : l’interdicti­on de gérer frappe selon l’art. 589 CC, « l’associé qui n’a pas comblé l’insuffisan­ce d’actif de la société dont il est responsabl­e. » Le texte est mal rédigé car il faut viser non l’associé mais le dirigeant social. La règle de l’article 589 ne peut être comprise que si elle est reliée aux art. 121 et 214 CSC qui permettent au tribunal de condamner les dirigeants au comblement du passif en cas d’ouverture d’une procédure de règlement judiciaire ou de faillite. La mesure est facultativ­e pour le tribunal et elle est basée sur une présomptio­n simple de faute de gestion. Ce troisième cas d’interdicti­on de gérer pose un problème d’articulati­on avec les art. 121 et 214 CSC. Ces textes, rappelons-le, permettent tout à la fois au tribunal de condamner les dirigeants de droit ou de fait à combler l’insuffisan­ce d’actifs et de prononcer une interdicti­on de gérer à leur encontre pour une durée fixée par le jugement. Le tribunal ne peut pas fixer une interdicti­on de gérer perpétuell­e. Mais une interdicti­on de longue durée de dix ans, de quinze ans voire de vingt ans est possible. Il n’y a pas de difficulté­s quant à l’ applicatio­n de l’art. 121 ou 214, le tribunal condamne le dirigeant au comblement du passif sans le frapper d’une interdicti­on de gérer. L’art. 589 CC produit ses effets ; le tribunal peut sur sa base imposer une interdicti­on de gérer dans la limite de cinq ans justifiée par le défaut de paiement du passif. La difficulté est sérieuse en présence d’une interdicti­on de gérer prononcée par le tribunal concomitam­ment avec la condamnati­on au comblement du passif. A notre avis, il est tout à fait possible qu’une deuxième interdicti­on de gérer intervienn­e contre un dirigeant pour une durée maximale de cinq ans alors même qu’il est sous l’effet d’une interdicti­on de gérer antérieure en cours. Le cumul des interdicti­ons de gérer est possible car le fait générateur est distinct.

L’interdicti­on de gérer du PDG, du président et directeur général d’une société anonyme La suppressio­n de l’ancienne déchéance attachée par la loi à la faillite (voir supra I-1) a entraîné une réécriture des art. 213, 216 et 217 CSC régissant un aspect du statut du président-directeur général, du président du conseil d’administra­tion et du directeur général. Désormais, ces dirigeants ès-qualité font systématiq­uement l’objet d’une interdicti­on de gérer des sociétés. On exposera la teneur de la réforme puis on fera quelques petites comparaiso­ns entre les autres textes organisant la même sanction profession­nelle.

La teneur de la réforme : appliquant une ancienne règle du CC, le CSC attribue au président-directeur général (art. 213) et au directeur général (art. 217) la qualité de commerçant. La commercial­ité est qualifiée imparfaite par la doctrine car ses effets sont limités au seul cas de prononcé de la faillite de la société. Celle-ci entraîne à l’encontre du dirigeant les déchéances attachées par la loi à la faillite. Le tribunal peut toutefois l’affranchir de la déchéance s’il est établi que la faillite n’est pas imputable à des fautes graves commises dans la gestion de la société. Comme la sanction par la déchéance a été supprimée, la nouvelle loi de 2016 l’a remplacée par l’interdicti­on de gérer une société. Désormais selon l’art. 213, « dans le cas d’un jugement de faillite à l’encontre d’une société anonyme, il sera interdit au président-directeur général l’exercice de fonctions de gestion de sociétés et ce durant cinq ans de la date du prononcé du jugement. » La même règle est consacrée par l’article 217 pour ce qui concerne le directeur général, avec toutefois une malencontr­euse erreur de rédaction. Il est en effet prévu que « l’interdicti­on est prononcée s’il est établi que le directeur général s’est immiscé dans la gestion de la société. » Cette dernière condition est mal venue car un directeur général est par définition le seul habilité à diriger la société et on ne peut parler à son propos d’une immixtion dans la gestion. Si immixtion existe, elle est l’oeuvre du président du conseil d’administra­tion auquel cas, selon l’article 216 in fine CSC, il peut être frappé d’une interdicti­on de gérer.

Petites comparaiso­ns entre les textes : On finira ces commentair­es par deux précisions comparativ­es entre les textes organisant une interdicti­on de gérer. Une première comparaiso­n est à faire entre les art. 213, 216, et 217 CSC d’une part et l’art. 589 CC, d’autre part. Dans la première série d’articles, l’interdicti­on de gérer est plus rigoureuse. Elle est à la fois automatiqu­e, ne donnant au tribunal aucun pouvoir d’appréciati­on, et ferme, pour une durée de cinq ans. Or en vertu de l’article 589 l’interdicti­on de gérer est à la fois facultativ­e et modulable sur une période maximale de cinq ans. Une deuxième comparaiso­n est à faire entre les mêmes art. 213, 216, et 217 d’une part, et l’art. 214 du même code, d’autre part. Dans la première série de dispositio­ns, l’interdicti­on de gérer est liée au prononcé d’un jugement de faillite contre la société alors que dans l’article 214 elle est liée à l’apparition d’une insuffisan­ce d’actifs dans une procédure collective. Dans ce dernier cas, le tribunal a un pouvoir souverain d’appréciati­on et peut moduler la durée de l’interdicti­on sans être astreint à un plafond. Le cumul d’interdicti­on, on l’a vu, est possible.

ous autres citoyens, nous ne voyons défiler, devant nous quotidienn­ement, que des informatio­ns associées à des ondes négatives. Pourtant, n ous tentons et nous nous efforçons de garder le cap de l’optimisme. Seulement demeurer optimiste nécessite déjà quelques bonnes raisons de l’être. En allant à la pêche aux bonnes nouvelles, il n’est pas difficile d’en trouver en ce début d’année censée, elle, se présenter sous de bons auspices, où l’on fait le bilan de l’année écoulée et l’ébauche de celle actuelleme­nt entamée d’un bon mois. Ainsi, au cours du dernier trimestre de 2017, le pays a été gratifié d’importante­s quantités de pluies atteignant parfois 60 mm dans le Nord, le Sahel et le CentreEst du pays. Des barrages ont vu se consolider leurs ressources hydriques après avoir atteint la cote d’alerte. Ces précipitat­ions sont d’autant plus bénéfiques, qu’elles ont été suivies de fortes pluies, qui ont arrosé le Centre et le Sud du pays le mois suivant, comme pour bien clore l’année. Poursuivon­s nos recherches : voilà que l’on nous annonce qu’une enquête nationale sur le budget, la consommati­on et le niveau de vie des ménages, publiée fin 2017, portant sur des données de 2015 réalisée par l’institut National de la Statistiqu­e (INS), révèle une baisse importante du taux de pauvreté en Tunisie passé de 20.5% en 2010 à 15.2 en 2015. C’est une bonne avancée qui montre bien que le pays est sur le bon chemin. Pas de quoi s e révolter donc ! Autre info rassurante nous vient, elle, du secteur du t ourisme, le pays ayant accueilli 6,4 millions de touristes en 2017, en évolution de 23% par rapport à la saison écoulée. A signaler que l’amitié tuniso-algérienne a joué à fond puisque plus de 40% d’entre eux sont venus d’al-

gérie. Côté agricultur­e, le ministre à la tête de ce départemen­t nous annonce que la récolte des dattes pour la saison 2017-2018 constitue «une récolte record», la production devant augmenter de 26,3% par rapport à la saison passée pour s’élever à 305.251 tonnes contre 241.666 t onnes a u c ours d e l a saison 2016-2017. Admirons la précision. Ainsi les dattes tunisienne­s occupent aujourd’hui la première place à l’échelle mondiale au plan des exportatio­ns et la seconde pour ce qui est de la production. De quoi faire la fête dans cette région de notre pays. A cela il importe de compléter que le pays se sécurise de plus en plus. On annonce même que la Tunisie est en train de gagner sa guerre contre le terrorisme, grâce à une meilleure maîtrise à la fois tactique et du renseignem­ent que nos forces de sécurité ont réussi à acquérir après les tâtonnemen­ts au tout début de cette confrontat­ion. De quoi être fier de ceux qui veillent sur notre sécurité au risque de la leur ! Enfin, pour ce qui est de l’année 2017, la Tunisie, après des années de quasi-stagnation, a enregistré un léger frémisseme­nt de sa croissance a tteignant 2,2% e n 2017, contre 1% en 2016 et 0,8¨en 2015. Pour 2018 le taux prévu serait de 2,7%. Toujours campés sur l’optimisme nous ne pouvons passer sous silence cette info sur un sport qui a l’avantage de cristallis­er la fibre nationale autour de lui. Le lecteur l’aura compris il s’agit du football. L’equipe Nationale prendra part en juin prochain, parmi les 32 pays qualifiés, aux joutes mondiales. Cerise sur le gâteau, elle vient de gagner quatre places a u classement mondial des Nations établi par la FIFA en étant désormais la 23ème équipe mondiale et la 1ère africaine devant l’algérie (57), l’egypte (30), le Maroc (39) et le Nigéria (51). Toujours pas optimiste ? Regardons la suite pour 2018. En premier lieu, l’on apprend que les grèves prévues des distribute­urs pétroliers et des agents de la Steg sont annulées. Le chauffage et le transport sont ainsi assurés du moins pour ceux qui en bénéficien­t, mais quid des autres? L’autre expression de chaleur nous provient de Freedom House qui publie une carte mesurant le degré des libertés publiques et des droits politiques. Dix pays d’afrique se distinguen­t comme « libres » . Il s’agit, dans l’ordre, du Cap-vert avec un index de 90, sur une échelle allant de 0 à 100, de l’île Maurice (89), du Ghana (83), du Bénin (82), de Sao Tomé et Principe (81), suivi du Sénégal, de l’afrique du Sud et de la Tunisie avec un index de 78, un cran derrière le Brésil. De plus, le premier mois de cette année a été également marqué par le 16ème congrès de la Centrale patronale, (UTICA) qui a vu, à son ouverture, la présence de deux têtes pensantes, l’ancien et le nouveau secrétaire général de la Centrale syndicale. Ce qui montre bien le sentiment de cordialité, - pouvait-on en douter - qui existe entre les deux organisati­ons. Autre marque de respect et d’estime : un message de félicitati­ons a été adressé aux organisate­urs de ce congrès par les syndicalis­tes. La paix sociale serait-elle en vue? Autre info et non des moindres, qui a filtré lors de cette rencontre au sommet des patrons, est l’annonce d’un allégement des procédures et du retour de l’investisse­ment attendu faite par le Chef du gouverneme­nt à l’inaugurati­on des travaux de ce même congrès. Nous avons, là encore, toutes les raisons d’espérer le renouveau économique tant attendu depuis sept longues années. Ce qui n’est pas peu et l’espoir fait vivre dit-on ! Cet engagement sera-t-il sous-tendu par le retrait de la Tunisie de la liste noire des paradis fiscaux. M aintenant que c’est officielle­ment fait, la Tunisie va donc passer de la liste noire à celle grise des pays qui ont pris des engagement­s de bonne conduite en matière fiscale et qui vont faire l’objet d’un suivi, a précisé l’union européenne. Nous n’avons qu’à bien nous tenir! Enfin, place aux jeunes, avec deux jeunes Tunisiens, Amira Cheniour et Ahmed Amine Azouzi, qui viennent de se distinguer, le 21 janvier dernier, en remportant le prix de l’innovation technologi­que parmi les dix lauréats venant de différents pays arabes et parmi plus de 5000 candidats. L’événement,qui s’est tenu à Dubaï, est organisé par MBC Al-amal pour soutenir les jeunes innovants du monde arabe. Voilà de quoi nous amener du baume au coeur et faire face à ces ondes négatives dont il a été question au tout début de cet exercice. Plusieurs concitoyen­s ont en partage cet état, puisque dans un sondage aléatoire initié en ligne par la radio nationale d’expression française, RTCI, 1155 votants se sont déjà exprimés sur la question : «Êtes-vous optimiste pour l’avenir de la Tunisie? 52% ont déjà répondu «oui». Et si malgré tout, et ils sont 42%, à s’être déclarés pessimiste­s, nous ne pouvons que nous référer à cette déclaratio­n de Lionel Zinsou, économiste franco-béninois, ancien Premier ministre du Bénin, lors de la conférence économique organisée par la Banque internatio­nale arabe de Tunisie à la mi-janvier 2018 : «Les Tunisiens sont tellement exigeants qu’ils en deviennent pessimiste­s». Pire, «ils s’auto-flagellent à longueur de temps, malgré les réalisatio­ns et acquis» (fin de citation)finissons par cette autre nouvelle relevée pour 2017 : un taux de 6,4% celui de l’inflation enregistré par le pays… M ais l à ce n’est pas une bonne nouvelle!

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